Cannabis Médical : Casser la loi pour sauver des vies

Dans la plupart des pays, l'utilisation du chanvre est interdite même dans un but médical. L'automédication au cannabis a poussé un grand nombre de citoyens généralement respectueux des lois à entrer en conflit avec le système légal.

Savages : Lutte entre hippies et cartels

Dans Savages, le cinéaste américain Oliver Stone met en scène le combat implacable mais encore «hypothétique» entre des néo-hippies californiens et un cartel de la drogue mexicain cherchant à s’implanter de l’autre côté de la frontière.

INTERVIEW DE JORGE CERVANTES, LE GOUROU MONDIAL DU CANNABIS

Soft Secrets interview Jorge Cervantes, un des grands experts mondiaux du cannabis et collaborateur de Soft Secrets.

Cannabis : les bons plants du Colorado

Depuis 2000, cet Etat américain a légalisé l'usage médical du cannabis. De la culture des fleurs au commerce des produits dérivés, les business se multiplient. Une économie très profitable, y compris pour les finances locales.

La France accro à la prohibition

Publication en juin dernier à New York du rapport de la Commission mondiale sur la politique des drogues (Global Commission on Drug Policy) signé par une kyrielle de personnalités de stature mondiale qui constatent l'échec de la guerre à la drogue...

Le chanvre n'est plus un projet fumé en Creuse

Selon ses nouveaux promoteurs, le cannabis sativa est une plante de rêve... même allégée en substance psychotrope elle aurait de formidables vertus. Sa fibre, qui a accompagné le développement de l'humanité (textile, papier, cordage), est aujourd'hui un écomatériau de construction. Tandis que sa graine se transforme en huile ou en savon.

«Pour isoler toute une maison de la cave au grenier, il faut 1 hectare de chanvre cultivé », chiffre Théo Weimann, producteur de chènevotte en vrac, un matériau d'éco-construction de plus en plus demandé.

Actuellement, ce jeune agriculteur sème ses graines de chanvre à la main, sur deux hectares, dans les vallons de Chavanat. Il attaque sa quatrième campagne chanvrière.

Les semis de cannabis sativa lèvent rapidement. Si les paramètres sont favorables, les tiges dépasseront trois mètres. Autrefois, les fermes limousines avaient leur chènevière, pourvoyeuse de fibre à tout faire. La demi-douzaine de nouveaux producteurs du Limousin s'en tient aussi à des surfaces modestes.

À l'image de Théo Weimann, les membres de l'association Lo Sanabao (lire ci-dessous) privilégient des débouchés locaux. Théo a tourné le dos à une carrière dans la biochimie pour revenir au pays. Ses parents, éleveurs de chèvres et producteurs de fromages à Chavanat, lui ont confié des terres pour qu'il aille au bout de son idée : « Au départ, j'ai pensé produire du chanvre et le valoriser moi-même en travaillant dans l'isolation. Mon projet a évolué. Je vais intégrer le chanvre dans la rotation d'un système de polyculture élevage : je le cultiverai en alternance avec des céréales et des prairies fourragères », détaille Théo. Ce scientifique est convaincu des vertus agronomiques et écologiques de la plante : « Ses racines très profondes améliorent la structure du sol. Ses feuilles, avec leur fort pouvoir couvrant, sont un efficace désherbant. » Sur de bonnes terres à céréales, la culture du chanvre ne demande pas beaucoup de travail.

Du moins jusqu'à la fin de l'été, lorsque s'annonce la récolte. Pour Théo, c'est clair : « Il faut réserver tout son mois de septembre ». La récolte et la transformation du chanvre ont déjà découragé quelques pionniers limousins. La France cultive pourtant 10.000 hectares de chanvre, mais Théo fait le distinguo avec la culture industrielle : « En Champagne, c'est organisé. Les tiges sont mises en balles rondes et partent dans des usines de défibrage. Pour nos petites parcelles, nous n'avons pas de moyens mécaniques vraiment adaptés. » Théo a fauché manuellement la première année... avant de faire appel à un entrepreneur : « Avec une moissonneuse bien réglée, ça passe. Mais les risques de bourrage sont importants. C'est une fibre coriace, qui s'entortille... » La récolte du grain (le chènevis) est aussi assez délicate. Les graines doivent être parfaitement mûrs et que les conditions météo soient bonne. Mais la tige requiert aussi beaucoup d'attention Il faut la déchiqueter pour obtenir la chènevotte. Depuis deux ans, Théo « bidouille » en adaptant une ensileuse à maïs et une botteleuse. Ce manque d'outils adaptés freine l'essor du chanvre en Limousin.

En outre, la demi-douzaine de producteurs est éparpillée : « à plus de vingt kilomètres de distance, c'est difficile de mutualiser le matériel », estime Théo Weimann. La qualité des produits n'est pas forcément au bout de l'effort. Théo Weimann persévère et a choisi de vendre en direct sa production de chènevotte et de pelotes de tiges de chanvre, notamment à des auto constructeurs recherchant des matériaux bio et locaux. Il produit aussi le chènevis (les graines) et de l'huile destinés à la consommation alimentaire. Théo fabrique même des savons de chanvre. Devant toutes ces valorisations possibles, on se dit que la Creuse ne devrait pas laisser toutes les idées de développement suggérées par le chanvre... partir en fumée.

[Source:LePopulaire]

Marche mondiale du cannabis samedi

EN BREF - L’ESSENTIEL DE L’INFO

Faut-il autoriser ou pas l'usage du cannabis ? Comme chaque premier samedi du mois de mai, une marche mondiale du cannabis était organisée en ce 8 mai. Plusieurs rassemblements ont eu lieu dans plusieurs villes de France pour réclamer la dépénalisation de cette drogue. A Strasbourg, ils étaient une centaine à se retrouver sur la place Kléber dans l'après-midi. Pour ces manifestants, mettre fin à la prohibition, c'est couper l'herbe sous le pied des trafiquants. Ecoutez le réportage de Raphaël Vantard, correspondant RTL dans l'Est de la France

EN DÉTAILS

Plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés samedi après-midi place de la Bastille à Paris pour réclamer la dépénalisation de la consommation de cannabis, la régulation de sa production et sa prescription dans un cadre thérapeutique.

Scandant "je ne me drogue pas, je me soigne" ou "on veut du bédo bio", le cortège, d'où s'échappaient des effluves de chanvre, s'est ébranlé en direction de la place de la rotonde de Stalingrad (XIXème arrondissement).

Les manifestants ont répondu à l'appel d'une quinzaine d'associations et de groupes politiques, dont Act Up, AIDES, le CIRC (Collectif d'information et de recherche cannabique), Cannabis sans frontières, les Jeunes écologistes, EELV, le Mouvement des jeunes socialistes ou la Ligue des droits de l'homme.

Marche à Lyon, Marseille, Nantes, Toulouse, Aurillac ou Strasbourg et aussi en Guadeloupe et à La Réunion

"Il y a 4 millions de consommateurs réguliers de cannabis en France, 12 millions de consommateurs occasionnels. Il n'y a pas ou très peu de gens qui meurent du cannabis, en revanche, il y a des morts liés au trafic illicite", a souligné André Gattolin, délégué national d'Europe Ecologie Les Verts, présent dans le cortège.

"Je suis persuadé que la dépénalisation, accompagnée d'une production de cannabis contrôlée, permettrait de faire baisser cette violence", a-t-il poursuivi, relayant les propos récents de Stéphane Gatignon, maire EELV de Sevran (Seine-Saint-Denis), ville gangrenée par le trafic de cette drogue.

Cette "Marche mondiale du cannabis" était organisée simultanément à Lyon, Marseille, Nantes, Toulouse, Aurillac ou Strasbourg et aussi en Guadeloupe et à La Réunion.

Daniel Vaillant plaide la légalisation

L'ancien ministre de l'Intérieur Daniel Vaillant (PS) a plaidé samedi pour la fin de la prohibition du cannabis, devenu "une drogue de masse" en France, et dont il vaudrait mieux selon lui organiser la production et la consommation de manière "contrôlée".

Interrogé sur RTL sur le fait de savoir s'il était "pour un marché du cannabis contrôlé", le député-maire du XVIIIe arrondissement de Paris a répondu: "Oui (...) Il y a une consommation, c'est un fait, je regrette cela", mais "les sociétés ont toujours été consommatrices de drogue".

Mettant en avant les dangers du cannabis et du THC "la molécule qui pose problème" (le principe actif de la drogue, ndlr), il a enchaîné : "Je pense que si on achetait le cannabis qui serait produit, contrôlé sous l'égide de je ne sais quel office", en limitant son taux de THC, pourrait alors être organisée une véritable prévention.

"Je pense qu'il vaudrait mieux une consommation contrôlée, avec toutes les campagnes d'information, de prévention contre la consommation, pour avertir la personne qui se livre à cette consommation qu'il y a un risque, comme on le fait pour le tabac, l'alcool", a ajouté l'élu parisien, spécialiste des questions de toxicomanies au sein du groupe PS à l'Assemblée.

"Je veux que vous compreniez bien que l'élu et le père que je suis est contre la consommation des drogues, sauf que la prohibition n'entraîne pas la non consommation, au contraire, voilà pourquoi je pense qu'il serait utile d'avoir un débat", a encore indiqué M. Vaillant.

|[Source:RTL]

Musique : Snoop dogg / This weed iz mine


Le nouveau clip de Snoop Dogg annonce la couleur tout de suite , la weed (cannabis) lui appartient !

Album Doggumentary , Snoop Dogg , Disponible depuis le 18 avril 2011 . 15,99 euro .

La Petite Encyclopédie du Cannabis

Saviez-vous que 30 kilos de chocolat vous feront le même effet qu’un joint, le sucre en moins ? Que 65 % des auditeurs d’opéra avaient déjà fumé du cannabis (soit beaucoup plus que les amateurs de rap) ? Que si vous avez acheté du chanvre de Manille ou du Bengale pour le fumer, vous vous êtes fait rouler ? Non ? Alors la Petite Encyclopédie du Cannabis de Nicolas Millet, qui vient de sortir aux Éditions du Castor Astral, est faite pour vous. Entretien avec l’auteur de cet ouvrage, qui vit actuellement sur l’Île de la Réunion…

La Petite Encyclopédie du Cannabis connaît, et parle tellement bien de son sujet que c’est un régal de s’en faire l’écho dans ces colonnes. Et c’est fort naturellement qu’elle trouve sa place dans une rubrique chroniquant les livres à même d’enivrer les Révolutionnaires en Charentaises…

Couverture de la Petite Encyclopédie du Cannabis de Nicolas MilletMarvin Flynn – Maintenant qu’il est dans toutes les bonnes librairies, pouvez-vous nous parler de vos démarches pour trouver un éditeur assez courageux pour publier un livre sur le cannabis ?

Nicolas Millet – Les éditeurs peuvent en effet parfois être frileux quand il s’agit de parler de cannabis. C’est normal et assez logique, puisque la loi est claire, mais son interprétation est en revanche assez floue : "Le cannabis, dit celle-ci, ne doit pas être présenté sous un jour favorable". Pour ce qui est des Éditions du Castor Astral, chez qui j’avais publié mes premières lignes il y a une dizaine d’années, ont accepté très rapidement le projet, sur quelques pages. Sans doute parce que le texte leur plaisait, mais sans doute aussi parce que le livre-objet que j’ai imaginé et que je leur proposais (présentation des articles sous forme de miscellanées, mise en page à la façon des encyclopédies du siècle dernier, illustrations à la manière des gravures anciennes) ne faisait absolument pas l’apologie de la substance. Il s’agissait de proposer une encyclopédie sérieuse, ludique, mais toutefois, et si possible, jubilatoire.

MF – A quelle occasion l’idée d’une telle encyclopédie vous est-elle venue ?

NM – L’idée m’est venue d’un constat, à savoir qu’il existait une littérature cannabique vaste et diverse. Cependant, celle-ci se répartissait en deux catégories : d’un côté, la littérature que j’appellerais "prosélyte", avec des textes engagés et souvent drôles, et des dessins provocateurs. Et de l’autre, des ouvrages scientifiques, bien documentés, mais sans doute un peu austères.
Il n’existait pas de livres s’amusant à rassembler tout ce que cette plante compte de faits culturels, sociaux, musicaux, historiques ou scientifiques. Et j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir ou redécouvrir ce que cette plante a engendré comme remèdes médicaux ou comme croyances. À quel point aussi elle a influencé nombre d’écrivains ou de poètes. Combien, enfin, elle est éminemment politique et s’inscrit, de 3000 ans av. J.-C. jusqu’à nos jours, dans l’histoire.

MF – Pouvez-vous nous dire comment vous avez planifié votre projet, car il s’agissait d’un travail énorme d’investigation et de recherche ? Pour ce qui est du travail d’écriture, il a évidemment nécessité beaucoup de recherches, des heures dans des bibliothèques à recouper des informations contradictoires, à imaginer des listes saugrenues et décalée (liste de tous les vocables français désigant le cannabis, liste des ministres britanniques consommateurs, liste des sportifs arrêtés pour dopage, liste des hybrides à travers le monde, etc.). Cet amour des listes me vient du travail de l’Ou.Li.Po. et de la contrainte en général, qui est, contrairement à ce que l’on croit parfois, libératrice.
Après avoir rassemblé toutes mes notes, je me suis attelé à l’écriture proprement dite. Je voulais des textes ciselés, efficaces, si possible avec une chute, même légère. Et je souhaitais que chaque page soit autonome, que le lecteur se balade dans le livre sans être coupé dans sa lecture. Le tout avec de petites illustrations, que j’ai mis beaucoup de temps à réaliser, étant un piètre dessinateur. Ce en quoi le graphiste, Dominique Bordes, m’a été d’une aide précieuse puisqu’il a su répondre à la majorité de mes attentes. Bref, ce livre a nécessité deux ans et demi d’écriture puis six mois de composition.

MF – Mais puis-je vous poser une question que vos lecteurs eux-mêmes doivent se poser : fumez-vous du cannabis ?

NM – Non. La question ne se pose pas puisque la loi l’interdit. On peut, et c’est heureux, écrire sur l’alcool sans être un alcoolique ou sur l’héroïne sans être un héroïnomane… Et l’on peut, de la même façon, écrire sur le cannabis sans être consommateur.

MF – Vous prenez tout de même de nombreuses précautions en préambule à la Petite Encyclopédie ; les informations que tu vous nous donnez ne sont pourtant pas illégales, il n’y est nulle part question de prosélytisme envers le cannabis, mais bel et bien d’informations ; et la forme choisie – encyclopédique et richement illustrée – n’en rend la lecture que plus agréable…

NM – Oui, j’y tenais beaucoup car j’ai voulu faire un travail littéraire, plus qu’encyclopédique, finalement. Je ne souhaite pas être cantonné dans ce rôle un peu instable d’un auteur écrivant sur le chanvre. Habituellement, j’écris des textes narratifs, de la fiction et des nouvelles. C’est pour cela que je suis heureux d’être au Castor Astral qui est une maison d’édition sérieuse, qui a plus de trente ans, des centaines de titres au catalogue, et qui publie des auteurs tout à fait respectables, tels que Hervé Le Tellier, Georges Bernanos, Dominique Noguez ou Marc Villard. Avec l’éditeur, on se retrouvait totalement sur ces précautions, qui ne sont pas simplement d’usage.

MF – Mais revenons au contenu de la Petite Encyclopédie du Cannabis : vous évoquez mille expressions, anecdotes et citations que les amateurs éclairés apprécieront à coup sûr : mais comment avez-vous fait pour recenser toutes ces allusions au cannabis ?

NM – Des heures et des heures à fréquenter la BNF, la bibilothèque de Beaubourg ou Gallica. Les bibliothèques en ligne sont également, aujourd’hui, une ressource précieuse. Et j’étais guidé par le plaisir, un peu masochiste, de vouloir aller au fond des choses…

MF – On y trouve aussi et en vrac, des recettes, des listes, des schémas, des extraits d’ouvrage, le tout abordé et assemblé avec un oeil actuel et pratique ; bravo pour ce bel objet qui ornera à n’en pas douter fièrement la bibliothèque des Révolutionnaires en Charentaises. Pour conclure, pouvez-vous nous parler de cette citation de Jack Herer que vous mentionnez dans votre ouvrage. Ce militant a affirmé : "Il n’y a qu’une seule ressource naturelle et renouvelable qui est capable de fournir la totalité de papier et du textile sur la planète, répondant à tous nos besoins en termes de transports, d’industrie et d’énergie, tout en réduisant simultanément la pollution, en reconstruisant le sol, tout en nettoyant l’atmosphère… Et cette ressource – la même utilisée auparavant à cet effet – est le cannabis !"

NM – On ne peut pas donner tort à Jack Herer : en effet, sur une période de vingt ans, un hectare de chanvre produit autant de papier que quatre hectares d’arbres. Le papier de chanvre peut être recyclé de sept à huit fois comparativement à trois fois pour le papier de pulpe de bois. Cependant, Jack Herer utilisait cet argument pour appeler à la légalisation du chanvre, y compris psychotrope. Ce qui n’est pas mon propos. Pour continuer sur cette question des citations, de nombreux auteurs se sont en vérité exprimés sur le cannabis. Même François Mitterrand, dans un de ses livres, a comparé sa culture du vague à l’âme à une drogue douce et délétère. Et Nietzsche, qui a abordé tant de sujets mais pas toujours de façon judicieuse, a affirmé que lorsqu’on "veut s’arracher à une oppression insupportable, on a besoin du haschich." Mais gardons-nous de faire parler les morts : on peut ainsi faire dire n’importe quoi aux auteurs. Même à l’encontre de leur pensée réelle.

Par Marvin Flynn

Petite encyclopédie du cannabis, de Nicolas Millet, Le Castor Astral Éditeur, paru le 25 novembre 2010, 13 euros.

[Source:REC]