Cannabis Médical : Casser la loi pour sauver des vies

Dans la plupart des pays, l'utilisation du chanvre est interdite même dans un but médical. L'automédication au cannabis a poussé un grand nombre de citoyens généralement respectueux des lois à entrer en conflit avec le système légal.

Savages : Lutte entre hippies et cartels

Dans Savages, le cinéaste américain Oliver Stone met en scène le combat implacable mais encore «hypothétique» entre des néo-hippies californiens et un cartel de la drogue mexicain cherchant à s’implanter de l’autre côté de la frontière.

INTERVIEW DE JORGE CERVANTES, LE GOUROU MONDIAL DU CANNABIS

Soft Secrets interview Jorge Cervantes, un des grands experts mondiaux du cannabis et collaborateur de Soft Secrets.

Cannabis : les bons plants du Colorado

Depuis 2000, cet Etat américain a légalisé l'usage médical du cannabis. De la culture des fleurs au commerce des produits dérivés, les business se multiplient. Une économie très profitable, y compris pour les finances locales.

La France accro à la prohibition

Publication en juin dernier à New York du rapport de la Commission mondiale sur la politique des drogues (Global Commission on Drug Policy) signé par une kyrielle de personnalités de stature mondiale qui constatent l'échec de la guerre à la drogue...

Policiers et trafic de stupéfiants: trois cas de corruption

Le directeur adjoint de la PJ de Lyon a été interpellé ce matin, dans le cadre d’une enquête pour corruption et trafic de stupéfiants. Ce n’est pas le premier fonctionnaire à être soupçonné d’avoir été mêlé à un trafic de drogue.


Ce matin, le n°2 de la PJ de Lyon, Michel Neyret, a été placé en garde à vue dans le cadre d’une enquête pour corruption et trafic de stupéfiants, a révélé Europe 1. D’autres policiers et même des magistrats pourraient être impliqués dans cette affaire qui aurait des liens "avérés avec le grand banditisme". Les bœuf-carottes de l’IGS (inspection générale des services) auraient interpellé l’homme à son domicile à 6h du matin, ainsi que son épouse. L’adjoint à la Direction interrégionale de la PJ de Lyon aurait été placé sous écoute.

L’enquête portait sur un trafic de stupéfiants, et le policier se serait laissé corrompre. "C’est un coup énorme pour la PJ. Cet homme a un passé exemplaire. C’est quelqu’un d’admirable. Je ne peux pas y croire. Cela ne peut-être qu’une cabale menée contre lui", a déclaré un policier lyonnais à 20 Minutes. "Michel Neyret a toujours été un poulet qui mouillait sa chemise. Il n’hésitait pas à aller au contact avec des voyous pour sortir des affaires. C’est un policier qui connaît le terrain", a ajouté un préfet, ancien commissaire de police, cité par Le Figaro. Pour Le Monde, d’après certaines sources, l’affaire était traitée dans la plus grande discrétion par l’IGS et la JIRS (juridiction interrégionale spécialisée) depuis plusieurs semaines. L’enquête porterait sur un trafic international de stupéfiants.

Cette affaire peut rappeler d’autres faits divers impliquant des fonctionnaires de police, qui, contrairement aux citoyens lambda, cumulent deux avantages : ils sont quasi-insoupçonnables et peuvent avoir accès à la marchandise au bureau. En voici trois récents.

Les policiers des stups qui se servaient dans les scellés

C’est l’histoire d’un garagiste à la retraite qui rencontre un ferrailleur toxicomane, en 2006. Le garagiste connaît un policier des stups d’Orléans, Olivier Nicolle, par ailleurs champion de France de course de côtes. Visiblement intéressé par cet état de fait, le ferrailleur demande étrangement à son nouvel ami si le brigadier peut lui fournir "du shit". Oui, il peut. Il se sert dans l’armoire à scellés, et, avec un collègue, Eric Gil, commence ainsi à vendre diverses saisines destinées à la destruction, notamment dans le milieu des courses automobiles. Pour ne pas que ça se voie trop, ils remplacent discrètement le « matos » par du chocolat ou du plâtre. Un jeu d’enfant. "C'était facile, entre midi et deux on avait la clé", a expliqué Olivier Nicolle par la suite.

Les affaires marchent bien, jusqu’à ce qu’un beau jour, le véhicule d’un de leurs livreurs soit fouillé, ce qui provoque le déclenchement d’une information judiciaire, qui mettra en lumière les agissements des brigadiers et du garagiste à la retraite. Celui-ci estimera avoir écoulé, en l’espace de deux ans, 150 kg de cannabis, 30 d’héroïne et 2 de cocaïne. En janvier 2009, les deux policiers de la brigade des stups d’Orléans sont donc mis en examen pour "détention, cession et offre de stupéfiants, association de malfaiteurs en vue de commettre des délits, vol aggravé et bris de scellés". Les ripoux ont écopé de 7 ans de prison.

L’ex numéro 2 des stups de Strasbourg et ses indics-dealers

François Stuber, un ancien capitaine de la brigade des stupéfiants de Strasbourg, s’est vu infliger 10 ans de prison, en novembre 2008, pour trafic de drogue. Accusé d’avoir détourné des scellés (héroïne, cocaïne, cannabis, Subutex, amphétamines), entre 2003 et 2007, il a été dénoncé par sonpropre indic, qui voulait en finir avec "cette vie de chien", comme le raconte Rue89. En 2002, Stuber s’associe avec le jeune homme et le charge d’écouler la marchandise, c’est-à-dire les saisines. Aucun risque de se faire prendre : c’est François Stuber lui-même qui est censé les détruire. Par acquis de conscience, il remplace quand même la drogue volée par de la paille (pour le cannabis) ou du Doliprane.

Lorsque le jeune dealer a raconté cette histoire aux douaniers dont il était l’indic, en 2007, ceux-ci ont eu du mal à le croire. Car le policier avait la réputation d’être un "bon flic, travailleur, un chasseur". Le capitaine a tout de même été mis sur écoute par l’IGPN, qui découvre qu’il a monté en grade ses indics : ceux-ci sont devenus revendeurs… La maîtresse du policier, Laurence Hamon, greffière, est elle aussi dans le coup. C’est chez elle que la drogue est stockée avant d’être reconditionnée pour être mise sur marché. Elle a écopé de neuf ans de prison. Lors du procès, l’ex n°2 de la brigade des stups a reconnu tous les faits qui lui étaient reprochés, sauf la mise en place d’un trafic depuis les Pays-Bas.

Le policier municipal qui vendait du cannabis et de la cocaïne depuis des années

Jamais pendant le service. Ce devait être la devise de Régis, ce policier municipal de Mantes-la-Jolie, qui a reconnu avoir régulièrement vendu de la drogue pendant cinq ans. Ses clients, eux, ont affirmé qu’il les fournissait en cannabis et cocaïne depuis dix ans. "Il ne mélangeait pas le genre. Il ne négociait ces transactions illégales jamais lorsqu'il était en service. Et c'est sans doute pour cette raison qu'il n'a pas été démasqué avant", a expliqué une source au Parisien. C’est une connaissance de Régis qui a alerté les enquêteurs de la sûreté départementale des Yvelines. C’est aussi son train de vie tapageur qui a mis la puce à l’oreille.

"La ville est en vigilance permanente quant à son personnel. Dès que les soupçons concernant cet agent ont été avérés, elle a d'ailleurs été à l'origine du processus qui a conduit à son interpellation", a indiqué le maire (UMP), Michel Vialay, au Parisien. Les policiers de la brigade des stups découvrent que l’homme, qui prend les commandes au téléphone et achète jusqu’à 1 000 euros de stupéfiants par mois, deale à une dizaine de clients. Le fonctionnaire est pris en flagrant délit en décembre 2010, avec 200 gr de cannabis et 50 de cocaïne. Le tribunal, à qui il avait expliqué vouloir "mettre un peu de beurre dans [ses] épinards", l’a condamné à 18 mois ferme.

Eléonore Quesnel

Source: Les inrocks

Musique : 113 / Demain J’arrête Live


Un son pas si récent mais mega lourd du 113 encore une fois ! Comme le spliff c'est normal que je le fasse touner ! Je vous laisse kiffer les amis


Rimk : Site web AP : Site web

Le poison des laboratoires Vs le cannabis naturel

Une fois n’est pas coutume, mais trois articles de la rubrique Santé publiés sur le site du journal appartenant au célèbre vendeur d’armes (acheteur de suffrages), Serge Dassault ont attiré mon attention.

Etonnant carambolage en ligne, avec ce premier rapport instituant un lien entre l’usage régulier de somnifères et la maladie d’Alzeihmer dont Nicolas sarkozy a fait sa grande cause nationale ; Cet article stigmatisant une consommation forte de médicaments par les français, notamment les anti-douleurs ; Internet rendant accro ; Et finalement d’un article sur l’interdiction votée contre l’utilisation des BisphénolA...

Mais combien de temps aura-t-il fallut attendre pour que le principe de précaution l’emporte, il ne s’agissait ni plus ni moins que de protéger les bébés... Que l’on s’aperçoive du mal occasionné par ce qu’on appellerait un "médicament", en l’espèce de pilules servant à déstresser ou faciliter l’endormissement, il fallait bien un jour que cela soit dit, mais pour quel effet direct et immédiat ? Enfin, que l’addiction qui vient d’avoir sa définition internationale "maladie chronique du cerveau" soit associé aux pratiques informatiques devraient nous interpeller pour envisager l’avenir.

Dans les trois cas, il aurait été plus utile de permettre l’utilisation des propriétés psychotropes du Cannabis Sativa L, d’autoriser une forme d’automédication qui réduirait le recours aux drogues issues des laboratoires pharmaceutiques.

Or, si chaque année, 42 000 personnes décèdent en France, à la suite de maladies causées par la pollution atmosphérique, personne n’est mort directement de la consommation de cannabis.

Donc, si même l’air que l’on respire est dangereux et que le cannabis peut nous épargner des prescriptions légales, mais peut-être délétères... Il devient urgent pour des raisons de santé publique de rendre légal l’usage du cannabis.

Source:Cannabis-Sans-Frontière

Cannabis en France, des nouvelles du front !

Cette fin Août 2012, nombre des médias français – n’ayant pas grand chose à se mettre sous la dent en cette période estivale - se font écho d’un fait divers qui s’est déroulé à La Tronche, au nord de Grenoble dans l’Isère.

Un individu s’adonnait à la culture de cannabis au milieu de plants de tomates. Les quantités saisies ne sont pas probantes pour ce qui est de prouver un éventuel trafic : tout laisse à penser que cette affaire reflète un cas d’activisme chanvrier et de consommation personnelle (lire article du DL : http://www.ledauphine.com/isere-sud... ).

Mais ce département français fait déjà l’objet d’une attention policière et administrative particulière du fait de certains faits criminels et d’une monté de violence sans précédent (surtout instrumentalisé par les médias et le pouvoir en place). Le parachutage d’un ancien patron de l’antigang en tenue de préfet, laisse comprendre la volonté des autorités à vouloir juguler ce phénomène.

Or, cette banale affaire de cannabis tronchois a été montée en boucle par les médias. De nombreux sites d’infos vous prouveront qu’il se produit des centaines de cas similaires chaque années en France (par exemplehttp://www.alvinet.com/actualite/ar... ).

Du coup, sous les projecteurs médiatiques, les gendarmes locaux se sont sentir le devoir de « mettre le paquet » pour enquêter au sujet d’une simple affaire de cannabis qui semble témoigner d’un phénomène culturel expansif qui dépasse les autorités. L’enjeu est double : d’une part, montrer au préfet et aux statistiques qui remontent à la direction parisienne, que les membres de l’ordre sont actifs et présent sur le front. D’autre part, il est question aussi d’impressionner les contrevenants et de pouvoir ainsi juguler une pratique culturelle qui se met discrètement en place.

C’est avec un hélicoptère spécialisé dans la recherche de stupéfiants (caméra sensible en haute définition), que les gendarmes sont allés visiter après coup, les jardins environnants à celui qui fut débusqués.

Loin de découvrir des parcelles entières recouverte de cette plante interdite, les gendarmes ont quand même constaté plusieurs fois la présence de quelques pots sur des balcons ou plantes en terre ferme dans les jardins. Une méga enquête est en cours plus afin d’estimer l’ampleur d’un phénomène qu’ils découvrent culturel que de nuire aux différents planteurs amateurs.

Car la Tronche, finalement, est la ville de l’agglomération grenobloise qui pose, et de loin, le moins de problèmes en terme de délinquance et de criminalité. C’est un petit village au bord d’une grande ville, un lieu où il est agréable de vivre et ou tous finissent par se connaitre et se parler. C’est devenu depuis peu, une cité de la classe moyenne qui y investi car le microclimat est excellent (on surnomme ce lieu le « Petit Nice »), le cadre de vie idéal (au pied d’une forêt et avec une vue générale sur la chaîne de Belledonne et le Vercors) le tout sans industries bruyantes et polluantes. Il n’y a aucune cité à problème et la jeunesse y est en principe respectueuse et bien intégrée.

L’Etat français, en guerre ouverte contre cette plante, fait tout pour salir l’image du cannabis et l’associer au crime et à l’immoralité. Il fait tout aussi, pour juguler et limiter une pratique qui tend gravement à se généraliser afin de lui garder un aspect marginal. Car si elle finissait par être reconnue culturelle, cela ouvrirait des droits d’exception auprès de la Convention Unique sur les Stupéfiant de la Haye (1961) qui réglemente la culture et la production de trois plantes : pavot, coca et cannabis.

Or, les gendarmes ont peur de découvrir que dans les communes limitrophes de la Tronche, comme Corenc, Meylan et St Ismier - qui forment le « Neuilly Grenoblois » et ou résident toute l’élite de la région - le phénomène de culture cannabique s’y développe avec la même intensité.

Ironie de l’histoire, c’est en ces lieux qu’en 1789, Claude Périer, marquis de Vizille, fit pousser quelques milliers d’hectares de cannabis afin de le confectionner en cordes et textiles par la ramification d’une véritable industrie (Les Textiles de Voiron). Le textile voironnais était revendu par ce même Claude Périer en Angleterre et dans le Nouveau Monde ou il était réputé et recherché pour sa finesse et sa qualité.

Pour plus d’information sur ce personnage et le rôle du chanvre à cette époque dans la région grenobloise, lire « L’Encyclopédie du cannabis » (http://issuu.com/encyclocanna). Quand on connait l’Histoire de la révolution française et du rôle précurseur de la région grenobloise à son sujet, on peut apprécier toute la force de la symbolique exprimée par la situation.

La gendarmerie est en première ligne pour prouver aux décideurs parisiens d’une part la naissance et consolidation d’un phénomène culturel, et d’autre part, que la façon actuelle de lutter contre cette plante est stupide et disproportionnée. A moins de monter encore d’un cran dans la répression : à savoir persécution systématique des consommateurs, création de camps de concentrations pour les parquer, abandon du respect de la vie privée, créations de prisons privées, … choses dont certains rêvent mais qui sont impensables encore aujourd’hui, Dieu merci !

Pour finir, c’est le coté réaction des tronchois concernés par cet affaire qui m’a poussé à écrire cet article : de toutes parts, j’y ai entendu : « ils font chier ! », « ils nous cassent les (censurés) ! », ‘Y’en a marre ! ». Comprenez que ce n’est pas d’un soutient au cannabiculteur qui s’est fait attraper en premier lieu dont il est ici question (en fait, ils auraient plutôt des rancunes à son égard), mais d’une révolte, d’un raz-le-bol, face à l’extension des recherches aux autres parcelles.

L’ampleur de la répression se dote psychologiquement de moyens militaires – financés avec notre argent (impôts) et se retournant contre nous même - mais loin d’affoler et de démoraliser les petits planteurs en herbe, pousse à la colère. La classe moyenne est déjà la plus mise à contribution, si en plus, on la criminalise … ! Il se pourrait que cette affaire du cannabis tronchois connaisse d’autres répercussions et face encore parler d’elle dans quelques temps.

Quand à la gendarmerie française, ses membres sont divisés sur la question du cannabis : une partie joue à fond le jeu de la répression (et de la promotion), une autre pense qu’ils ont d’autres priorités bien plus inquiétantes et ne lutte réellement contre le cannabis que lorsque qu’ils font face à une structure réellement criminelle qui l’exploiterait. Ils peuvent exercer une certaine résistance si on leur demandait de persécuter les clubs de jardiniers amateurs bobo.

Chose alors inattendue, l’idée d’une certaine libération du cannabis pourrait être colportée au sein même des forces de police. En fait, cela n’est pas si surprenant que cela : les polices sont au cœur même de l’actualité et grâce à leurs archives, sont à même de comprendre ce qu’il s’y passe réellement. Et ils finissent – sans pour autant cautionner le coté drogue de cette plante – par adopter les mêmes points de vues que les anti-prohibitionnistes. La tendance actuelle d’une idée de libéralisation serait celle de la « légalisation contrôlée » défendu par Mr Caballero … un ancien procureur de la République ! »

D’habitude, je signe mes billets, mais dans le cas présent, je préfère rester anonyme ! Il y a encore une enquête en cours et vous serez étonnés d’apprendre toute l’attention particulière que vous adressent les polices françaises qui représentent assurément votre groupe de lecteurs le plus assidu !

Un Tronchoi

Source:chanvre-infos

Petite pause pétard avant le débat entre socialistes

« Les socialistes ont capitulé sur le cannabis face aux dealers … »,expliquait ce lundi sur le site de l’UMP Bruno Beschizza, ci-devant secrétaire national à l’emploi des forces de sécurité. Passons sur les grosses ficelles consistant à tenter de faire passer tout partisan d’un assouplissement de la loi sur les stupéfiants pour un dealer en puissance, il est vrai que la question semble, au PS, faire son chemin comme jamais auparavant. Petit tour d’horizon à quelques heures du deuxième débat entre candidats à la primaire.

Le contexte d’abord. Depuis François Mitterrand, le PS n’a jamais arrêté de position claire sur les drogues, faisant sienne la dévise du Président: « La drogue il vaut mieux ne pas en parler, car sinon il faut hurler avec les loups. »Pour que la consigne soit bien claire pour tout le monde, en 1988, le ministre de la Santé Léon Schwartzenberg fût remercié après neuf jours pour avoir osé aborder la question.

Lors de la campagne présidentielle de 2002, Lionel Jospin s’était bien aventuré à déclarer que fumer un joint chez soi était moins nocif que de boire de l’alcool avant de conduire; mais le tir de barrage (et la défaite qui s’ensuivit) fût tel, qu’il calma les ardeurs de ceux qui auraient pu être tentés d’emprunter le même chemin. Pas de hurlements, donc, du côté du PS, mais une ambiguité qui, au fur et à mesure où les choses avancent à l’étranger, devient de plus en plus difficile à tenir.

Pour qu’un débat réel voit le jour rue de Solférino, il fallut finalement attendre la petite bombe que l’ancien ministre de l’Intérieur Daniel Vaillant déposa sur le bureau du groupe PS à l’Assemblée le 15 juin, prônant la légalisation contrôlée du cannabis. Une première qui, juste avant l’ouverture de la campagne pour les primaires, forçait les différents candidats à se positionner.

C’est François Hollande qui s’y est collé le premier, quelques jours avant la publication du rapport Vaillant. Celui qui n’était alors pas encore le grand favori des sondages esquive magistralement la question de sa position personnelle en proposant de « réunir une commission au niveau de l’Europe »… Beau bottage en touche réitéré lors du débat télévisé du 16 septembre: il faut changer la loi, maintenir l’interdit mais « envoyer en prison les gens qui fument du cannabis, personne ne peut l’imaginer », il faut « les soigner, les accompagner, les punir ». Chacun y retrouvera ses petits.
Faut-il légaliser le cannabis ? par LCP

C’est donc de Martine Aubry qu’est venue LA surprise. A la suite de la publication du rapport Vaillant, elle est interrogée sur la question au JT de TF1 et tranche: elle est « contre » la dépénalisation du cannabis. Mais comme seuls les imbéciles ne changent pas d’avis, elle se prononce, comme si de rien était et sans expliquer son revirement, pour la dépénalisation lors d’un débat avec les internautes sur Rue89 le 16 septembre, quelques heures avant le débat télévisé.
Aubry : « Je suis pour la dépénalisation du… par rue89

Le soir, sur le plateau de France 2, elle précise même sa pensée: pas de prison pour les détenteurs de moins de 5 grammes de cannabis, mais tout de même des peines plus lourdes pour les trafiquants (ce qui est compliqué vu les niveaux actuels), histoire de ne pas avoir l’air laxiste non plus… Une conversion maladroite et tardive, qui illustre bien l’embarras des ténors socialistes sur le sujet, mais une première tout de même: si elle emportait la primaire, elle serait la première candidate socialiste à la présidentielle à avoir pris position pour la dépénalisation.

Ségolène Royal, elle, semble faire le mouvement inverse. Lors de la campagne de 2007, la candidate avait, sans trop se mouiller, appelé à un débat sur la question: « Personne ne doute [...] du fait que renforcer les interdictions et, surtout, alourdir les peines ne permettra pas de diminuer l’accessibilité et la consommation de drogues. » Elle a, depuis, rangé son débat dans sa poche et se prononce désormais sans ambiguité contre la dépénalisation. Ce qu’elle n’a pu faire le 16 septembre faute de temps de parole suffisant.

Quand aux deux « jeunes » candidats, Arnaud Montebourg et Manuel Valls, ils sont paradoxalement apparus lors du premier débat comme les plus farouches opposants à la dépénalisation, croyant peut-être, par leur intransigeance, se tailler une stature plus présidentielle. On notera cette sortie définitive de Manuel Valls: « Etre de gauche, c’est lutter contre toutes les dépendances possibles. » Avant le débat, Arnaud Montebourg avait, lui, trouvé l’occasion d’étaler sa totale ignorance du sujet, affirmant que l’alcool et le tabac étaient des « drogues douces » alors que tous les rapports médicaux sur la dangerosité des drogues classent l’alcool dans le peloton de tête avec l’héroïne.

Dans une surprenante surenchère avec Daniel Vaillant, seul Jean-Michel Baylet s’est prononcé pour une légalisation contrôlée du cannabis, qui pourrait être vendu en pharmacie! Ah, on me signale dans l’oreillette que Jean-Michel Baylet n’a pas plus de chances que Daniel Vaillant de figurer au second tour de la primaire socialiste. Ceci explique peut-être cela…

Arnaud Aubron

Si vous n’avez pas le temps ou l’envie de lire ce long article, tout est admirablement résumé dans la belle infographie ci-dessus, réalisée par mes amis de Matière primaire. Et si vos yeux fatigués n’arrivent pas à lire cette infographie, cliquez ici pour la voir en plein écran.

Source:LesInrocks

Le CIRC dénonce la chasse au fumeur de cannabis

Au cours de l'été, certains policiers et maires ont pris la parole dans les médias pour dire tout le mal qu’ils pensent de la politique du chiffre appliqués aux fumeurs de cannabis. Autant d'arguments qui appuient le combat du Collectif d’Information et de Recherche Cannabique (CIRC), même si son président Jean-Pierre Galland, joint par Fluctuat, tempère son hilarité.

L'appel du 18 joint a beau être passé, le CIRC a signalé sa rentrée avec l'envoi d'un communiqué intitulé : "Le mur de la prohibition se fissure". En voici la cause : "Depuis le 18 juillet 2008, le nombre d’interpellations pour usage de cannabis a encore augmenté de 5,6 %… Les fumeurs de pétards sont devenus "à l’insu de leur plein gré" la cible privilégiée des forces de police contraintes par le gouvernement de faire du chiffre. Cet été, le CIRC a relevé quelques évènements illustrant le ras-le-bol des premiers concernés, mais aussi de ceux qui sont chargés du maintien de l’ordre : les maires et les policiers".
Alors que la Cour Suprême vient d'imposer la dépénalisation en Argentine, la France n'est toujours pas disposer à prendre le tournant de la régularisation. Interrogé par Flu, le président du CIRC relate même une atmosphère de plus en plus répressive.

Jean-Pierre Galland, ça vous donne de l’air de lire le ras-le-bol du maire de Sevran Stéphane Gatignon ou le rejet de la tolérance zéro par un policier anonyme dans Libé ?
Ce qui est important c’est que les mots d’un maire ou d’un policier montrent les limites de la répression. Depuis que la droite est au pouvoir, les policiers sont condamnés à contrôler les consommateurs de cannabis pour faire du chiffre. Il y a trois cibles privilégiées, les fumeurs de shit, les prostituées et les sans-papiers. C’est tout sauf une politique et beaucoup de flics en ont marre de faire un boulot qui ne leur plaît pas.

Ce ras-le-bol peut-il servir la cause du CIRC et des pourfendeurs de la prohibition ?
Ce qui est sûr, c’est que ce type de réactions vont se multiplier car le système est de plus en plus répressif. Prenez le cas de ce Gourdonnais qui se fait placer en garde à vue alors que ses plants sont prescrits par son médecin pour lutter contre la sclérose en plaque. Il n’y a qu’en France où le cannabis thérapeutique est hors-la-loi, moi j’appelle ça de la non-assistance à personne en danger !

Mais le vote massif pour Europe Ecologie aux élections européennes est une bonne note d’espoir ?
Oui, la présence de la sociologue Anne Coppel sur la liste, symbole du combat pour la baisse du risque et la régularisation du cannabis est positive. Maintenant il faut que les différents groupuscules anti-prohibitionnistes se regroupent autour des Verts et construisent un discours commun. Le problème, ce n’est pas que notre discours n’est pas sérieux ni crédible, mais les verts sont beaucoup moins à l’aise sur le sujet qu’il y a 10 ans, quand le CIRC travaillait de concert avec le groupe vert-drogue. A l’époque nous avions créé ensemble un collectif pour l’abrogation de la loi de 1970.

Est-il possible de relancer ce débat aujourd'hui ?
On a fait un vrai retour en arrière depuis… que la droite est au pouvoir (bis). Avant, le CIRC était sur les plateaux télés, le discours existait. Récemment, le président de la MILTD (qui s'occupe de l'application d'un plan gouvernemental de lutte contre les drogues et les toxicomanies adopté le 8 juillet 2008) a demandé au CSA de retirer toute référence aux drogues dans les émissions. Le cannabis n’est plus un problème de santé publique ni un sujet de discussion, le fumeur n’est plus que sujet à répression.

Source:Fluctuat

Pays-Bas: Maastricht déplace trois coffee shops en banlieue

La ville néerlandaise de Maastricht a décidé mardi de déplacer en banlieue trois de ses populaires coffee shops, où la vente au détail et la consommation de cannabis sont autorisées. Elle veut ainsi lutter contre les nuisances du tourisme de cette substance.

Deux millions de touristes se rendent tous les ans dans les 14 coffee shops de la ville, la plupart en provenance de Belgique et d'Allemagne. Ce tourisme génère un chiffre d'affaires de l'ordre de 250 millions d'euros, a précisé Gertjan Bos, un responsable municipal.

Mais cet afflux de touristes du cannabis entraîne des nuisances pour les 120'000 habitants de Maastricht, provoquant embouteillages, tapage nocturne et prolifération de vendeurs de drogue dans les rues.

M. Bos a indiqué qu'un accord avait été conclu avec les propriétaires des trois cafés "Smokey", "Mississippi" et "Missouri" afin qu'ils s'installent à trois kilomètres de la ville pour fournir les touristes étrangers.

Satisfaction

Marc Josemans, président de l'Association des coffee shops de Maastricht, s'est déclaré satisfait de l'accord, qui ne prendra toutefois effet qu'en 2013. "Cela montre que nous pouvons trouver des façons créatives de régler le problème", a-t-il estimé. Quatre autres coffee shops suivront plus tard le mouvement.

L'accès aux coffee shops de Maastricht, dans l'extrême sud des Pays-Bas, sera exclusivement réservé aux Néerlandais, Belges et Allemands à partir du 1er octobre, pour tenter de réduire les nuisances. "Toutes les autres nationalités ne seront malheureusement pas autorisées à entrer", a souligné M. Josemans.

Les Pays-Bas ont dépénalisé en 1976 la possession de moins de cinq grammes de cannabis, substance qui reste toutefois illégale. Les coffee shops ne sont autorisés à stocker en permanence que 50


Source:Romandie

Propositions pour une évolution du cadre légal français en matière de cannabis

Quarante années de prohibition de l’usage et de répression du trafic n’ont pas contré l’augmentation importante de la consommation de cannabis, ni fait durablement reculer l’offre. Ils sont maintenant ancrés sous des formes variées chez des millions de Français. L’illégalité trop largement partagée fausse gravement le rapport à l’autorité et la loi, le marché noir gangrène nos cités, les dommages sanitaires et sociaux sont aggravés. Le remède est devenu pire que le mal. Ce constat implique une nouvelle orientation dans les politiques publiques afin de réduire les risques liés à cette pratique devenue massive.

Cette réforme de la loi de 70 doit permettre de :

-Limiter l’impact du cannabis sur la santé et la vie sociale des usagers.

-Financer la prévention ainsi que l’éducation sanitaire et l’assistance en cas d’abus.

-Éliminer les organisations criminelles de la production et la distribution.

-Garantir la sécurité de la production et de la distribution, les qualités phytosanitaires du cannabis, l’étiquetage et le titrage des produits.

-Éviter la dispersion vers les mineurs, le tourisme du cannabis et l’exportation.

-Prévenir les mauvais usages et l’abus aigu et chronique.

-Financer le traitement des maladies liées à l’usage.

-Créer une nouvelle filière économique.

-Contribuer à apaiser les relations sociales.


-La constitution d’une filière cohérente sera un travail complexe et pluridisciplinaire. Les représentants des usagers, les spécialistes de la réduction des risques et du traitement des addictions devront s’y intégrer à part entière.

-L’usager de cannabis doit redevenir un citoyen avec des droits et des devoirs

-L’interdit n’est pas justifié pour les adultes. Le cannabis est une drogue socialement contrôlable.

-La clandestinité ne permet pas d’établir et de promouvoir un usage raisonnable du cannabis, c’est pourtant la base indispensable pour une diminution de la consommation et des dommages associés. La prévention et l’éducation sanitaire, ainsi que la répression des comportements abusifs, ont permis d’obtenir des succès remarquables pour deux drogues très problématiques : l’alcool et le tabac. L’adulte qui utilise du cannabis devrait donc respecter des règles similaires :

-Restrictions de consommation comme pour le tabac et l’alcool.

-Vente aux mineurs toujours délictuelle.

-Pas de consommation sur la voie publique dans les espaces commerciaux, touristiques, accessibles aux enfants, proche des bâtiments éducatifs.

-Pas d’utilisation d’automobile ou d’engin dangereux sous l’effet, avec un seuil réaliste et un contrôle affiné. Le système actuel est trop imprécis et pénalise longtemps après l’effet.

-Forte incitation à la modération, y compris par le prix, assistance très accessible.


Mais comment passer un contrat social avec des usagers clandestins pénalisés ? Comment moraliser une pratique interdite ? A l’évidence c’est impossible.

Avec la prohibition, l’usager de cannabis subit de nombreux dommages :

-Il risque de consommer des produits frelatés. Les analyses démontrent la présence de produits de coupe toxiques dans le haschich comme dans l’herbe. Sans compter les engrais et les traitements chimiques des cultures. Des millions de Français consomment régulièrement des poisons lents. Une catastrophe sanitaire pourrait survenir avec du cannabis infesté.

-Il consomme à l’aveugle. Le manque d’informations sur les effets et la force des produits ne favorisent pas la maîtrise de la consommation, cela augmente les mauvais usages et les accidents.

-Il n’a pas d’informations suffisantes sur la réduction des risques liés à l’usage : fumer les produits sans mélanger au tabac, ingérer la substance, utiliser un vaporiser, ne pas garder la fumée longtemps dans les poumons, faire des pauses significatives et régulières, consulter en cas d’usage chronique et intensif, etc.

-Il doit maintenir un contact direct ou indirect avec l’économie parallèle, il est donc bien plus tenté de l’utiliser pour d’autres produits ou services que le reste de la population.

-Il finance contre son gré des organisations criminelles de différents niveaux, du dealer de quartier aux mafias internationales. Les nuisances sont immédiates et très visibles dans les cités contrôlées par les gangs. Les usagers les subissent mais répugnent à se couper des fournisseurs, en plus de la peur des représailles. A plus haut niveau l’argent du cannabis gangrène l’économie officielle et multiplie le risque de corruption.

-Il subit la pression du marché de rue : arnaque, agression, racket, omerta, sexisme, homophobie…

-Il doit lutter contre la tentation de l’usage/revente puis le trafic et la criminalité. Le prix de détails des produits de qualité est devenu excessif (de 7 à 15 euros/g), il entraîne beaucoup d’achat collectif et de micro-deal entre amis pour obtenir de meilleures conditions, aussi de la petite délinquance pour se financer, des dettes, des tensions, des violences et des crimes.

-Il subit cette scène du cannabis parfois violente, surtout quand elle s’approche de celle de la cocaïne, la séparation de ces marchés peut freiner le développement du poly-usage de stupéfiants.

-Il risque une procédure policière puis judiciaire aux conséquences désastreuses. La répartition très inégale de la répression accentue la stigmatisation des quartiers et des populations sensibles. La haine de la police est en partie causée par la chasse à la boulette. Pourtant la peur du gendarme n’a pas freiné l’usage ni le deal, le gendarme doit réprimer les abus et protéger la jeunesse, pas criminaliser des adultes intégrés. Ainsi il retrouvera la confiance de millions d’usagers/citoyens et de leurs proches.

Tirer les leçons des échec et des problèmes rencontrés par nos voisins

La grande majorité des pays européens ont dépénalisé l’usage et la possession simple (de 1g à 30g). Sa large diffusion dans la population n’empêche pas les Pays-Bas d’être la 10ème puissance économique mondiale ou l’Inde de se développer à grande vitesse. Le niveau de consommation de la jeunesse dans ces pays est pourtant inférieur à la France. Par contre, l’usage irrégulier et modéré y est plus répandu. Le Portugal a connu une forte augmentation des demandes d’aide médicale au sevrage après la dépénalisation de l’usage. Preuve qu’il peut exister une culture du bon usage dans un cadre non prohibitionniste, elle se développe ainsi pour l’alcool et même le tabac, le cannabis s’intégrera dans ce schéma préventif.

Pourtant aucun système actuellement en fonction n’encadre le phénomène de manière satisfaisante. La peur politique d’affronter le dogme de la guerre à la drogue favorise des solutions incomplètes, surtout au niveau de la production et de la distribution. Il faut avoir le courage d’édifier une filière respectueuse des conventions internationales mais aussi de l’intérêt de nos concitoyens et de notre société.

Le modèle hollandais est en péril

En refusant de règlementer la production de cannabis, le gouvernement hollandais a intégré durablement les organisations criminelles dans la production, l’import/export et même la distribution d’un gigantesque marché aux règles floues. Elles ont prospéré sur le tourisme du cannabis autant que sur la consommation locale, les nuisances poussent de nombreuses municipalités à demander la fermeture des coffeeshops ou de nouvelles restrictions drastiques dont l’encadrement de la production et l’interdiction aux non-résidents. Il convient donc d’utiliser ces paramètres dans notre réflexion.

L’échec suisse

Après avoir mené un processus de dix ans d’études et de concertation, la Confédération n’a finalement pas adopté une politique raisonnable en matière de chanvre, le Conseil National a refusé (à quatre voix près) la proposition du Conseil Fédéral, puis le peuple a rejeté l’initiative populaire pour une réglementation du marché (38% favorables). Dans la nouvelle loi, la consommation n’est plus pénalisée mais la production est interdite. Pendant dix ans la situation était inversée. Il était légal de cultiver du chanvre, sans limitation de THC, pas de le vendre ou de l’utiliser comme stupéfiant. Sur ce trou juridique, avec une tolérance très variable selon les cantons, une filière s’est créée d’environ 200 producteurs et 400 point de ventes employant autour de 10.000 personnes. Tout a été fermé entre 2001 et 2007. Pourquoi ce retournement ?
-En l’absence de lieux dédiés, la consommation publique a dérangé une partie de l’opinion. Le cannabis devenait très visible.

-Comme dans de nombreux pays à cette époque la consommation a augmenté. Maintenant elle régresse légèrement dans les mêmes pays. Pourtant cette croissance a été imputée aux magasins.

-La vente aux étrangers et l’exportation à mis la pression internationale sur les autorités.

-De nombreux producteurs évoluaient dans une zone grise, sans déclarations correctes des impôts et des charges, avec du travail au noir, des ventes non déclarées.

-Les nombreux vols dans les exploitations, tant des rapines de mineurs que des gangs organisés ont envenimé les relations avec les autorités et le voisinage.

-Une campagne contre le cannabis sous lampe à fort taux de THC et la mauvaise qualité sanitaire du chanvre vendu dans les magasins a effrayé la partie peu informée de l’opinion.

-Une trop longue tolérance sans règles nationales claires à favorisé les dérives.

-Le caractère semi clandestin du marché a attiré pas mal d’aventuriers et de marginaux. En un sens cela a participé à leur intégration dans le système. Cela a aussi multipliés les mauvaises pratiques et les affaires médiatiques.

-Le volet prévention, éducation sanitaire, réduction des risques, protection de la jeunesse… était trop théorique, pas assez de programmes concrets pour convaincre l’opinion.


Cette expérience a démontré qu’un pays voisin pouvait devenir autosuffisant en matière de cannabis. Les importations étaient devenues marginales, il subsistait un petit marché noir de haschich car indisponible dans les magasins. Le hasch devait être toléré à la vente dans le système règlementé, sa production aurait alors été totalement locale.

Les nombreuses enquêtes policières lors de la fermeture des magasins du chanvre ont constaté 4% de mineurs dans la clientèle contrôlée, la plupart habilement dissimulés derrière des faux documents, comme pour l’alcool aux USA. Si certains dirigeants et employés de la filière ont été amendés pour la consommation et la détention d’autres substances illicites, les affaires de trafics associés sont restées rarissimes. La consommation d’alcool, de médicaments détournés, de cocaïne et de méthamphétamine a beaucoup progressée depuis la fermeture du marché gris.

La montée de l’UDC (extrême droite) opposée au projet, la propagande massive de sectes évangélistes et de la scientologie contre la réforme de la loi sur les stupéfiants, une presse populiste friande de scandales genre le cannabis génétiquement manipulé (un mythe), l’affaiblissement des défenseurs du projet suite à la répression sur les magasins… de nombreux facteurs extérieurs ont contribué à l’échec de cette réforme pourtant complète et pragmatique.

Modèle pratique de réglementation du cannabis

La solution la plus évidente serait de créer un marché réglementé avec ou sans monopole, patente spécifique, numerus clausus, comme pour le tabac ou l’alcool. L’importation de cannabis est interdite par les conventions internationales. Mais une production française peut être établie rapidement sans problèmes insurmontables. Cette option peut créer une dynamique économique forte mais aussi susciter beaucoup d’hostilité de la part de nombreux médecins, des associations familiales et d’une partie conservatrice de l’opinion. Elle peut aussi ne pas être compatible avec les conventions internationales. Le cannabis deviendrait trop visible, le dispositif paraîtrait trop incitatif. L’argent brassé ouvertement créerait de la jalousie dans notre société et à l’étranger.

Le nouveau commerçant ainsi institué pourrait être trop sensible à l’extension de son marché aux touristes du cannabis et à l’export clandestin. Il serait peu réceptif à la diffusion de la prévention et à l’imposition des règles de RDR dans les espaces de consommation. Il pourrait préférer une incitation et une publicité déguisée.

Il chercherait à minimiser les coûts de production en utilisant des engrais et traitements chimiques, en faisant moins de tests de qualité, en limitant la surveillance et la salubrité des installations de production, en abusant du travail au noir. L’encadrement de la filière devrait alors être très strict pour limiter les dérives qui mettraient en péril la réforme.

Dépénaliser l’usage et la possession

Le premier pas pour tout système règlementaire est la dépénalisation de la consommation de cannabis pour les majeurs. Il faut logiquement accompagner cette mesure d’un droit à la possession publique, assez faible pour ne pas faciliter le deal clandestin. Entre 5 et 12 grammes correspondent à un stock courant moyen. La possession au domicile ne doit être délictuelle qu’en cas de vente illégale ou de stockage dans ce but avéré.

Pour les mineurs, après un programme obligatoire et complet d’information et de prévention à la première infraction constatée, les récidivistes devraient faire l’objet d’une orientation socio-sanitaire et de travaux d’intérêts collectifs. La place d’un usager de cannabis n’est pas devant un tribunal ou dans une cellule, cette méthode n’a pas démontré d’efficacité. La pénalisation de la consommation n’est pas imposée par les conventions internationales.

Règlementer l’autoproduction

Puis il convient d’encadrer la pratique maintenant bien intégrée des 200.000 autoproducteurs de cannabis. En effet, la riposte d’une partie non négligeable des usagers contre les méfaits de la prohibition est la production domestique à petite échelle. Il faut toutefois dissuader la vente au noir et la cession aux mineurs. On peut donc limiter à 5 plantes en floraison, comme en Hollande et en Tchéquie, le quota toléré. Quelle que soit la méthode de culture, cela suffit à produire sa consommation sans trop d’excédent donc de mauvaises tentations. Il est préférable d’interdire la vente entre particuliers. La pénalisation de la production pour usage personnel n’est pas imposée par les conventions internationales.

Créer des cercles privés d’usagers de cannabis

La fin du processus est la création de clubs privés d’usagers de cannabis réservés aux adultes résidents en France. Les adhérents délèguent leur droit individuel à l’autoproduction à une association à but non lucratif. Celle-ci gèrerait la production, la distribution du cannabis et une salle de consommation à moindre risque. Le cercle devra respecter un strict cahier des charges sanitaire et sécuritaire. Ce modèle de Cannabis Social Club existe déjà sous des formes proches en Espagne et en Belgique. La Cour Suprême Basque espagnole a jugé l’expérience conforme à la loi et aux conventions dans le cas de Pannagh, un club local. La Cour Royale Belge a fait de même pour l’association anversoise Trekt Uw Plant. Les conventions internationales interdisent le commerce classique et les échanges internationaux. Un modèle non marchand ne devrait pas déclencher de sanctions prévues par les conventions, ni une pression des pays prohibitionnistes ou de nos voisins.

Gestion des cercles privés

L’association à but non lucratif a pour objet la prévention de l’abus de cannabis, la protection de la jeunesse, la lutte contre les addictions. Comme tous les cercles privés, elle doit verser 10% de son excédent d’exploitation à des œuvres caritatives. Une taxe finance le traitement des maladies liées à l’usage. Une taxe dissuasive pourra amener le prix final à un équilibre raisonnable.

Quelques éléments importants :

-L’adhérent doit être majeur et résident en France. Evitons la narco-tourisme.

-Le bureau et les employés des cercles peuvent faire l’objet d’enquêtes de moralité. L’autorisation d’ouverture est donnée par un organisme de contrôle. Elle peut être révoquée par cet organisme, par la préfecture pour motif administratif, par une décision de justice.

-Chaque adhérent donne au club un pouvoir pour cultiver son quota de 5 plantes par rotation de culture, la production est ainsi facilement contrôlable.

-Le cercle cultive lui-même ou passe un contrat avec un producteur déclaré à l’organisme de contrôle.

-Le producteur assure un haut niveau de protection de la culture, en liaison avec la police. Il convient de limiter les surfaces par producteur afin de ne pas créer des cibles trop tentantes.

-Le producteur respecte un cahier des charges afin protéger les consommateurs des méthodes de culture nocives. Agriculture raisonnée ou strictement biologique, la filière devra être fréquemment contrôlée.

-Le cercle analyse régulièrement les produits distribués afin que les informations accompagnant les produits soient fiables. Comme pour le tabac et l’alcool, l’emballage devra comporter un message préventif et un appel à la modération.

-Le cercle perçoit une adhésion à l’inscription puis vend à ses membres une quantité ne pouvant excéder la production de cinq plantes concédés par chaque inscrit. Les clubs déterminent leurs tarifs dans le respect de la législation fiscale, du code du travail, du droit des associations, du paiement de la taxe spéciale pour la Sécu, des 10% réservés aux œuvres.

-Pour éviter la diffusion en cascade, la quantité journalière qu’un adhérant peut acquérir est limitée à la possession publique autorisée. Le contrôle de cette mesure est simple avec une carte à puce de membre. La confidentialité de ce fichier devra être garanti par un organisme indépendant, de préférence localisé à l’étranger. L’usager doit avoir assez confiance dans le nouveau système pour quitter la clandestinité.

-Les cercles peuvent former des réseaux pour offrir de la diversité de services et de produits, aussi pour éviter aux voyageurs de stocker et transporter une quantité importante.

-Le local de distribution et de consommation du club devra être discret, sans vitrines ou enseignes voyantes. Certaines zones peuvent être proscrites.

-Les cercles n’auront pas accès à la publicité commerciale. Leur site Internet et les moteurs de recherche suffiront à leur promotion, en plus du marketing viral propre à toute communauté.

-Les salles de consommation ne doivent pas proposer ou tolérer d’autres stupéfiants, même légaux comme l’alcool ou le tabac. Elles sont conçues pour apporter le plus de protection possible aux usagers et aux employés du club.

Un cas particulier urgent : le cannabis thérapeutique

Ces usagers de cannabis souffrent chaque jour de la prohibition alors que ce traitement naturel améliore leur qualité de vie et l’acceptation de leurs traitements chimiques souvent très lourds. De nombreux pays de l’UE ont adopté des dispositifs de prescription du cannabis sous sa forme synthétique et naturelle. Quinze Etats américains tolèrent la production de cannabis pour les malades. La France est à la traîne avec une prescription difficile du seul Marinol, la forme la moins efficace de traitement.

Des adhérents d’ASUD, Act Up, SOS Hépatites, AIDES, la CECT, Cannabis Sans Frontières, le CIRC… vivent avec des pathologies lourdes : cancers, VIH, Hep C, sclérose, lombalgie chronique, dépression, trouble de l’attention, addiction très problématique à l’alcool et au tabac…

Beaucoup attestent de l’utilité thérapeutique du cannabis. Le corps médical connaît cette médecine clandestine et parfois même la suggère sous couvert du secret.

Mais officiellement le cannabis n’est pas utilisable sauf cas rarissimes, sous réserves multiples et chicaneries administratives. Les malades subissent parfois la répression et presque toujours la nocivité du marché noir.

Seuls les malades autoproducteurs de cannabis contrôlent mieux leur traitement mais ils risquent davantage au yeux de la loi. Et ce n’est pas une solution adaptée à de nombreux malades impotents, déstructurés ou sans espace disponible. Un producteur pour ces malades prend autant de risque qu’un dealer/producteur, lourde peine. Cette situation est absurde et inhumaine. Elle doit être sortie du débat général sur le cannabis et traité en priorité. Des solutions simples existent :
Dépénaliser la consommation médicale du cannabis.

-Autoriser la prescription et l’importation du Sativex (forme vaporisable d’extrait de THC et de CBD), du Marinol (THC synthétique, du Bedrocan (fleurs de cannabis produites sous contrôle phytosanitaire). Cette solution est la plus médicalisée mais aussi la plus chère pour le patient et à terme l’assurance maladie. En effet, ce cannabis médicalisé est vendu entre 6 et 12 euro le gramme, un poids très lourd pour un patient même maîtrisant bien sa posologie. Les patients sous Bedrocan utilisent entre 0,5 et 3 grammes par jour. Les plus pauvres ne peuvent pas y accéder ou bien mélangent de l’herbe officielle avec celle du marché noir ou du jardin pour tromper un éventuel contrôle.
-Autoriser la production limitée de cannabis par les malades ou un producteur mandatée par les malades (système de nombreux Etats américains et canadiens). Cette solution est la moins coûteuse pour le patient, même s’il doit couvrir les frais d’un producteur. Elle règlemente des pratiques existantes. Elle vient compléter la filière pharmaceutique. En effet, de nombreux patients ne font pas confiance à la forme naturelle. La diversité des formes disponibles permet de couvrir le large spectre des besoins.

Ce dossier doit pouvoir avancer quelque soit l’option choisie, même en cas de maintien de la prohibition en l’état. La santé et la qualité de vie des malades ne doivent pas souffrir de considérations morales, politiques et financières.

Présentation de l’auteur :

Laurent Appel, 44 ans, journaliste indépendant, collaborateur d’ASUD Journal
Rédacteur du site Chanvre-Info.ch, conseiller de la Coordination Suisse du Chanvre (2004-2007)
Réalisateur de documentaires : Cannabis TV, Au nom du chanvre, Chanvre en Suisse
Coorganisateur des Journées du Chanvre à Paris (1999-2003)
Membre de la commission du PS sur le cannabis présidé par Malek Boutih
Contact : laurent.appel@asud.org , 03.88.84.95.65