Cannabis Médical : Casser la loi pour sauver des vies

Dans la plupart des pays, l'utilisation du chanvre est interdite même dans un but médical. L'automédication au cannabis a poussé un grand nombre de citoyens généralement respectueux des lois à entrer en conflit avec le système légal.

Savages : Lutte entre hippies et cartels

Dans Savages, le cinéaste américain Oliver Stone met en scène le combat implacable mais encore «hypothétique» entre des néo-hippies californiens et un cartel de la drogue mexicain cherchant à s’implanter de l’autre côté de la frontière.

INTERVIEW DE JORGE CERVANTES, LE GOUROU MONDIAL DU CANNABIS

Soft Secrets interview Jorge Cervantes, un des grands experts mondiaux du cannabis et collaborateur de Soft Secrets.

Cannabis : les bons plants du Colorado

Depuis 2000, cet Etat américain a légalisé l'usage médical du cannabis. De la culture des fleurs au commerce des produits dérivés, les business se multiplient. Une économie très profitable, y compris pour les finances locales.

La France accro à la prohibition

Publication en juin dernier à New York du rapport de la Commission mondiale sur la politique des drogues (Global Commission on Drug Policy) signé par une kyrielle de personnalités de stature mondiale qui constatent l'échec de la guerre à la drogue...

Revenir sur la prohibition de la drogue ?


Cette question n’est pas celle d’un libéral (donc supposé illuminé) comme le prix Nobel de Littérature, Mario Vargas Llosa (qui a tout de même concouru à la présidence de la république du Pérou), mais celle de hauts dignitaires sud américains comme César Gaviria (Colombie), Ernesto Zedillo (Mexique) et Fernando Henrique Cardoso (Brésil).

En France, un ancien ministre de l’Intérieur, Daniel Vaillant a osé dire il y un an dans notre pays d’arrière garde qu’il recommandait qu’on tente « le pari de la réglementation du cannabis pour faire baisser sa consommation« , ajoutant : « On peut imaginer un contrôle des approvisionnements extérieurs et une production en France. Tout se ferait dans la transparence et la règle comme pour le tabac et l’alcool. Pas de produits frelatés, pas d’économie souterraines et une vente en des endroits précis et contrôlés interdits aux mineurs de moins de 16 ans« . Cette proposition systématiquement rejetée par la droite fait de moins en moins sourire. Elle devient même chaque année plus sérieuse, crédible… et légitime.

The Financial Times, The Economist, Slate et d’autres journaux très sérieux publient les tribunes de grandes personnalités qui mettent leur crédibilité en risque sur cette question sensible. Le tabou tombe progressivement. Certes, le referendum californien a rejeté (de peu, et pour le moment) la légalisation du cannabis pourtant appelé de ses vœux par le gouverneur Arnold Schwartzenegger (jusqu’au 3 janvier 2011).

Récemment, la mort d’un adolescent de 16 ans et les balles reçues par un enfant de 11 ans ont ravivé ce débat. Si notre pays reste loin derrière le Mexique et son sinistre score de 28.000 morts dû aux règlements de compte entre trafiquants, nous voyons une violence meurtrière croitre chaque année à cause du même fléau : le business illicite de la drogue.

La prohibition d’un produit de consommation de plus en plus courante a engendré une économie parallèle particulièrement innovante et robuste, malheureusement fondée sur la fraude et la violence. Là où les produits échangés pourraient rapporter des taxes consistantes à l’Etat français et subir des contrôles de qualité, nous payons au prix fort la chasse aux trafiquants, tant sur le plan financier qu’humain.

L’éternel débat de savoir si fumer du haschisch relève d’une question de liberté individuelle ou de santé publique reste bloqué par la politique hygiéniste des gouvernements successifs, de droite comme de gauche. Comment libéraliser les drogues sous prétexte de laisser les individus choisir et assumer leurs risques alors qu’ils mènent depuis des décennies une guerre infantilisante contre la cigarette (dont la consommation remonte depuis plusieurs années), contre l’alcool, contre le jeu et contre tout ce qui pervertit l’âme et nuit au corps ?

Pourtant, les responsables de cette logique étroitement répressive devraient mettre en balance les risques présentés par les drogues, déjà largement réels, face aux victimes des guerres des gangs, ainsi que face aux risques sanitaires de consommateurs qui ne savent pas ce qu’ils fument, sniffent, avalent ou s’injectent. La question ne concerne pas seulement le cannabis, produit de plus en plus terroir dont la production se relocalise en France et gagne des parts de marché dans la rude concurrence agricole internationale (et ce, sans un kopeck d’aide de la PAC), mais aussi la cocaïne, hélas de plus en plus prisée à l’ouest (c’est la 2eme drogue la plus consommée) comme l’analyse l’Observatoire européen des drogues et toxicomanies (OEDT), notamment par l’emblème de l’ouest parisien (et non, pas en Seine Saint Denis).

La cocaïne a tristement gagné une image glamour avec la multiplication des cas de consommation par des stars du show business et de secteurs économiques plutôt porteurs. Si Delarue a été pris la schnouffe dans le pif, c’est que le PAF reste la voie royale du rail. Derrière ces anecdotes people (qui choisissent de mettre en santé leur santé comme ils l’entendent, leur espérance de vie reste supérieure à celle d’un ouvrier), il y a tous ces drames qui tuent chaque année des dizaines d’innocents victimes de balles perdues des règlements de compte, la mise en jeu de la vie de policiers à qui nous pourrions confier d’autres missions socialement plus performantes. L’argent de la fiscalité sur ces drogues pourrait financer la prévention et les centres de désintoxication. Le débat avance, mais il avance malheureusement lentement, dans le sang et les larmes.
Combien de Lenny nous faudra-t-il pour aboutir à une politique intelligente, c’est à dire respectueuse de nos exigences sanitaires, de l’ordre public et des libertés individuelles ?

[source:contrepoint]
Article repris du blog d’Aurélien Véron.