Cannabis Médical : Casser la loi pour sauver des vies

Dans la plupart des pays, l'utilisation du chanvre est interdite même dans un but médical. L'automédication au cannabis a poussé un grand nombre de citoyens généralement respectueux des lois à entrer en conflit avec le système légal.

Savages : Lutte entre hippies et cartels

Dans Savages, le cinéaste américain Oliver Stone met en scène le combat implacable mais encore «hypothétique» entre des néo-hippies californiens et un cartel de la drogue mexicain cherchant à s’implanter de l’autre côté de la frontière.

INTERVIEW DE JORGE CERVANTES, LE GOUROU MONDIAL DU CANNABIS

Soft Secrets interview Jorge Cervantes, un des grands experts mondiaux du cannabis et collaborateur de Soft Secrets.

Cannabis : les bons plants du Colorado

Depuis 2000, cet Etat américain a légalisé l'usage médical du cannabis. De la culture des fleurs au commerce des produits dérivés, les business se multiplient. Une économie très profitable, y compris pour les finances locales.

La France accro à la prohibition

Publication en juin dernier à New York du rapport de la Commission mondiale sur la politique des drogues (Global Commission on Drug Policy) signé par une kyrielle de personnalités de stature mondiale qui constatent l'échec de la guerre à la drogue...

L'observatoire britannique des drogues compare l'usage de cannabis aux jeux d'argent et à la malbouffe


CANNABIS - Coïncidence ou bon timing? Au lendemain des déclarations de Vincent Peillon, le UK Drug Policy Commission (UKDPC), l'observatoire britannique des drogues, une institution indépendante qui réunit médecins et spécialistes des politiques publiques, lance un appel tonitruant en faveur de la dépénalisation de certaines drogues. Au terme de six ans de travaux d'observations et d'analyses, ses conclusions sont sans ambiguïté: l'usage de drogues est constitue un enjeu comparable aux jeux d'argent ou à la consommation de junk food, le cannabis devrait être dépénalisé.
De manière générale, l'usage de drogues devrait être davantage encadré par l'État qui devrait intégralement repenser sa politique en matière de lutte contre la drogue. "Les sociétés libres acceptent que des individus puissent avoir des comportements égoïstes ou modérément risqués tout en cherchant à les contenir", indique le rapport. Les membres de l'UKDPC ne font pas de cadeau à l'État et aux 3 milliards de livres-sterling qu'il dépense chaque année.
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Pour les rapporteurs, la politique de lutte contre la drogue ne repose sur aucun fondement réel et tant que le gouvernement britannique ne s'adaptera pas à la réalité, il continuera de gâcher non seulement de l'argent public, mais aussi des vies.
Dépénaliser le cannabis
Appelant à "repenser en intégralité", la politique de lutte contre le cannabis, les rapporteurs estiment que la possession d'une petite quantité de drogue par un individu pour son usage personnel devrait désormais constituer un délit et non plus un crime. En Angleterre, et au Pays de Galles, 42.000 individus sont condamnés chaque année pour possession de drogue. 160.000 autres sujets de sa majesté s'en sortent avec un simple rappel à la loi.
De la même manière, la Commission estime que cultiver du cannabis pour sa consommation personnelle "pourrait permettre de lutter contre la commercialisation de sa production." Celle-ci demande au Parlement britannique de reconsidérer toutes les sanctions liées à l'usage de drogue et en particulier celles qui concernent la production et l'offre de cannabis, tout en indiquant clairement que toutes les drogues ne devraient pas être dépénalisées ou légalisées.
"Actuellement, nous n'estimons pas qu'il y a suffisamment d'éléments pour nous permettre d'appeler à une dépénalisation de l'usage et de la production de la majorité des drogues", précise le rapport qui constate que l'apparition de nouvelles drogues a bouleversé le marché des produits illicites, et les moyens de le contrôler. D'où cette volonté de lever le pied sur les drogues les plus douces: "considérer que tous les usages de drogues sont problématiques diminue l'efficacité des politiques publiques", indique-t-il.
Cibler les efforts
Comparant l'usage de drogues aux jeux d'argents ou à la consommation de junk food, le rapport explique que "prendre de la drogue n'est pas toujours dangereux, mais que cette donnée n'est que rarement considérée par les politiques." Les rapporteurs ajoutent qu'ils "n'estiment pas qu'encourager des comportements responsables implique de lutter contre toutes les drogues dans toutes les cas de figure (...) La meilleure politique à suivre dépend de qui on parler, usagers ou distributeurs, des drogues qu'ils consomment ou distribuent, et d'autres facteurs qui leurs sont particuliers, ainsi que les dommages provoqués aux individus et à la société. Il n'existe pas de remède miracle"
"La médecine est sortie de l'époque où elle soignait les maladies sur la base de l'intuition ou des croyances populaires", a déclaré l'un des membres de la Commission, le professeur Colin Blakemore, ex-directeur exécutif du Medical Research Council, l'une des principales institutions publiques de recherche en Grande-Bretagne. "Aujourd'hui, il y a plus qu'un consensus sur l'idée qu'il est contraire à l'éthique, inefficace et dangereux d'employer des méthodes dont les bienfaits ne sont pas prouvées pour soigner certaines maladies. Il est temps que les politiques de lutte contre les drogues commencent à prendre au sérieux les preuves qu'elles ont sous leurs yeux."
L'efficacité comme orientation
Directrice de la Commission, Ruth Runciman, reconnaît que, si le gouvernement britannique a fait beaucoup pour réduire les dommages liés à l'usage de certaines drogues, notamment grâce aux programmes d'échanges de seringue pour les toxicomanes dont les résultats sont prouvés, c'est tout le reste des politiques publiques qui doivent néanmoins être repensées, sur la base de résultats. "Nous dépensons des milliards chaque année sans certitude aucune quant à l'impact que cela va avoir", insiste-t-elle.
Le rapport indique notamment que tout l'argent dépensé en campagne de prévention ciblée sur les drogues n'a aucun effet réel. En revanche, les campagnes de prévention qui s'attaquent plus généralement à la question du comportement à l'école, et ce qu'est un comportement normal, ont elles de véritables effets.
Contre-productif
Les rapporteurs concluent que les méthodes traditionnelles de lutte contre la drogue n'ont qu'un impact limité et généralement non pérenne sur la distribution de drogue. Et le rapport de citer un exemple très concret: "Lorsqu'un groupe de dealers est arrêté, cela conduit à une augmentation de la violence dans la zone où ce groupe opérait, puisqu'automatiquement une guerre s'engage entre les gangs pour récupérer le contrôle de ce territoire." La police devrait donc se concentrer sur les groupes et les dealers les plus violents.
De la même manière, le rapport estime que "les politiques actuelles peuvent être contre-productives lorsqu'elles pénalisent de jeunes adultes qui, en dehors de l'usage occasionnel de drogues, respectent la loi."
Un porte-parole du Home Office, l'équivalent britannique du ministère de l'intérieur, a réagit à la publication du rapport indiquant que "le gouvernement accueille la contribution de la Commission au débat sur les drogues, mais que le gouvernement demeure confiant en sa politique de lutte contre la drogue (...) L'usage de drogue est à son niveau le plus bas depuis que nous recueillons des données sur le phénomène."

Matignon : "Il n'y aura pas de dépénalisation du cannabis"


Le chef du gouvernement clôt le débat. Jean-Marc Ayrault indique lundi qu'"il n'y aura pas de dépénalisation du cannabis", après que le ministre de l'Éducation nationale ait relancé le débat sur la question dimanche.

Matignon indique qu'il n'y aura pas de dépénalisation © Reuters Michael Kooren
À peine relancé, Matignon veut clore le débat en indiquant lundi matin qu'"il n'y aura pas de dépénalisation du cannabis". Le chef du gouvernement Jean-Marc Ayrault et le ministre de l'Education Vincent Peillon se sont parlé au téléphone lundi matin, rapporte-t-on à Matignon.
"Il n'y a pas lieu à polémique", avait indiqué quelques minutes plus tôt le ministère de l'Éducation nationale dans un communiqué. Vincent Peillon revenait sur ses propos de la veille pour indiquer là qu'il s'agissait d'une "réflexion personnelle", qui "ne contrevient pas à sa solidarité totale et entière" avec le gouvernement.
Dimanche le ministre de l'Éducation nationale avait jugé que la dépénalisation du cannabis était un "sujet majeur", alors que le président François Hollande et son Premier ministre Jean-Marc Ayrault y sont opposés.
Lundi matin sur France Info, Jean-François Copé avait vivement réagi, demandant à "François Hollande de trancher le débat dans la journée". "Il y a des sujets sur lesquels ça suffit de faire n'importe quoi", avait ajouté le secrétaire général de l'UMP.
Source:FranceInfo

Documentaire : Les Paradoxes du cannabis


Les Paradoxes du cannabis

Un documentaire d'Olivier Julien diffusé le vendredi 5 février 2010 à 22 h 00.
Quels sont les effets réels du cannabis sur la santé ? Enquête en France et en Europe à partir des résultats des travaux les plus récents.




Insolite: les retraités cultivaient du cannabis sans le savoir


Par Alexis Vintray pour ContrePoints
Un couple de retraités britannique cultivait sans le savoir un énorme plant de cannabis. La police locale a mis un terme à l'innocente culture.

La photo du plant de cannabis diffusée par la police sur Twitter
Singulière surprise pour la police du Bedfordshire dans un jardin ordinaire du centre de l'Angleterre le 5 octobre dernier. Chez un couple de retraités respectables, elle a trouvé "le plus grand plant de cannabis" qu'elle ait jamais vue, plant qui a été aussitôt saisi. Les deux retraités avaient acheté la plante sans savoir ce qu'elle était, et l'avait planté dans leur jardin (voir photo). Ils l'avaient depuis entretenu avec amour, sans suspecter de quoi il s'agissait. Manifestement bons jardiniers, ils avaient fait grandir le plant initial au point qu'il atteigne une taille énorme.
La police a annoncé la saisie sur le compte Twitter de la Bedford Local Police Team, avec la photo. Ultérieurement, dans des déclarations à CNN, le porte parole de la police locale a précisé l'histoire : les deux retraités avaient acheté la plante dans une brocante, en ignorant tout de sa vraie nature. Au vu des circonstances, la police a décidé de ne pas poursuivre en justice le couple. Le plant a toutefois été saisi et sera détruit par les services de police. Contrairement à ce que certains médias britanniques ont pu annoncer, il n'y a pas eu de raid chez les deux retraités.
L'affaire a beaucoup amusé dans le pays (même si à ce jour la presse française n'a pas parlé de l'épisode), déclenchant nombre de commentaires sur les réseaux sociaux et un partage massif de l'information sur Twitter (voir ci-dessus).
L'affaire offre aussi l'occasion de se demander si les lois actuelles sur la drogue sont toutes justifiées. La politique de légalisation menée par le Portugal depuis 10 ans a permis ainsi de très grands succès en matière de santé publique. Le pays, dont les problèmes liés à la consommation de drogue étaient parmi les pires en Europe, a maintenant le plus faible taux d'utilisation de marijuana et un des plus bas de cocaïne. Les pathologies en partie liées à l'usage de drogue, y compris la transmission du VIH et de l'hépatite ont sensiblement diminué, comme l'a rappelé une étude du Cato Institute qui fait référence sur le sujet. Contrepoints vous en propose une synthèse en français ici.
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Source:ContrePoints

"Juré-craché, je ne me dope pas quand je vote la loi"


A tous les parlementaires luttant contre l’hypocrisie et les mensonges


En Italie, "Les Hyènes" forment une groupe d’animateurs d’une émission humoristique mettant en lumière les dessous des centres de pouvoir, avec des micro-trottoirs provocateurs. Le dernier tollé concerne des députés interrogés à la sortie du parlement, à qui l’un après l’autre "Les hyènes" ont passé à chacun un mouchoir sur le visage en prétextant une transpiration excessive de l’interviewé.
Après analyse de la sueur, le scandale a éclaté : plus d’un tiers étaient positifs aux drogues illicites ! Cependant, ce sont "Les Hyènes" qui viennent d’être condamnés pour atteinte à la vie privée d’autrui, alors même que l’identité de ces députés n’a jamais été divulguée !
Mais d’une manière générale, au pays des mafias et du Vatican, il reste difficile de rendre la vie politique plus transparente et cohérente.
Il y a quelques mois, le collectif Cannabis Sans Frontières, en prévision des élections en 2012 envisageait de lancer une opération similaire "juré-craché, je ne suis pas dopé quand je vote la loi" pour tester la rigueur morale de nos élites démocratiques.



Ces élus qui sniffent et fument.
Cinquante parlementaires italiens ont subi à leur insu un test de dépistage de drogues. Seize étaient positifs.
Le test, réalisé pour une émission satirique, a été jugé "scientifiquement sérieux" par un toxicologue.
 le 10/10/2006 - 10h48
Une célèbre émission satirique de la télévision italienne a piégé cinquante parlementaires avec un test de consommation de drogue. Avec un résultat édifiant : le fameux test s’est révélé positif pour seize d’entre eux...
Le "Hyènes show", une émission de la télévision privée de Silvio Berlusconi, s’est fait une spécialité de révéler les turpitudes de la classe politique. Cette fois-ci, sous prétexte d’interroger les élus du peuple sur le projet de budget en discussion au parlement, les animateurs leur ont tamponné le front avec un prétendu "produit de maquillage" - en fait un test chimique révélant la présence de stupéfiant dans la sueur.
Cannabis et cocaïne
Pour douze des élus italiens testés positifs, la substance détectée était du cannabis, et pour les quatre autres, de la cocaïne. Paolo Cento, un représentants du parti des Verts favorable à la dépénalisation de l’usage de drogue a aussitôt dénoncé " l’hypocrisie d’une partie du monde politique qui vote des lois liberticides tout en sniffant de la cocaïne ".
Interrogé par l’agence Ansa, le toxicologue Piergiorgio Zuccaro a assuré que le test était " scientifiquement sérieux ", même s’il n’a qu’une " valeur indicative ". L’émission, qui sera diffusée mardi soir, préservera l’anonymat des coupables, a assuré son réalisateur Matteo Viviani.
D’après agence.

Michèle Poncet-Ramade : "Assécher les dealers de leurs clients"


Marsactu : de quel exemple de politique alternative la France pourrait-elle s'inspirer ?
Michèle Poncet-Ramade : le Portugal a onze ans d'expérience. Leur schéma part du postulat que ne se drogue pas n'importe qui, il y a des personnalités à risque, qui pourraient bénéficier d'une prévention - à l'école déjà s'il y avait un entourage un peu plus vigilant de la jeunesse… Ensuite, il faut accompagner les toxicomanes dans des filières médico-sociales, qui sont très sérieuses, avec des commissions de probation toutes les semaines. Au début, la consommation a augmenté, puis elle a diminué progressivement et le nombre de consommateurs a baissé.
Qu'est-ce que ça change par rapport au trafic ?
On part du consommateur, pas du dealer. Il est repéré, rentre dans une filière médico-sociale, où il est traité. On lui propose éventuellement la drogue sur ordonnance dans des pharmacies, comme c'est déjà le cas en France avec la méthadone pour remplacer l'héroïne. Il n'a plus besoin de s'adresser à un dealer. Celui-ci continue à vendre, mais il aura de moins en moins de clients. On les assèche de leurs clients. Et si la consommation n'est pas illégale (plus précisément ne conduit qu'à une sanction administrative et non pénale, ndlr), la vente le reste. Les Suisses eux ne poursuivent pas les producteurs de cannabis, jusqu'à un certain nombre de plants, ils n'ont par contre pas le droit de revendre. Le but est que ça ne donne pas lieu à de la délinquance dans les rues.
Quid des acteurs de ce qui reste une filière économique, bien qu'elle soit illégale ?
Ils feront autre chose, ils feront un travail légal. Les gens ont le temps de se reconvertir, largement. Le gamin qui a quitté la 4ème pour devenir guetteur, pour moi il aurait dû faire autre chose. Peut-être que si on avait une vraie politique de l'emploi…
Cette volonté de sortir de la criminalisation n'est que peu partagée, y compris dans votre parti. On a vu aussi les déclarations de Samia Ghali sur les "pseudo-gaucho-intello-bobo qui vous disent que fumer un chichon ce n'est pas grave". Idem au niveau national où cela ne semble pas la ligne du ministre de l'Intérieur Manuel Valls...
Nous étions en désaccord avec Karim Zeribi, mais nous avons beaucoup échangé et il a raison : le temps de mettre en place les filières médico-sociales - pour lesquelles il faut des éducateurs, des médecins, des infirmières, des assistantes sociales - il y a une phase nécessaire pour remettre la paix dans la ville et qui passe par les forces de police. Samia Ghali, elle, a le nez dans le guidon, il faut qu'elle regarde la route. Il y a des expériences ailleurs. Sa solution de mettre des barrières à l'entrée des cités tenues par l'armée, je ne vois pas l'intérêt… Les ventes ne se font pas forcément dans les cités. Un des hauts lieux de la vente de drogue, c'est Pastré ! Au niveau national, [l'ex ministre socialiste de l'Intérieur] Daniel Vaillant, qui lui était pour la légalisation, a fait un exposé très clair. [Le maire EELV de Sevran] Stéphane Gatignon a écrit un livre dessus. Mais non, ce n'est pas fait...
Par Julien Vinzent, le 3 septembre 2012

France : Bientôt des «cannabistrots» ?


Farid Ghehioueche, membre du Cannabis social club francilien.
Farid Ghehioueche, membre du Cannabis social club francilien. (Photo DR)

En trois mois, la France a vu naître 150 «Cannabis social clubs». Un adhérent commente l’essor de ces associations autogérées de consommateurs qui entendent peser dans le débat sur la dépénalisation.

Par WILLY LE DEVIN
Candidat aux dernières législatives sous la bannière «Cannabis, santé, libertés, justice», rédacteur en chef de La Gazette du chanvre et militant anti-prohibition,   Farid Ghehiouèche 41 ans, commente l’essor en France des «Cannabis social club» (CSC), sorte de coopérative régulant la production et la distribution du cannabis. Il est lui-même adhérent d’un tout nouveau CSC situé dans l’Essonne.
Qu’est-ce qu’un «Cannabis social club» ?
C’est une association autogérée par plusieurs consommateurs de cannabis qui ont décidé de se regrouper pour planter et partager une récolte. Ce modèle, qui s’inspire des systèmes d'échanges locaux et des Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP), vient de Belgique et d’Espagne. Dans ces pays, la culture du cannabis est dépénalisée en-dessous d’une certaine quantité [5 plants par personne en Espagne, ndlr]. En France, sur les trois derniers mois, 150 «Cannabis social clubs» se sont montés, ce qui représente entre 1200 et 1500 consommateurs.
Comment s’organise la culture et la distribution de l’herbe ?
Chaque «Cannabis social club» est différent. En France, le nombre de membres peut aller de trois à une cinquantaine. En fonction, on évalue les besoins en volume et on définit les variétés de produits à cultiver. Nous essayons de faire pousser le cannabis dans les règles de l’art, sans pesticides. Notre herbe est la plus bio possible. Nous voulons aussi à tout prix éviter certaines souches qui contiennent des métaux lourds et qui s'avèrent extrêmement nocives pour la santé. Ensuite, la distribution se fait au prorata de l’argent investi dans la structure. Pour l’instant, les «Cannabis social clubs» demeurent assez confidentiels car nous marchons sur des œufs vis-à-vis des autorités. C’est pourquoi chacun vient avec ses graines. Dans la mesure du possible, nous évitons encore les achats groupés de plantes. Même sur Internet. Toutefois, si le gouvernement devait dépénaliser à terme, nous pourrions transformer les CSC en vrais lieux de vie. On pourrait ainsi monter des «cannabistrots» ou des «cannabars», sur le modèle de ce qui se fait aux Pays-Bas
Comment faire pour encadrer la production et ne pas déraper vers le trafic de stupéfiants ?
Un «Cannabis social club», c’est avant tout la rencontre d’une communauté, d’un groupe ayant des intérêts communs. Tout est basé sur la confiance. Chaque membre s’engage à respecter un code de conduite qui consiste à cantonner le cannabis à l'intérieur d'un circuit fermé. Toute revente à autrui est interdite. [L’article 222-35 du Code pénal stipule que la production ou la fabrication illicites sont punies de vingt ans de prison et de 750 000 € d’amende. Mais lorsque les faits sont commis en bande organisée, la peine grimpe à trente ans de réclusion criminelle et à 7,5 millions d’euros d’amende, ndlr.] On est dans l’autoconsommation pure. Maintenant, je ne me voile pas la face, je sais bien que certains CSC servent de base arrière à des dealers pour faire du trafic. L’avantage, néanmoins, c’est que tous les adhérents d’un CSC se connaissent. On peut donc s’apercevoir des dérives éventuelles d’un membre avant qu’il ne soit trop tard. L’idée, c’est de veiller collectivement à une bonne utilisation du cannabis. Cela demande une réelle maturité sociale et sociétale.
Les CSC peuvent-ils être perçus comme une arme politique pour peser dans le débat sur la dépénalisation ?
Nous comptons effectivement peser lors du Congrès du PS à Toulouse. Nous soutenons les motions qui prônent la dépénalisation pour que cesse l’hypocrite criminalisation des fumeurs de cannabis. Nous en avons marre de nous cacher et de vivre avec la peur de nous faire contrôler. L’Etat doit prendre ses responsabilités afin d’endiguer l'économie souterraine et encourager l’usage du cannabis thérapeutique. Le 1er décembre, nous organisons une Assemblée générale de tous les CSC de France. Ce jour-là, nous réfléchirons à un acte politique fort : nous pourrions tous nous déclarer comme consommateurs en préfecture et voir quelle sera la réponse des pouvoirs publics.
Source:Liberation

Le cannabis sur ordonnance, son idée fixe


 

Séropositif, Jean-Jacques Simon utilise du cannabis pour se soigner. Il prône son autorisation comme en Italie, en Allemagne ou au Canada…

Par MICHEL HENRY
De la suite dans les idées. Après avoir prôné, en juin 2011, une filière légale de production et de distribution du cannabis pour casser le marché noir, le député (PS) et ancien ministre de l’Intérieur Daniel Vaillant dépose une contribution au congrès du Parti socialiste (à Toulouse, du 26 au 28 octobre), afin d’autoriser l’usage thérapeutique du cannabis.
Signé par onze socialistes, dont Annick Lepetit et Gérard Bapt, ce document intitulé «Cannabis : le laxisme, c’est de ne rien changer» rappelle que, depuis quinze ans, cet usage est légal dans de nombreux pays, dont l’Allemagne, l’Italie ou le Canada, et quinze Etats américains.
Il précise que le cannabis permet de traiter «une multitude de symptômes» dans des maladies graves : effets secondaires d’une chimiothérapie, pertes d’appétit, nausées, vomissements, spasmes dus à la sclérose en plaques, glaucome, etc. Selon les contributeurs,«prolonger son interdiction revient à priver la médecine d’un outil utile». Ou à jeter ses utilisateurs dans l’illégalité.
C’est le cas de Jean-Jacques Simon, dit Jacko, 53 ans. Cet homme grand et volubile a un parcours à part. Accro à l’héroïne, volant pour se procurer sa came, il a passé six ans en taule, jusqu’en 1990. «J’étais l’archétype du multi récidiviste. A 9 heures, je sortais de Clairvaux, à 11 heures, j’avais une shooteuse dans le bras» (1). Détecté séropositif en 1985, il décroche vers 1990 de la dope dure grâce à une postcure.«Mon médecin m’a sauvé la vie.» Mais il subit depuis 1989 des traitements très lourds - il en est à sa douzième trithérapie. Pour les supporter, il consomme son cannabis «sans faire chier personne». L’inverse n’est pas vrai.
Pour lui, l’herbe est une «béquille», un «antidépresseur» qui lui évite de prendre des médicaments qui assomment : «Ce qu’on me prescrit, c’est bon pour rester scotché sur le canapé à attendre mes allocs. Avec l’herbe, le cerveau continue à fonctionner.» C’est aussi un somnifère et un «stimulateur d’appétit», lui ayant permis de gagner 21 kilos en six mois - il était «tombé à 48 kilos pour 1,87 m».
«force majeure». Jacko cultive son herbe, ainsi il «n’alimente pas le trafic». Mais les risques existent. Lors d’un contrôle au péage de Vierzon en janvier 2011, les douaniers trouvent dans sa trousse de toilette 415 grammes d’herbe qu’il remontait du Sud-Ouest, où il la plante. «Mais ils ont tout de suite vu qu’ils n’avaient pas affaire à Pablo Escobar.»
Au point que le tribunal correctionnel de Bourges l’a relaxé, en avril 2011, au motif qu’il a «agi sous l’empire d’une force majeure ou d’une contrainte à laquelle il n’a pas pu résister» (article 122-2 du code pénal). Décision exceptionnelle (2) motivée par les certificats médicaux attestant que les douleurs dues aux pathologies et aux traitements «ne peuvent être calmées que par la consommation de cannabis»,écrivent les magistrats. Qui, seul regret, ne lui ont pas rendu son herbe : l’exonération de responsabilité «n’a pas pour effet de rendre licite la détention des produits saisis».
Les magistrats peuvent donc être sensibles à une argumentation que le législateur, pour l’instant, rejette. Selon le certificat de son médecin, Jacko «a constaté une bonne efficacité de l’utilisation du cannabis, dont les vertus thérapeutiques sont connues». Le docteur Jacques Doll n’a «pas interdit médicalement cette utilisation dans la mesure où elle est efficace, bien tolérée, et améliore sa qualité de vie».
Le praticien suggère, sans succès, qu’on lui délivre une ATU (autorisation temporaire d’utilisation) pour qu’il se soigne dans la légalité. «Vous croyez que mon médecin me laisserait prendre un truc qui me fait du mal ?» questionne Jacko. Même si la preuve scientifique des bienfaits allégués est dure à apporter : «Le patient dit que ses douleurs sont soulagées. Vous êtes bien obligé de le croire. C’est lui qui les ressent», explique le docteur Doll, chef de service à l’hôpital André-Mignot du Chesnay (Yvelines). Pour lui, qui n’est pas un militant de la cause, le cannabis thérapeutique devrait être autorisé «avec une prescription très restreinte et un encadrement réglementaire».
effets secondaires. Cela permettrait à Jacko d’acheter son herbe en pharmacie, comme les malades le font par exemple aux Pays-Bas, où une entreprise en produit. Mais les autorités médicales françaises s’y opposent : l’Académie de médecine rejette ce «faux médicament» aux effets pharmacologiques «d’une intensité modeste», alors que les effets secondaires sont «nombreux et très souvent adverses». Dans ce contexte, l’initiative de Daniel Vaillant «ne donnera peut-être rien»,dit Jacko, mais il veut y croire : «Aujourd’hui, plus personne ne se pose de questions sur les produits de substitution» à l’héroïne, légaux depuis 1995.
Il espère que le cannabis suivra, «ça ne coûterait rien à personne et ça peut rapporter de l’argent à l’Etat». Mais il connaît les freins. D’abord, François Hollande n’a pas l’intention de bouger, par peur de passer pour laxiste. Ensuite, «les gens ont peur que l’autorisation du cannabis thérapeutique soit le cheval de Troie pour la légalisation du cannabis récréatif». Autre risque : le détournement, comme en Californie, où il suffit de se plaindre d’insomnies ou de maux de dos pour obtenir une ordonnance de marijuana. Enfin, les labos «bloquent, pour qu’on continue à se soigner avec leurs médocs». Cela met Jacko «en colère» : «Si j’étais sous Prozac, personne ne me ferait une réflexion.»En attendant, le cannabis lui est interdit, mais il peut «avoir de la morphine», drogue bien plus dangereuse, «et ça ne pose de problèmes à personne».
(1) Il a raconté ses aventures dans un livre, «Brèves de l’intérieur vues de l’extérieur» (Ed. Hors Commerce, 2004). (2) Le 3 octobre 2011, un homme souffrant d’une sclérose en plaques a été reconnu coupable, mais dispensé de peine par le tribunal correctionnel de Strasbourg, qui le jugeait après la saisie de 39 plants de cannabis («Libération» du 13 octobre 2011).
Source:Liberation

Oakland: Les raids anti-cannabis d'Obama

Un mur à l'intérieur du Patient ID Center,... (Photo : Pénélope Fortier, collaboration spéciale La Presse)
Un mur à l'intérieur du Patient ID Center, à Oakland, en Californie.
PHOTO : PÉNÉLOPE FORTIER, COLLABORATION SPÉCIALE LA PRESSE


(Oakland) Depuis des décennies, Oakland, en Californie, est à l'avant-garde du mouvement pour libéraliser l'usage du cannabis: on y trouve d'ailleurs le plus grand dispensaire de marijuana médicale aux États-Unis. Ici, les militants voyaient l'arrivée au pouvoir du président Obama comme un signe positif. Puis les raids ont commencé.
On ne perçoit pas d'effluves de marijuana sur les trottoirs d'Oakland, mais l'herbe fait sentir sa présence partout: dans les logos verts des dispensaires, à travers les vitrines des vendeurs de pipes à haschisch de Telegraph Avenue, sur la murale grande comme un pâté de maisons de l'Oaksterdam University, «l'université du cannabis», en plein centre-ville.
Rendez-vous dans l'une des cliniques d'Oakland et plaignez-vous de maux de dos ou d'insomnie, vous repartirez avec l'autorisation, délivrée par l'État, d'acheter et de faire pousser de la marijuana, un remède légalisé depuis 1996 en Californie.
«Depuis des années, Oakland est à l'avant-garde du mouvement pour libéraliser l'usage du cannabis, explique Jeff Jones, directeur général du Patient ID Center, qui milite pour la marijuana thérapeutique depuis des années. On peut dire qu'ici, on se battait pour ça avant que ce soit cool de se battre pour ça.»
Les résultats de cette bataille sont visibles dans un quartier industriel près du port d'Oakland, où se trouve le Harborside Health Center, le plus grand dispensaire de marijuana médicale des États-Unis, voire du monde. Dans un hangar anonyme protégé par ces caméras de surveillance et des gardiens, le centre emploie 125 personnes et sert des milliers de patients. En 2011, il a réalité un chiffre d'affaires de 30 millions, dont 3,5 millions ont été payés en taxes à la Ville et à l'État de la Californie.
À quelques semaines de l'élection présidentielle, les militants d'Oakland devraient être en train de travailler à la réélection du président Obama, ancien fumeur de cannabis qui s'était engagé à faire progresser la cause de la marijuana thérapeutique en laissant les États gérer eux-mêmes la question.
Or, ces jours-ci, les militants n'ont pas le coeur à la fête. Ils se battent pour leur survie.
Le raid
Le matin du 2 avril dernier, des dizaines d'agents armés et masqués de la Drug Enforcement Agency (DEA) et du département de la Justice ont débarqué au centre-ville d'Oakland.
Ils ont vite investi l'Oaksterdam University, ouverte en 2007 par le militant Richard Lee, qui enseigne comment cultiver la marijuana à des fins médicales et en faire le commerce.
Les autorités n'ont pas expliqué pourquoi elles menaient un raid dans l'école et le dispensaire autorisé qui s'y rattachait. L'école a dû remercier 45 employés, et 63 autres personnes qui travaillaient dans des commerces liés à l'école ont perdu leur emploi.
Cinq mois plus tard, Dale Sky Jones, directrice d'Oaksterdam University, ne sait toujours pas pourquoi le gouvernement a fait fermer l'établissement.
«Le DEA dit que l'attestation d'exécution est sous scellé, dit-elle en entrevue. Or, personne n'a été arrêté, et personne n'a été accusé de quoi que ce soit. Mais ils ont saisi notre matériel, nos ordinateurs, tout.»
Le geste est une gifle, dit-elle, car l'école avait d'excellents rapports avec la Ville et la police municipale. «Si les feds attaquaient des commerces qui sont mal gérés ou qui enfreignent la loi, nous serions pour. Mais ils s'attaquent aux gens sérieux et responsables qui ouvrent la voie, des gens rigoureux qui établissent les meilleures normes dans le milieu.»
L'Oaksterdam University donne actuellement ses cours dans d'autres édifices, et d'anciens employés agissent à titre bénévole.
Puis, le 12 juillet, les autorités fédérales ont placardé un avis dans la porte du Harborside Health Center: le gouvernement ordonne au commerce de fermer ses portes sous prétexte qu'il est devenu un «supermarché» du cannabis thérapeutique et qu'il contrevient à l'esprit de la loi californienne.
La Ville d'Oakland, qui compte sur les revenus du commerce pour boucler son budget, a vivement dénoncé l'affaire. «Nous n'avons pas les moyens de perdre cet argent, de gaspiller les ressources de police de la Ville et de perdre les emplois que le centre a créés», a déclaré la conseillère municipale Rebecca Kaplan dans un point de presse à l'hôtel de ville.
Mike, employé du Harborside Health Center qui joue le rôle d'«ombudsman» et qui a préféré taire son nom de famille, explique que l'annonce du gouvernement a fait peur tant aux employés qu'aux patients du centre. «Le département de la Justice fait fermer les petits dispensaires de la région, puis il nous accuse de connaître une croissance trop rapide. Cette approche ne tient pas la route», dit-il.
Bush devant Obama
Jeff Jones, directeur du Patient ID Center, estime que les positions économiques et sociales du président Obama sont louables. Il se dit toutefois déçu par l'ingérence de son administration dans le dossier de la marijuana thérapeutique en Californie, particulièrement depuis quelques mois.
«Nous avons eu plus de descentes en trois ans sous Obama qu'en huit ans sous George W. Bush, dit-il. Les républicains n'ont rien à gagner à nous attaquer. Les démocrates, en revanche, veulent montrer qu'ils ne sont pas faibles. Ils font des descentes pour montrer au reste du pays qu'ils ne s'en laissent pas imposer par les hippies de Californie. C'est lamentable.»
Les États, rappelle-t-il, ont le pouvoir de légiférer sur la construction des barrages hydroélectriques et la gestion des déchets nucléaires. «Mais ils ne sont pas assez responsables aux yeux de Washington pour s'occuper du pot? Ça montre à quel point le gouvernement fédéral erre lorsqu'il use de cet argument.»
Ces jours-ci, M. Jones donne à ses clients un prospectus où l'on voit le visage souriant du président et une phrase qu'il a prononcée le 23 mars 2008, durant sa campagne contre John McCain, au sujet de la marijuana médicale: «Je ne vais pas utiliser les ressources du département de la Justice pour essayer de contourner les lois des États dans ce dossier.»
Depuis, Barack Obama a modifié légèrement son discours. Dans une entrevue accordée au magazine Rolling Stone, en avril, il a affirmé: «Je me suis engagé à ne pas faire de l'arrestation des gens qui utilisent la marijuana thérapeutique une priorité. Mais je ne peux demander au département de la Justice de passer outre aux lois fédérales.»
M. Jones trouve ironique le fait qu'Obama, qui a lui-même admis avoir fumé du cannabis et consommé de la cocaïne, montre si peu d'empressement à faire évoluer le dossier de la marijuana thérapeutique.
«Obama a eu de la chance de n'avoir jamais été arrêté quand il fumait du pot, dit-il. S'il l'avait été, il n'aurait jamais pu devenir président.»
Barack Obama, «l'Intercepteur»
Barack Obama a plusieurs fois admis qu'il avait fumé de la marijuana durant sa jeunesse.
Or, il semble que le président américain ait eu une relation particulièrement intense avec l'herbe interdite.
Dans une nouvelle biographie intitulée Barack Obama: The Story, publiée en juin, l'auteur David Maraniss, lauréat du prix Pulitzer, explique que le jeune Obama, au temps où il fréquentait l'école secondaire Punahou, à Hawaii, et l'Occidental College, à Los Angeles, dans les années 70, était «connu pour être à l'origine de nouvelles modes dans la consommation de marijuana».
Une de ses idées consistait à fumer dans une voiture en prenant soin de fermer les fenêtres. «Quand le joint était fini, Obama et ses amis renversaient la tête et aspiraient les dernières traces de fumée au plafond, écrit l'auteur. Gaspiller de la bonne fumée de marijuana n'était pas toléré, selon un camarade de classe d'Obama.»
À cette époque, précise l'auteur, Obama était surnommé «l'Intercepteur» parce qu'il avait l'habitude d'intercepter les joints qui circulaient. «Il jouait du coude et, au lieu d'attendre son tour, criait "intercepté! " et inhalait une autre fois.»
David Maraniss prend soin d'ajouter que le fait qu'Obama et ses amis consommaient de la marijuana n'a pas fait d'eux de mauvais élèves pour autant. «En fait, plusieurs des amis de la bande étaient des élèves appliqués et des athlètes qui ont eu des carrières productives comme avocats, écrivains et hommes d'affaires», écrit-il.
Plus de 500 économistes contre la prohibition
Les finances américaines seraient en meilleur état si le pays décidait de légaliser et de taxer la marijuana.
C'est ce qu'affirme une lettre ouverte signée par plus de 500 économistes américains, dont l'un des plus influents du XXe siècle, feu Milton Friedman, ainsi que deux lauréats du prix Nobel d'économie.
«Cesser la prohibition de la marijuana ferait épargner 7,7 milliards par année au gouvernement américain. Si la marijuana était taxée comme un bien de consommation, on en tirerait des revenus de 2,4 milliards par année. Si elle était taxée comme l'alcool et le tabac, les revenus grimperaient à 6,2 milliards annuellement.»
Les signataires disent vouloir «lancer un débat ouvert et honnête» sur la prohibition de la marijuana, une politique qui «a donné des bénéfices minimaux mais qui a pu causer des torts substantiels».
Au moins, le débat «forcerait les gens qui défendent la politique actuelle à montrer que les bénéfices sont suffisants pour justifier les coûts payés par les contribuables, de même que le manque à gagner en taxes.»
La pétition a été lancée par Jeffrey A. Miron, professeur d'économie à l'Université Harvard et auteur du rapport intitulé L'impact budgétaire de la prohibition de la marijuana.
Sur le Net: Prohibitioncosts.org
Source:Lapresse

Cannabis Médical : IACM-Bulletin du 06 Octobre 2012


International Association for Cannabinoid Medicines (logo)


Science/Royaume-Uni: Études cliniques sur l’efficacité du cannabidivarin dans le traitement de l’épilepsie

Des scientifiques de l’université de Reading ont démontré, pour la première fois, qu’un cannabinoïde issu du cannabis, et jusqu’à présent non étudié, pourrait constituer un traitement efficace de l’épilepsie. L’équipe du Department of Pharmacy and School of Psychology a trouvé que le cannabivarin (CBDV) présente la capacité de prévenir les crises, avec peu d’effets secondaires. Le cannabidivarin est un cannabinoïde du même groupe que le CBD.
L’étude menée à l’université de Reading a montré que le CBDV a supprimé les crises chez 6 animaux modèles, aussi utilisés dans la recherche de nouveaux médicaments de l’épilepsie. Les scientifiques ont remarqué que le cannabidivarin est aussi compatible avec d’autres médicaments prescrits habituellement dans les cas d’épilepsie. Contrairement au THC, il n’est pas psychoactif, et n’a donc pas d’effet psychotrope. Le docteur Ben Whalley, qui dirige cette étude a indiqué : « pour nos recherches de composés non psychoactifs destinés au traitement de l’épilepsie, cette étape est extrêmement intéressante. (…) Les médicaments habituellement prescrits pour prévenir les crises, ont des effets secondaires sur la mobilité et les capacités cognitives, ce qui affecte la qualité de vie des personnes qui les prennent quotidiennement. »
La compagnie pharmaceutique GW Pharmaceuticals a indiqué à Reuters que les essais cliniques pourraient commencer dès 2013.

En bref

Science/Homme: un exercice physique modéré fait augmenter les niveaux d’endocannabinoïdes
Dans une étude sur des personnes courant à pied sur des tapis roulants, il a été noté qu’un exercice modéré fait augmenter la concentration d’endocannabinoïdes dans le sang. En revanche, des exercices demandant soit un effort faible, soit un effort important, n’altéraient pas les niveaux d’endocannabinoïdes de façon notable. Les auteurs ont conclu que : « ces résultants sont identiques quel que soient les changements d’état psychologique liés à un exercice dont l’intensité varie, et qu’ils constituent une base pour établir l’hypothèse d’une activité de endocannabinoïde liée aux effets neurobiologiques de l’exercice physique. »
School of Anthropology, University of Arizona, Tucson, USA.
Raichlen DA, et al. EUR J Appl Physiol. 19 septembre 2012. [in press]
Science/Animal: le cannabidiol utile dans les cas de trouble du stress post-traumatique
Dans une étude réalisée sur des rats, que l’on a cinfrontés à confrontés à des chats, le cannabinoïde CBD (cannabidiol) a réduit les réactions de peur une heure après la mise en présence avec le prédateur. Cet effet a été transmis en partie par les récepteurs 5HT1A. Les auteurs ont conclu : « nos résultats suggèrent que le CBD présente un potentiel bénéfique en cas de stress post-traumatique et que les récepteurs 5HT1A pourraient être une cible thérapeutique de traitement de ce trouble. »
School of Medicine of Ribeirão Preto, University of São Paulo, Brazil.
Campos AC, et al. J Psychiatr Res. 11 septembre 2012. [in press]
Science/Cellules: les cannabinoïdes pourraient être utiles dans les cas de cancer du foie
Deux cannabinoïdes qui se lient soit au récepteur CB1 (ACEA), soit au récepteur CB2 (CB65) réduisent la prolifération et la viabilité des cellules cancéreuses du foie. Les auteurs ont écrit : « ces données suggèrent que ACEA et CB65 constituent une option pour un nouveau traitement du cancer hépatocellulaire ».
Faculty of Pharmacy, and Pharmaceutical Sciences Research Center, Tehran University of Medical Sciences, Iran.
Farsandaj N, et al. Toxicol Mech Methods. 17 septembre 2012. [in press]
Science/Animal: l’endocannabinoïde oléamide améliore le sommeil
L’endocannabinoïde oléamide a amélioré le sommeil des rats adultes séparés de leur mère au moment de la naissance. Cette séparation avait conduit à des troubles du sommeil, qui ont été réduits par l’oléamide via l’activation des récepteurs CB1.
Departamento de Fisiología, Facultad de Medicina, Universidad Nacional Autónoma de México.
Reyes Prieto NM, et al. Pharmacol Biochem Behav. 7 septembre 2012. [in press]
Science/Animal: un dérivé du CBG réduit l’inflammation de la sclérose en plaques
Un dérivé du cannabinoïde naturel CBG (cannabigérol) a réduit l’inflammation sur un modèle animal de la sclérose en plaques. Les scientifiques ont utilisé le cannabigérol quinone.
Vivacell Biotechnology España, Córdoba, Spain.
Granja AG, et al. J Neuroimmune Pharmacol. 14 septembre. [in press]
Science/Homme: la consommation de cannabis pourrait faire augmenter le risque de cancer des testicules
Une étude épidémiologique incluant des personnes ayant consommé régulièrement du cannabis a montré que le risque de développer un cancer des testicules était 2 fois supérieur par rapport aux sujets n’ayant pas consommé de cannabis. 163 patients présentant ce type de cancer ont été comparés à 292 sujets contrôle pour la réalisation de cette étude.
Department of Preventive Medicine, University of California, Los Angeles, USA.
Lacson JC, et al. Cancer. 10 septembre 2012 Sep 10. [in press]
Science/Cellules: l’acide cannabidiolique pourrait empêcher l’avancée du cancer du sein
L’acide du cannabidiol, très présent dans la fibre du chanvre, a stoppé la migration des cellules cancéreuses du sein chez la femme. Avant que l’on ne les chauffe, les cannabinoïdes sont surtout présents dans le cannabis sous leur forme acide, et parmi eux le CBDA, l’acide cannabidiolique. Les scientifiques ont indiqué que : « le CBDA offre un potentiel thérapeutique permettant de contrôler la migration des cellules cancéreuses et des cellules du cancer du sein. »
Department of Molecular Biology, Daiichi University of Pharmacy, Fukuoka, Japan.
Takeda S, et al. Toxicol Lett.8 septembre 2012. [in press]
Science/Homme: le cannabis influe sur le risque d’accident de la route
Une étude a montré qu’une concentration sanguine de 2 ng/ml de THC est associée avec un risque d’accident 4 fois supérieur par rapport à des concentrations de THC plus faibles. Les scientifiques ont comparé 337 sujets impliqués dans des accidents, dont 161 avaient consommé de l’alcool et/ou un stupéfiant. Ils avaient été sélectionnés parmi une base de 2726 conducteurs pris au hasard, et dont 301 avaient consommé de l’alcool ou un stupéfiant. Les scientifiques ont conclu : « l’étude montre que la concentration de THC est liée au risque d’accident. L’alcool et la combinaison alcool /drogue sont les substances les plus répandues parmi les conducteurs, ce qui amène un plus grand risque, tant du point de vue du nombre que de l’ampleur.
Department of Neuropsychology & Psychopharmacology, Faculty of Psychology and Neuroscience, Maastricht University, The Netherlands.
Kuypers KP, et al. PLoS One. 2012;7(8):e43496.
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Un coup d'œil sur le passé

Il y a un an
Il y a deux ans

Cannabis thérapeutique : Vaillant appelle le PS au courage


Daniel Vaillant, qui a déposé une contribution en ce sens au Congrès de Toulouse, indique qu'il va aussi, en 2013, écrire une proposition de loi. (Mathilde Girault - Sipa)
Daniel Vaillant, qui a déposé une contribution en ce sens au Congrès de Toulouse, indique qu'il va aussi, en 2013, écrire une proposition de loi. (Mathilde Girault - Sipa)
Daniel Vaillant, ancien ministre de l'Intérieur, appelle ses amis socialistes à "faire preuve d'un peu de courage" sur une légalisation du cannabis thérapeutique qu'il défend en considérant que "la prohibition ne marche pas".
Dans une interview à "Libération " vendredi 5 octobre, le député-maire du XVIIIe arrondissement de Paris assure qu'ouvrir ce débat "n'est pas dangereux, mais "ne rien faire, ça l'est : on est en échec par rapport au trafic, à l'économie parallèle, à la consommation dangereuse".
Pourquoi légaliser le cannabis à fin thérapeutique ? "Il s'agit de soulager des hommes et des femmes lorsqu'ils souffrent de maladies neurodégénératives, de certains cancers ou du sida". "Beaucoup de médecins sont démunis, ils pourraient proposer des dérivés du cannabis, qui évitent l'effet d'addiction".

Ouvrir le débat

Daniel Vaillant, qui a déposé une contribution en ce sens au Congrès de Toulouse, indique qu'il va aussi, en 2013, écrire une proposition de loi.
"J'essaierai de convaincre le groupe socialiste de la déposer. Ensuite, dans les trois ans, je veux que le PS et le gouvernement ouvrent le débat plus largement", poursuit l'élu parisien.
"La France a la législation d'Europe la plus dure et c'est là où on consomme le plus", assure Daniel Vaillant. "Je suggère à mes amis de faire preuve d'un peu de courage".

Source:Lenouvelobs