Cannabis Médical : Casser la loi pour sauver des vies

Dans la plupart des pays, l'utilisation du chanvre est interdite même dans un but médical. L'automédication au cannabis a poussé un grand nombre de citoyens généralement respectueux des lois à entrer en conflit avec le système légal.

Savages : Lutte entre hippies et cartels

Dans Savages, le cinéaste américain Oliver Stone met en scène le combat implacable mais encore «hypothétique» entre des néo-hippies californiens et un cartel de la drogue mexicain cherchant à s’implanter de l’autre côté de la frontière.

INTERVIEW DE JORGE CERVANTES, LE GOUROU MONDIAL DU CANNABIS

Soft Secrets interview Jorge Cervantes, un des grands experts mondiaux du cannabis et collaborateur de Soft Secrets.

Cannabis : les bons plants du Colorado

Depuis 2000, cet Etat américain a légalisé l'usage médical du cannabis. De la culture des fleurs au commerce des produits dérivés, les business se multiplient. Une économie très profitable, y compris pour les finances locales.

La France accro à la prohibition

Publication en juin dernier à New York du rapport de la Commission mondiale sur la politique des drogues (Global Commission on Drug Policy) signé par une kyrielle de personnalités de stature mondiale qui constatent l'échec de la guerre à la drogue...

Carte cannabis aux Pays-Bas: Quelle législation dans le reste de l'Europe?

MONDE - Les pays européens ont des traitements assez différents et la France se présente comme le modèle le plus répressif...

Alors que les Pays-Bas s’apprêtent à durcir leur législation en matière de vente de cannabis aux étrangers, leurs voisins européens restent, de manière générale,toujours plus stricts pour leurs nationaux. Si la consommation est sanctionnée par des lois plus ou moins dures, le trafic, lui, est pénalement réprimé dans la totalité des pays.
Parmi les pays de l’Union européenne (UE), c’est tout de même le Portugal qui est le plus libéral depuis sa dépénalisation, en 2000, de la consommation et de l’acquisition pour un usage personnel de stupéfiants. L’Italie connaît également une dépénalisation totale de la consommation personnelle de cannabis.

Quatre catégories de sévérité

Pour les autres, l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies classe en quatre catégories les pays de l’UE et leur législation quant à la consommation de cannabis. La première recense des pays dans lesquels l’usage ne requiert pas une réponse pénale maximum comme c’est le cas pour d’autres drogues. On y retrouve ainsi Chypre, le Royaume-Uni ou encore les Pays-Bas où la possession, la consommation et la vente au détail de moins de cinq grammes de cannabis dans les coffee shops sont tolérées.
Dans une deuxième catégorie, le cannabis est une drogue comme une autre, mais les réponses pénales sont spécifiques et plus clémentes. C’est le cas pour l’Irlande, la Belgique, le Luxembourg, la Grèce, l’Espagne et la Pologne. La troisième catégorie, qui concerne le Danemark et l’Allemagne – où l’application dépend aussi de chaque Länder-, est quasiment similaire. La loi voudrait que l’usage du cannabis soit réprimandé de la même manière qu’une autre drogue, mais c’est la jurisprudence qui impose un traitement plus indulgent. 

La France, modèle le plus répressif

Dans les pays de ces trois catégories, les premières infractions ou le peu de quantités possédées (quelques grammes sont tolérés) permettent en général d’échapper à toute sanction. C’est la récidive qui provoque des sanctions plus ou moins lourdes.
La dernière catégorie, dont font partie la France, la République Tchèque ou encore l’Estonie, s'appuie sur le modèle le plus répressif: Aucun traitement de faveur pour les consommateurs de cannabis. En France, jusqu’à un an d'emprisonnement et 3.750 euros d'amende sont ainsi requis pour l'usage illicite de cannabis. 
 Corentin Chauvel
Source:20minute

Pays-bas : Les coffeeshops de Maastricht confirment leur refus de mettre en application la "carte - herbe"


MAASTRICHT - Les coffeeshops de Maastricht, regroupés dans l’union baptisée VOCM (Union des Coffeeshops Officiels de Maastricht), maintiennent leur refus d’utiliser le carte-herbe. Président Marc Josemans : « Cette modèle de ‘ carte-herbe ’ est encore trop floue. À propos des données de la vie privée des consommateurs, mais aussi sur les exigences et conditions exactes imposées par le ministre de la justice. Nous n’allons pas enregistrer les clients et nous continuons à vendre à toute personne âgée de 18 ans et plus qui peut se légitimer. »

En ce moment il n’est toujours pas encore clarifié quelles personnes et quelles instances publiques seront autorisées à vérifier et avoir accès au liste obligatoire des membres enregistrés des coffeeshops. En outre, le ministre de sécurité et justice a indiqué -le 27 avril passé - de mettre à côté l’avis critique sur le carte-herbe de la part du Collège Protection des Données personnelles (CBP), avis en date du 18 avril 2012.

Le VOCM est par principe contre l’enregistrement obligatoire et le stockage permanent des données personnelles. Surtout quand on considère qu’à l’heure actuelle, les éclaircissements demandés pour le consommateur et le coffeeshop, sont restés sans réponse. Le flou reste : qui est autorisé par le gouvernement de faire quoi exactement avec ces données personnelles ?

Le procès

Le VOCM poursuit une double politique le 1er mai, le jour de l’application des nouvelles règles dans les provinces du sud des Pays-Bas. Président Josemans refusera à 10h15 tout accès à son café Easy Going à un petit nombre de non-résidents du Pays-Bas, afin qu’ils puissent dénoncer l’acte de discrimination à la police. Immédiatement après vers 11h, la vente continue comme d’habitude, et cela autant pour les non-résidents que pour les résidents qui ne souhaitent pas d’être enregistrées. Tous les membres du VOCM refusent de discriminer et d’enregistrer ses clients.

Des trafiquants dans la rue

A l’heure actuelle, Maastricht est déjà confronté à des trafiquants de drogue qui n’ont jamais été repérés auparavant dans la ville, venant de Liège, d’Europe de l’Est et du nord de la France. Ils utilisent notamment les dépliants municipaux sur le carte-herbe comme un leurre pour les touristes ! Nous allons ainsi rapidement revenir à une époque révolue, où il n’était pas question d’une séparation des marchés pour le cannabis et les drogues dures et les trafiquants florissaient dans la rue.

Politique symbolique

Le VOCM partage l’avis des dizaines de maires et conseils municipales, des députés nationaux, de nombreux scientifiques, du réseau professionnel de prévention et de soins à la toxicomanie, et des organisations de consommateurs qui considèrent la carte-herbe et le modèle du club–fermé comme une politique symbolique contre-productif.

Les nouvelles règles ne mèneront pas à une diminution mais á une augmentation des nuisances et de la criminalité. Des centaines d’emplois sont sacrifiés à un projet voué à l’échec, et qui ne profitera qu’au circuit illégal. Les perdants sont les habitants de notre ville, les commerces et les nombreux consommateurs de cannabis satisfaits. Depuis des années il était possible dans notre ville d’acheter du cannabis sans aucun inconvénient et dans un environnement sain et contrôlé, où toutes les règlements étaient strictement observées.

Une chose est claire : on aura un été chaud. En ce qui concerne le VOCM les carte-herbe et les clubs fermés appartiennent à l’héritage-en-faillite du gouvernement échoué du PM Rutte échoué. Marc Josemans : « Oublions cette dérive à droite et concentrons-nous sur le vrai problème : la porte arrière. C’est le talon d’Achille de la politique de tolérance. Lorsque nous allons définitivement réglementer la culture du cannabis et la livraison aux coffeeshops , nous réalisons 3 atouts importants : une réduction signifiante de la criminalité , de grands bénéfices pour la santé publique et un milliard d’euros de revenus supplémentaires pour les finances publiques de l’état. »

Source:Encod

Des centaines d’économistes estiment que la prohibition du cannabis est extrêmement coûteuse, tandis que sa légalisation rapporterait des milliards de dollars



Plus de 300 économistes, dont trois lauréats du prix Nobel, ont récemment signé une pétition pour encourager le président, le congrès, les gouverneurs des Etats ainsi que leurs assemblées législatives à prendre sérieusement en considération la légalisation du cannabis aux USA. Cette pétition attire l’attention sur un article de Jeffrey Miron, un économiste d’Harvard, dont les conclusions mettent en lumière les économies conséquentes que pourrait réaliser le gouvernement si il se décidait à réguler et taxer le cannabis, au lieu de dépenser inutilement des milliards de dollars pour renforcer sa politique de prohibition.
Miron estime que la légalisation du cannabis économiserait 7,7 milliards de dollars par an consacrés par le gouvernement pour la répression, et générerait en plus 2,4 milliards de dollars annuellement pour le cas où la taxe serait équivalente aux produits de consommation courante, et près de 6 milliards de dollars si la cannabis était taxé comme le tabac ou l’alcool.
Les économistes signataires de cette pétition relèvent que les implications budgétaires de la prohibition du cannabis représentent un facteur parmi d’autres à prendre en considération, mais que l’essentiel de leurs recherches constituent désormais un pilier essentiel du débat national sur la décriminalisation.
Les avantages de la légalisation du cannabis (marijuana) s’étendent bien au-delà de l’opportunité de mordre dans le déficit des USA. La criminalisation du cannabis est un des nombreux aspects de la "guerre à la drogue" qui a lamentablement échouée. Même en tentant de l’associer aux plus dures, drogues "dangereuses" de cette croisade inepte, le fait est que le cannabis est en grande partie l’objet de cette bataille. Le gouvernement fédéral a même classé le cannabis au tableau 1 des substance (la catégorie des substances les plus sérieuses), en le plaçant dans une catégorie plus dangereuse que la cocaïne. Chaque année, plus de 800 000 personnes sont arrêtées pour possession et usage chaque année, et 46% de toutes les poursuites liées aux drogues le sont pour du cannabis. En dépit de son coût exorbitant et de la perte de temps pour les forces de l’ordre et la justice, toutes ces interpellations d’usagers du cannabis n’ont pas fait diminuer sa consommation.
La prohibition du cannabis n’a pas seulement entraîné une augmentation des arrestations, cela reflète aussi le fossé raciste grandissant de la guerre aux drogues. Même si les études indiquent que la consommation du cannabis est plus répandue chez les WASP, les blacks et les latinos constituent la plus grosse proportion des 800 000 personnes arrêtées chaque année. De ces constatations, on observe qu’il devient difficile pour eux de trouver ou conserver un emploi, de récupérer leurs droits de vote, voire tout simplement pour louer un appartement et se loger à bon prix. Ces faits dont les conséquences paraissent si difficiles à ébranler -aussi mauvaises soient-elles- et sont subies par une catégorie de la population usagère du cannabis qui rend cette politique anti-cannabis inéquitable, mal avisée et intolérable.
Notre politique à l’égard du cannabis a prouvé qu’elle était inefficace, discriminatoire et coûteuse. Nos tribunaux, nos cellules ainsi que nos prisons sont engorgés avec des simples délinquants n’ayant pas commis de violence. Mais malgré cela, le gouvernement persiste à maintenir la pénalisation du cannabis alors qu’elle est inutilement dépensière et raciste. Avons nous bien retenu la leçon de la prohibition de l’alcool en voyant aujourd’hui les mêmes conséquences se répéter pour le cannabis ? Face à ce rapport du Pr Miron, soutenu par des centaines d’économistes, espérons qu’il fera changer pas seulement la politique concernant le cannabis, mais changera nos politiques désastreuses.
Traduction express : FARId pour Cannabis Sans Frontières
— - Version originale de l’article
Over 300 economists, including three Nobel Laureates, recently signed a petition that encourages the president, Congress, governors and state legislatures to carefully consider marijuana legalization in America. The petition draws attention to an article by Harvard economist Jeffrey Miron, whose findings highlight the substantial cost-savings our government could incur if it were to tax and regulate marijuana, rather than needlessly spending billions of dollars enforcing its prohibition.
Miron predicts that legalizing marijuana would save $7.7 billion per year in government expenditure on enforcement, in addition to generating $2.4 billion annually if taxed like most consumer goods, or $6 billion per year if taxed similarly to alcohol and tobacco. The economists signing the petition note that the budgetary implications of marijuana prohibition are just one of many factors to be considered, but declare it essential that these findings become a serious part of the national decriminalization discussion.
The advantages of marijuana legalization extend far beyond an opportunity to make a dent in our federal deficit. The criminalization of marijuana is one of the many fights in the War on Drugs that has failed miserably. And while it’s tempting to associate only the harder, "scarier" drugs with this botched crusade, the fact remains that marijuana prohibition is very much a part of the battle. The federal government has even classified marijuana as a Schedule 1 substance (its most serious category of substances), placing it in a more dangerous category than cocaine. More than 800,000 people are arrested for marijuana use and possession each year, and 46 percent of all drug prosecutions across the country are for marijuana possession. Yet this costly and time-consuming targeting of marijuana users by law enforcement and lawmakers has done little to quell use of the drug.
The criminalization of marijuana has not only resulted in a startlingly high number of arrests, it also reflects the devastating disparate racial impact of the War on Drugs. Despite ample evidence that marijuana is used more frequently by white people, Blacks and Latinos account for a grossly disproportionate percentage of the 800,000 people arrested annually for marijuana use and possession. These convictions hinder one’s ability to find or keep employment, vote or gain access to affordable housing. The fact that these hard-to-shake consequences – bad enough as they are — are suffered more frequently by a demographic that uses marijuana less makes our current policies toward marijuana all the more unfair, unwise and unacceptable.
Our marijuana policies have proven ineffective, expensive and discriminatory. Our courtrooms, jails and prisons remain crowded with nonviolent drug offenders. And yet, the government persists in its costly, racist and counterproductive criminalization of marijuana. We learned our lesson decades ago with alcohol prohibition ; it is long overdue for us to do the same with marijuana prohibition. In the face of Miron’s new report, and its support from hundreds of economists, we are hopeful that not only will the national conversation surrounding marijuana change, but so will our disastrous policies.
Hundreds of Economists : Marijuana Prohibition Costs Billions, Legalization Would Earn Billions. Posted by Ezekiel Edwards, Criminal Law Reform Project & Rebecca McCray, Criminal Law Reform Project at 4:29pm

Médecine : Autisme , pourquoi je donne du cannabis à mon fils de 9 ans

Le témoignage d'une mère américaine dans une expérience thérapeutique pour apaiser les souffrances de son fils autiste.


Au printemps dernier, j'ai rédigé un article sur ma demande d'autorisation d'administrer de la marijuana à but thérapeutique à J., mon fils de 9 ans, qui souffre d'allergies, dans l'espoir de soulager ses douleurs abdominales et son anxiété à l'origine des démons qui le poussaient à se taper lui-même et à agresser les autres. Après avoir lu des études sur la manière dont le cannabis peut atténuer les douleurs et l'angoisse, et en accord avec son médecin, nous avons décidé de faire un essai. J'ai déjà raconté qu'au bout d'un mois de thé au cannabis et de mini-cookies à la marijuana (mon mari a découvert le pâtissier qui sommeillait en lui), il nous semblait que J. avait l'air plus heureux. Mais c'était difficile à dire. Il passait une bonne matinée, et puis au déjeuner il se remettait à envoyer valser sa nourriture. Nous remarquions pourtant qu'en rentrant de l'école, quand il avait mal au ventre (on ne lui administrait aucune dose de cannabis là-bas), il courait à la cuisine et réclamait son thé et ses cookies. Comme s'il savait que c'était ce qui atténuait ses épouvantables crampes intestinales.

Et aujourd'hui, quatre mois après le début de notre expérience avec le cannabis, comment va J.? Eh bien, un soir, il n'y a pas longtemps, il est revenu de l'école et j'ai remarqué qu'un grand changement s'était produit: sa chemise était intacte.

Avant la marijuana, J. mangeait des choses qui n'étaient pas comestibles. Cette pratique a un nom: le pica (le pica pousse certaines femmes enceintes à manger de la craie ou de l'amidon). J. mâchait le col de ses t-shirts tout en arrachant furtivement le tissu de bas en haut, qu'il détissait avant d'en avaler les fils. Quand j'allais le chercher à l'arrêt de bus après l'école, tout le devant de sa chemise avait disparu. Son pica était devenu si incontrôlable que nous ne pouvions pas le laisser dormir avec un haut de pyjama (il aurait disparu au matin) ou un oreiller (pareil pour la taie et la garniture). Un ancien édredon de famille a été réduit en lambeaux, et il a même réussi à faire des trous dans une couverture en polaire avec les dents -son régime bio en a pris un coup. Je me suis mise à ne le vêtir que de hauts en coton bio, mais nous n'avions pas les moyens d'en acheter un par jour. Le pire était de le voir crier de douleur aux toilettes, quand ce qui était entré devait ressortir. Je faisais des cauchemars où de longs fils faisaient des nœuds autour d'organes digestifs (bienvenue dans notre vie privée !)

Presque immédiatement après le début des prises de cannabis, le pica a disparu. D'un coup. J. dort à présent avec son édredon hypoallergénique en coton et laine bio, qui semble appeler au mâchonnage. Il le tire jusque sous son menton le soir et déclare: «Je suis bien confortable !»

Moins d'agressions

Ensuite, nous avons commencé à constater des changements sur les bulletins scolaires de J. Son programme est basé sur une thérapie appelée l'analyse comportementale appliquée, qui implique, comme son nom l'indique, une analyse méticuleuse des données. Lors d'une réunion de parents au mois d'août (l'année scolaire de J. est plus longue que les cursus classiques), son professeur a présenté avec enthousiasme son bilan «d'agressions» pour juin et juillet. Une agression est définie comme la tentative ou l'acte de frapper, donner un coup de pied, mordre ou pincer une autre personne. Toute l'année dernière, chaque journée d'école était immanquablement marquée par 30 à 50 agressions, et un jour il est même monté jusqu'à 300. Le tableau de juin et juillet, en revanche, montrait qu'il passait parfois des journées entières -voire plusieurs d'affilée- sans la moindre agression.

Autre preuve: le bus. Ces dernières années, l'arrivée du bus scolaire de J. avait été le moment le plus traumatisant et imprévisible de notre journée. J. s'est déjà jeté dans le bus pour frapper le conducteur au visage. Il s'est bagarré avec les assistantes et a essayé de les mordre. Son comportement faisait naître le pire chez les autres: une surveillante du bus (nous plaisantions en disant qu'elle aurait mieux fait d'aller travailler à la prison locale), qui semblait n'aimer aucun des enfants, le traitait d'une façon particulièrement méprisante, allant jusqu'à l'insulter, une fois même en notre présence.

Cet été, une nouvelle équipe d'aides et de conducteurs a fait son apparition. J'ai réalisé que ces gens ne connaissaient que «Cannabis J.»-un enfant aux yeux pétillants qui leur dit bonjour tous les matins, va tranquillement s'asseoir et essaie même d'aider à boucler sa ceinture.

Un jour, alors que l'assistante habituelle de J. était malade, une dame avec un sourire planant a gentiment accompagné J. à sa descente du bus. Elle me disait quelque chose; et après avoir replacé une méchante grimace renfrognée sur son visage, je me suis écriée à l'intention de mon mari alors que le bus s'éloignait: «C'était elle, pas vrai?» Nous avons ri, sous le regard de J. «C'est rigolo!» a-t-il déclaré.

Il y a un mais à cette joyeuse histoire de marijuana, pourtant. Si le cannabis a atténué les problèmes les plus envahissants de J., son autisme est devenu plus distinct. Comme le montrent ses résultats scolaires, ses marques d'agressivité sont devenues bien moins fréquentes, mais ses démonstrations explosives -cris, aboiements, glapissements de joie- persistent. Quand J. vivait sa phase sombre, nous passions notre vie hors de vue, hors de portée, à la maison, avec un enfant hurlant, violent, qui envoyait valser sa nourriture et la vaisselle. Les sons étaient contenus par des fenêtres à double vitrage (quand elles n'étaient pas cassées). Aujourd'hui, dans notre cercle familial, nous avons atteint une merveilleuse homéostasie: la vaisselle reste intacte, nos bras et le visage de J. ne portent plus de marques de griffures. Mais quand nous sortons pour jouer dans le jardin, nous promener après le dîner ou faire du tandem avec J., nous voyons bien que les voisins savent que notre famille est différente, et que cela ne leur plaît pas toujours.

Nos voisins les plus proches (nous pourrions leur faire passer un gâteau depuis la cuisine) ont toujours été compréhensifs. Mais dans la rue d'à côté, quand nous apparaissons, le voisin cesse de jouer au ballon avec son fils et le fait rentrer à la maison quand nous approchons, ignorant le joyeux «Bon-jouuuuuuur!» de J. C'est lui que nous soupçonnons de nous crier dessus -de derrière d'autres maisons, sans que nous puissions le voir- quand J. vocalise un peu bruyamment dehors. Et puis il y a cette maman, dont le fils a à peu près l'âge de J. (qui, d'ailleurs, crie exactement de la même manière que J.). Quand nous la croisons, elle évite notre regard, et a ostensiblement ignoré notre invitation à une fête. Nous avons aussi entendu, venant de derrière la clôture d'une famille qui nous scrute sans jamais nous saluer: «Oh, c'est J

Ostracisme

Parfois, nous nous sentons victimes d'un ostracisme du XXIe siècle. Avec du recul, bien sûr, il ne s'agit que de petits tracas par de petites gens. La présidente de mon département universitaire invite J. dans son jardin à elle, pour qu'il puisse jouer dans sa piscine, et le laisse vocaliser devant ses voisins qui ne trouvent rien à y redire. Une mini-bande d'ados branchés qui passe devant chez nous après l'école salue toujours J. avec sincérité, quand il leur lance amoureusement un: «Salut, salut,
saluuuuuuuuuuuut!» Je suis heureuse que le cannabis ait donné à J. l'opportunité de sortir et de goûter à la vie. Si parfois elle lui donne des coups, elle lui offre aussi des fleurs.

Je n'estime pas que la marijuana soit un remède miracle contre l'autisme. Mais en tant qu'herboriste amateur, je considère que c'est une merveilleuse plante, tout à fait sûre, qui permet à J. de participer plus pleinement à la vie sans risquer les dangers, et les effets secondaires parfois permanents, des médicaments pharmaceutiques. Maintenant que nous avons trouvé la bonne dose et la bonne souche («White Russian» -très prisée des malades atteints de cancer, qui ont aussi besoin qu'on les soulage d'une souffrance extrême). Libéré de la douleur, J. peut aller à l'école et apprendre. Et son comportement violent ne le condamnera pas à finir à l'hôpital psychiatrique pour enfants local -scénario trop commun parmi ses pairs.

Une amie dont on avait diagnostiqué l'enfant comme autiste mais qui ne l'est plus (il va à l'école au même niveau que sa classe d'âge et a subi trois tests de développement montrant qu'il ne mérite plus ce diagnostic), a voulu s'embarquer dans une sorte de mission karmique pour aider d'autres enfants. Au bout de longues recherches, elle est tombée sur le cannabis exactement de la même manière que moi. «Cela a des implications spectaculaires pour la communauté des autistes» s'émerveille-t-elle. Nous avons des photos de J. il y a un an, à l'époque où il se labourait le visage avec les ongles. Aucun des experts consultés n'avait la moindre piste sur le moyen de l'en empêcher. Ce petit enfant au visage épouvantablement sanglant et couvert de croûtes nous apparaît dorénavant comme un visiteur venu d'une autre planète. Le J. que nous connaissons n'a pas du tout l'air défoncé. Il a juste l'air d'un petit garçon heureux.

L'expérience doejang

Et le cannabis peut encore nous surprendre. Nous craignions que ses «grignotages» n'aggravent les excès alimentaires de J., réaction à ses crampes d'estomac. En fait, la marijuana semble avoir modulé ces symptômes. Peut-être interprétait-il les douleurs de son estomac comme des signaux de faim. Certes, J. peut encore devenir surexcité s'il aime trop un aliment, et parfois, quand il mange, mon mari et moi quittons la pièce pour réduire au minimum ses distractions. L'autre jour, nous avons osé expérimenter le «doenjang», une soupe de tofu fermenté qu'il adorait quand il était bébé. La dernière fois que nous l'avions tenté, il y a un an, il avait envoyé son bol s'écraser contre le carrelage du mur (oh, cette soupe doenjang puante et son million de manières de tout salir...)

Nous avons laissé J. tout seul dans la cuisine devant son bol fumant et nous sommes allés dans la pièce d'à côté. Nous avons attendu. Nous avons entendu le choc de la cuillère contre le bol. Des shlurps satisfaits. Puis un bruit étrange que nous n'arrivions pas à identifier: chkka chkka chkkka bsssshhht doinnng! Nous sommes revenus dans la cuisine, prêts à voir les murs repeints au doenjang. Tout était propre. Le bol et la cuillère avaient disparu.

J. avait mis sa vaisselle dans l'évier, l'avait rincée et rangée dans le lave-vaisselle -ce que nous ne lui avions jamais appris à faire, bien qu'il avait dû nous voir le faire un million de fois. En quatre mois, cet enfant qui ne savait pas s'alimenter seul était devenu capable de se nourrir et de débarrasser la table. Ce bol, pas parfaitement rincé mais presque, a été l'une des visions les plus douces de ma vie de mère. Et j'espère bien qu'il y en aura d'autres.

Marie Myung-Ok Lee
Traduit par Bérengère Viennot

Insolite : il voulait payer sont taxi avec du cannabis

Un homme qui avait voulu payer son taxi avec du cannabis parce qu’il n’avait plus d’argent a été interpellé par la police de Munich (sud) qui a trouvé chez lui plusieurs dizaines de plants de marijuana.


Un homme qui avait voulu payer son taxi avec du cannabis parce qu’il n’avait plus d’argent a été interpellé par la police de Munich (sud) qui a trouvé chez lui plusieurs dizaines de plants de marijuana, a-t-on appris dimanche de source policière.

Vendredi soir, les policiers qui avaient été prévenus par le taxi dont la course n’avait pas été payée, ont retrouvé l’homme, passablement éméché, et l’ont ramené chez lui.

Saisis par la très forte odeur de marijuana émanant de son appartement, ils ont alors inspecté les lieux, indique la police munichoise dans un communiqué.

Ils ont découvert 31 pieds de cannabis ainsi que 353 grammes de cannabis déjà préparé, des balances, ainsi que de l’huile de cannabis.

L’homme, âgé de 30 ans, a expliqué aux policiers que cette production était destinée à sa consommation personnelle car il voulait rester «indépendant» des dealers.

Les coffee-shops fermés aux étrangers : les autorités belge craignent une augmentation du trafic

Dès le premier mai, les coffee-shops installés aux Pays-Bas, près de la frontière belge, seront interdits aux étrangers. Le but est de freiner le tourisme de la drogue. Mais les autorités belges craignent un déplacement du trafic sur leur territoire.


Les visiteurs sont avertis dès le passage de la frontière: "Nouvelle règle: pas de drogues douces à vendre à partir du 1er mai 2012". Les accès aux Pays-Bas depuis la Belgique sont équipés de ces panneaux. Vous l'aurez compris, dans deux jours, pour acheter du cannabis dans un coffe-shop, il faudra respecter deux conditions: habiter aux Pays-Bas et être enregistré comme consommateur.

"Ville plus sûre et plus saine"
Le message a aussi été diffusé sur internet par le bourgmestre de Maastricht. "Nous voulons que Maastricht devienne une ville plus sûre et plus saine. Cela signifie que chaque visiteur, qu'ils soit consommateur, dealer ou drogue runner, sera poursuivi", a déclaré Onno Hoes.

Depuis octobre, les coffee-shops sont déjà interdits aux acheteurs qui ne proviennent pas des pays voisins, comme la Belgique. La nouvelle procédure sera mise en place dans 3 provinces du sud des Pays-Bas dès ce 1er mai. En 2013, les mesures mises en place au sud des Pays-Bas seront étendues à tout le pays.

Trafic en augmentation?
Les bourgmestres belges, eux, craignent qu'en fermant totalement l'accès, le trafic augmente chez nous. C'est une des raisons pour lesquelles la police va multiplier les contrôles. Un demi-million de touristes allaient à Maastricht chaque année.

Source:RTL

[RBH]23 :Le n°6 de la Gazette du Chanvre est sorti !


Pour retrouver les numéros précédents
A télécharger et diffuser sans modération. Gratuite et légale, disponible partout.
Le 12 mai 2012, pour la Marche Mondiale du Cannabis en France, tous et toutes dans les rues avec [RBH]23 - La Gazette du Chanvre.
PDF - 2.3 Mo

Le vin au cannabis made in USA

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Le vin au cannabis made in USA


En France, un tel breuvage ferait bondir le lobby vinicole, mais aux USA certains viticulteurs produisent sous le manteau du vin au cannabis.



Le journaliste Michael Steinberger aborde ce sujet dans un article publié récemment par The Daily Beast. Il a goûté à cette boisson pour la première fois  en 2011 lors d’un repas autour de la gastronomie française.
Pour les besoins de son article, il a rencontré un viticulteur américain basé en Californie, et découvert que cette pratique date des années 1980.
Le viticulteur affirme que la fermentation du jus de raisin avec des feuilles de marijuana est une griffe locale. Certains professionnels voient en elle le premier vin vraiment créé aux USA.
Au centre de cette originale entreprise vinicole, on retrouve le cépage du cabernet sauvignon, réputé justement pour assurer de bonnes cuvées avec le cannabis. Une fois la fermentation alcoolique effectuée, l’alcool commence à extraire le  Tétrahydrocannabinol (THC) des feuilles. Il faut compter environ 9 mois pour obtenir une bouteille de ce vin très confidentiel qui contient 1.5 grammes d’herbe et dont le prix est parfois supérieur à 100$.  
Par Guillaume Roche 

Canada : Une coalition de maires de C.-B. demande la décriminalisation de la marijuana

Les maires de Vancouver, Burnaby, North Vancouver, Vernon, Armstrong, Enderby, Lake Country, et Metchosin sont cosignataires d'une lettre envoyée aux chefs des partis politiques provinciaux et qui leur demande de militer pour la décriminalisation de la marijuana.
Les maires soutiennent qu'une réglementation serrée accompagnée d'une taxation de la marijuana permettra à leurs communautés d'être plus sécuritaires.
Le maire Gregor Robertson explique que la lettre envoyée à Christy Clark, Adrian Dix et John Cummins reflète la nécessité de traiter cette question à l'extérieur des contraintes partisanes.
Plusieurs des maires signataires sont à la tête de communautés qui ont adopté des motions en appui à la coalition Stop the Violence BC.
Cette coalition est composée d'universitaires ainsi que d'experts en santé, en maintien de l'ordre et en droit qui veulent changer les lois sur le cannabis.
Selon Stop the Violence BC, les dirigeants politiques fédéraux et provinciaux doivent créer des lois qui protègent la santé des citoyens tout en permettant d'augmenter les revenus fiscaux et d'éliminer les importants profits qu'empochent les groupes criminels qui font la culture et le trafic de la marijuana.
L'an dernier, quatre anciens maires de Vancouver ont aussi envoyé une lettre aux politiciens de la province pour appuyer la coalition Stop the Violence BC.
Larry Campbell, Mike Harcourt, Sam Sullivan et Philip Owen soutiennent qu'une décriminalisation du cannabis permettrait de réduire la violence due aux gangs.

Pays-Bas : La bataille des coffee-shops

Le Monde daté du 27 avril 2012
Sous la pression d’une partie de la population, les commerces de cannabis des provinces néerlandaises du sud seront fermés à tous les étrangers à partir du 1er mai. Les patrons de ces coffee-shops et des élus travaillistes protestent contre cette mesure
Maastricht (Pays-Bas) Envoyé spécial
Même quand on est prévenu, on ressent un petit choc en lisant l’affiche rouge placardée à l’entrée du coffee-shop Easy Going : " FRANCE : NON ". Depuis octobre 2011, seuls les résidents des Pays-Bas et des pays limitrophes - la Belgique et l’Allemagne - ont le droit d’entrer et d’acheter du cannabis dans les 14 coffee-shops de Maastricht. Pour appliquer cette nouvelle règle, la direction de l’Easy Going a installé à l’entrée un guichet de contrôle : un portier scanne les pièces d’identité, puis actionne un portique pour laisser entrer les clients, un par un.
Le passe cannabis dans le sud des Pays-Bas prendra effet le 1er mai
La salle de ce coffee-shop est propre, bien décorée et, de l’avis général, la qualité du produit est impeccable. Mais les serveuses sont moroses, car elles risquent d’être bientôt au chômage. Dès le 1er mai, sur décision du ministère de la justice, tous les étrangers en seront bannis, sans exception. Par ailleurs, les clients néerlandais seront obligés de s’enregistrer : ils devront aller à la mairie se procurer un certificat de domicile, puis s’inscrire dans le coffee-shop de leur choix, qui leur délivrera un " wietpass " (carte-herbe). Chaque établissement aura droit à 2 000 membres au maximum. Parmi les clients de l’Easy Going, le wietpass n’a pas la cote. Pedro, 31 ans, ouvrier manutentionnaire, est en colère : " Je refuse de me laisser ficher de cette façon. On ne me demande rien quand je bois de l’alcool, alors que c’est une drogue bien plus dangereuse. Je me débrouillerai autrement. "
Le wietpass sera d’abord introduit dans les provinces du sud, le long de la frontière belge : le Limbourg (où se situe Maastricht), leBrabant du Nord et la Zélande. Il sera étendu au reste du pays le 1er janvier 2013.
L’impact sera sans doute très fort à Maastricht, une ville-frontière : ses banlieues ouest et sud sont en territoire belge et, vers l’est, l’Allemagne est à 30 kilomètres. Or les étrangers représentent près des deux tiers de la clientèle des coffee-shops, selon une étude datant de 2008.
Pour expliquer à ses administrés cette nouvelle politique, le maire de Maastricht, Onno Hoes, membre du VVD (droite libérale, au pouvoir), avance des arguments très concrets : " Les coffee-shops accueillent plus de 2 millions d’étrangers par an, surtout belges, allemands et français. Or, ces "touristes de la drogue" créent des tas de nuisances : embouteillages, stationnement illicite, excès de vitesse, tapage nocturne, jets de détritus, bagarres. Les habitants en ont assez, c’est simple. "
Autre problème majeur, l’afflux d’amateurs de drogue a attiré des centaines de dealers de rue : " Des jeunes d’aspect marocain, je ne sais pas comment les définir autrement, viennent ici, enprovenance d’autres villes du pays, poursuit Onno Hoes. Ils suivent les voitures qui ont des plaques françaises, les arrêtent pour leur proposer de grosses quantités de cannabis et aussi des drogues dures. Le soir, ils rôdent dans le centre-ville à la recherche de clients. "
Onno Hoes affirme n’être " ni pour ni contre " les coffee-shops, mais selon lui, une chose est sûre : " Ces lieux ont été inventés pour permettre aux Néerlandais de fumer tranquillement dans leur quartier. Jamais ils n’ont été conçus comme des usines à touristes attirant des millions de gens du monde entier. "
Au-delà des aspects pratiques, le maire laisse entendre que les nouvelles restrictions ont aussi une dimension politique, et même morale : " Ce pays est plus conservateur qu’il y a vingt ans, c’est un mouvement de fond. Pour le cannabis, beaucoup de gens pensent que l’expérience est un échec, car la situation a échappé à tout contrôle. Nous voulons aussi être plus en phase avec nos voisins européens. "
Pour obliger les coffee-shops à appliquer le règlement, canaliser les étrangers refoulés et faire la chasse aux dealers de rue, le maire a obtenu des renforts de police. Il espère qu’après une période transitoire un peu difficile, les étrangers resteront chez eux : " Grâce à nous, les dealers français vont augmenter leur business ! "
Face à cette offensive, les patrons des coffee-shops de Maastricht - douze en centre-ville et deux installés dans des péniches sur la Meuse - tentent de contre-attaquer. Ils se sont regroupés dans une union professionnelle baptisée VOCM, dirigée par Marc Josemans, 53 ans, le propriétaire de l’Easy Going. Puis ils se sont lancés dans une stratégie complexe, souvent mal comprise. Ainsi, l’interdiction des étrangers non frontaliers, en vigueur depuis octobre, est une initiative de VOCM : " Nous voulions prouver ce que tout le monde sait déjà, explique Marc Josemans, que les coffee-shops légaux et réglementés sont la meilleure protection contre le trafic illicite et les gangs. " Il estime que cette politique du pire a été efficace : " Depuis que nous excluons les non-frontaliers, le nombre de dealers de rue a déjà augmenté. Les associations de neuf quartiers l’ont déjà signalé à la mairie. Après le 1er mai, ce sera pire. "
Selon Marc Josemans, les coffee-shops sont un atout économique pour la ville : " Les étrangers qui viennent pour le cannabis dépensent plus de 115 millions d’euros par an dans les autres commerces de la ville. S’ils disparaissent, le manque à gagner sera rude pour tout le monde. " Les coffee-shops de Maastricht, qui emploient aujourd’hui 440 personnes, ont prévu d’en licencier 360, d’autant plus qu’il est aussi question de fermer les coffee-shops situés à moins de 350 mètres d’une école.
Marc Josemans veut aussi se battre pour ses principes : " L’interdiction des étrangers est une discrimination intolérable, contraire à la tradition des Pays-Bas. " Selon lui, les vraies motivations du ministère de la justice sont politiques : " Depuis 2010, le gouvernement est minoritaire au Parlement. Pour exister, il a besoin du soutien du parti d’extrême droite PVV, qui déteste tout, notamment les étrangers et les coffee-shops. Ils mènent contre nous une guerre culturelle, complètement irrationnelle. Nous serons les premières victimes. Ensuite, si on les laisse faire, ils s’attaqueront à l’avortement, à l’euthanasie... "
Les patrons de coffee-shops ne sont pas isolés dans leur combat. Sur les 39 membres du conseil municipal de Maastricht, 21 sont opposés au wietpass. Manon Fokke, responsable locale du parti travailliste (PVDA, principal parti d’opposition), se dit outrée par cette nouvelle politique : " Les Pays-Bas ont toujours été un moteur dans la construction de l’Europe unie. D’un seul coup, nous faisons marche arrière, en imposant cette discrimination bizarre et stupide à nos voisins. "
Elle est persuadée que ces mesures, inspirées par une idéologie d’extrême droite, vont créer de nouveaux problèmes : " Les étrangers viendront toujours s’approvisionner ici, car les Pays-Bas produisent un cannabis de bonne qualité, qui répond à une demande dans toute l’Europe. " Elle affirme que si les travaillistes reviennent au pouvoir, ils supprimeront le wietpass. En fait, ils souhaitent mettre fin au système actuel, très compliqué, de dépénalisation et de tolérance, et légaliser complètement le cannabis. Or, le 23 avril, à la suite d’un désaccord sur le budget entre la droite et l’extrême droite, le gouvernement a démissionné, et des élections anticipées auront lieu prochainement.
Les opposants au wietpass mènent aussi une offensive judiciaire. Trois associations de patrons de coffee-shops et de consommateurs ont porté plainte contre le gouvernement, arguant que les nouvelles règles violent la Constitution. Une première audience a eu lieu dans un tribunal de La Haye le 20 avril. Le jugement pourrait être rendu dès vendredi 27. Il est très attendu par les clients et propriétaires des quelque 650 coffee-shops néerlandais.
Si le tribunal confirme la légalité des nouvelles mesures, Marc Josemans entrera en résistance ouverte. Le 1er mai, il ouvrira son coffee-shop à tout le monde, sans vérifier les identités : " La police viendra constater le délit et fermera l’Easy Going, mais je suis prêt à ce sacrifice. Aussitôt, je lancerai des actions en justice contre la municipalité, pour contester la légalité du wietpass et obtenir des dommages et intérêts. "
Au milieu de la bataille, les clients sont un peu perdus. Pedro, le client de l’Easy Going, découvre qu’il est dans une situation ubuesque : " Je suis néerlandais, je travaille ici, mais j’ai déménagé en banlieue, à 5 km, du côté belge, parce que les loyers sont moins chers. Du coup, même si je voulais un wietpass, je n’y aurais pas droit. C’est dément. " Au Mississippi, un grand coffee-shop-péniche amarré près de la mairie, Joseph, 30 ans, père de famille au chômage, est indécis : " Ça peut être dangereux d’être catalogué officiellement comme fumeur d’herbe, mais s’il n’y a pas d’autre solution... " Son épouse, Sandra, semble résignée : " S’ils n’en profitent pas pour augmenter les prix, je prendrai un wietpass. Sinon, il y a les dealers de rue. "
Un kilomètre plus loin, dans une ruelle du centre-ville, le Rastafari House Boni accueille encore tous les étrangers, qui représentent 80 % de sa clientèle. Si lewietpass est imposé, c’est la faillite assurée, mais la propriétaire, Edeltraud, et sa fille Sarina, qui tient le bar, semblent espérer un miracle. Dans la salle, cinq jeunes Belges sont venus d’Arlon, à 170 kilomètres, pour faire leurs provisions. Ils avaient entendu parler du wietpass, mais n’avaient pas compris qu’il entrerait en vigueur le 1er mai. " Pas grave, assure l’un d’eux, un garçon espiègle, ouvrier dans une usine de beurre, nous irons plus au nord, où ce n’est pas encore appliqué. " A ces mots, Sarina ne peut s’empêcher de sourire : " Le problème avec les fumeurs d’herbe, c’est qu’ils sont trop relax, ils croient toujours que tout va s’arranger. Et parfois, ça marche. "
Yves Eudes
Le portfolio " Les coffee-shops en danger "


Source:CannabisSansFrontiere 

Les Californiens aussi peuvent acheter leur herbe au distributeur

L'Autospense, distributeur de marijuana californien (DR)

Il y a un mois, je vous parlais d’un distributeur automatique de marijuana installé à Auckland dans les locaux de l’association antiprohibitionniste Norml. L’appareil est en fait un simple distributeur de sucreries dans lequel des sachets d’herbe ont été disposés. Une idée originale, mais rien de bien sorcier.
Comme on n’arrête pas le progrès, des Américains viennent de mettre au point un distributeur automatique conçu cette fois spécifiquement pour la marijuana médicale (légale en Californie, comme dans quatorze autres Etats américains).
L’Autospense de Dispenselab est équipé d’un double système d’identification, via une carte et une empreinte, le tout surveillé par caméra. Une fois identifié, le patient n’a plus qu’à choisir l’herbe de son choix et régler en carte de crédit ou en cash. Toutes les transactions sont enregistrées pour éviter les trafics et le tout est disponible 24 heures sur 24, comme un distributeur de billets.
Une première machine a déjà été installée dans un dispensaire de Santa Ana, dans le comté d’Orange. Attention toutefois, l’Autospsense n’est pas donné: entre 1500 et 2000 dollars par mois à la location. A ce prix-là, mieux vaut avoir de nombreux clients.
Arnaud Aubron

Cannabis : l’Espagne prend le relais de la Hollande


Les clubs sociaux, ces associations de consommateurs de cannabis nées dans les années 2000, se multiplient en Espagne, même si le flou juridique demeure. Alors que les Pays-Bas interdisent leurs coffee shops aux étrangers, les fumeurs de hash européens se tournent de plus en plus vers la sociabilité cannabique à l’espagnole. A l'opposé, en France, François Hollande ne veut “pas donner le moindre signal de renoncement à une dissuasion de cette consommation de cannabis".

“Dis-moi que ce n’est pas le plus beau jour de ta vie ?” Début 2011, Hernan vient de signer le contrat pour faire partie de l’Association barcelonaise cannabique d’auto-consommation (ABCDA). Pour 10 euros l’inscription annuelle, ce jeune Colombien étudiant à Barcelone n’aura jamais à errer dans une ruelle sombre et étroite pour acheter ses 3 grammes de marijuana à un inconnu, sans savoir ce qu’on lui vend. Il lui suffit se rendre dans le petit local de l’ABCDA situé à la Barceloneta, quartier de bord de mer, de choisir la variété qu’il veut fumer, de payer 20 euros les 3 grammes et il peut repartir le sourire aux lèvres, sans le mauvais goût de l’illégalité.
J’ai toujours assumé fumer des joints, même si mes parents étaient plutôt contre. Alors quand je suis arrivé à Barcelone et que j’ai découvert l’association, je me suis tout de suite senti dans un pays progressiste",
témoigne l’étudiant en relations internationales.

Du hasch contre la dette

Le système des clubs sociaux, permet aux Espagnols de se réunir en association pour, sous certaines conditions, cultiver et consommer librement du cannabis, une drogue douce dépénalisée depuis 1974 dans le pays.
L'histoire du village catalan de Rasquera, dont 56% des 940 habitants ont voté "oui" au référendum permettant à l’association de cultiver la drogue douce sur ses terres, pour un investissement de 1 336 000 euros sur deux ans, a remis en avant cette légalisation contrôlée. Vue d’une France où François Hollande, vient d’annoncer qu’il ne veut “pas donner le moindre signal de renoncement à une dissuasion par rapport à cette consommation de cannabis", l’initiative ne peut que rendre jaloux les fumeurs français…
Voir inspirer les politiques, car l’objectif de la municipalité est de réduire sa dette publique.

Provocation

“Nous n’avons rien à voir avec Rasquera, nous ne supportons pas l’initiative qui a tout d’une provocation" s'insurge pourtant Martin Barriuso, président de la Fédération des Associations de Cannabis (FAC) en Espagne. Militant de la première heure du droit des consommateurs de cannabis, comme le rappellent Les Inrocks , il est lui-même président d’un des clubs sociaux pionniers en Espagne, le Pannagh, situé à Bilbao.
Mais le problème, c’est que de nombreux nouveaux clubs se créent actuellement en Catalogne, sans conserver l’esprit des associations de consommateurs d’origine défendu par la FAC :
Les clubs sociaux sont plus petits que l’ABCDA qui compte plusieurs milliers de membres, ils n’ont pas de but lucratif et respectent un code de bonne conduite. Au Pays Basque, nous nous sommes mobilisés auprès des autorités publiques pour faire en sorte que les associations de consommateurs soient légalisées et leur statut reconnu. Une commission parlementaire se penche actuellement sur la question, après que le gouvernement régional d’Andalousie a commandé un rapport sur le fonctionnement des clubs au début des années 2000".
Le rapport en question, rédigé par Juan Muñoz, professeur de droit pénal, et la juriste Susana Soto, n’a jamais été publié. Mais un nouveau rapport est sur les rails et pourrait permettre de combler un vide juridique qui angoisse Martin.

40 ans de flou juridique

Et ce n’est pas l’effet secondaire du pétard, mais les nombreuses gardes à vues et saisies qu’il a dû subir en raison du flou juridique qui continue d’entourer les associations de consommateurs en Espagne.
La consommation de cannabis est dépénalisé depuis 1974, mais le Code Pénal continue de punir sévèrement son trafic. Le flou réside entre ce qui est considéré comme de la culture pour consommation propre et ce qui est considéré comme du trafic".
En 2005, après avoir été mis en prison, la justice lui donne raison et classe l’affaire. "A partir de là, les clubs sociaux ont commencé à se multiplier en Espagne, car même si 90% des clubs du Pays Basque ont été saisies par la police, elles savent que ce qu’elles font ne constitue pas un délit".

Des coffee shops déguisés 

Ce qui nous ramène à Rasquera. Si les clubs sociaux membres de la FAC sont sur le point d’être légalisés au Pays Basque, Martin craint que les autorités ne voient l’initiative de Rasquera comme une provocation et ne mettent tous les clubs dans le même sac.  
La marge de manœuvre légale est très limitée et ils jouent avec le feu. Ce sont des clubs commerciaux ! Ils sont conseillés par un cabinet d’avocats qui leur dit que tout est légal et un jour ils vont avoir des problèmes. Le risque, c’est que ça retombe sur tous les clubs alors que la FAC fait justement en sorte de rentrer dans le rang. Les jeunes de l’ABCDA sont sympas comme tout, mais ils brûlent les étapes. Ils sont en train de faire un coffee shop sans en donner le nom",
regrette Martin.
Fin mars, l’ABCDA a été perquisitionnée, des responsables arrêtés et la drogue saisie. Puis tout est rentré dans l’ordre, la drogue et l’argent ont été rendus. Reste à voir si la fougue des membres de l’ABCDA payera ou, comme le craint Martin Barriuso, amènera les autorités à modifier le Code Pénal dans le sens d’une restriction des clubs sociaux, jusque-là tolérés dans la pratique.
Ce qui constituerait un paradoxe. Car au même moment, les Pays-Bas, après avoir interdit l’accès de ses "coffee shops" aux étrangers, s’apprêtent à transformer ses coffee shops en clubs sociaux. Le 1er mai, rappelle Le Point ,
les 670 coffee shops néerlandais deviendront des 'clubs fermés' comptant au maximum 2.000 membres, domiciliés aux Pays-Bas et âgés de plus de 18 ans ".
De quoi faire réfléchir les autorités espagnoles… et européennes.

Source:MyEurop