Howard Marks: Aventurier en herbe .


Ce trafiquant de hasch, qui a enfumé la police pendant des années, est le héros de « Mr Nice ». Un film aussi hallucinant que sa vie.



En 1995, lorsque Howard Marks émerge du pénitencier de Terre Haute (dans l’Indiana), son mariage est en miettes, sa dèche endémique et il balance entre l’obligation de filer doux et l’envie de reprendre ses activités de trafiquant. « Mes fantasmes oscillaient comme les pics et les creux d’une montagne russe », se souvient-il. Avec son physique fatigué à la Keith ­Richards, il ne reste aucune trace de la stricte discipline de yoga et de la diète sans alcool ni cigarettes qu’il s’était imposée en prison car, dès son retour en Grande-Bretagne, Howard Marks l’avoue : « Je suis retombé dans la débauche avec bonheur. » La réinsertion se fera cependant grâce à une généreuse avance pour l’écriture de son autobiographie « Mr. Nice » – le nom de l’un de ses multiples faux passeports – qui deviendra un best-seller puis un
film interprété par son vieux copain Rhys Ifans (« Good Morning England »).

LA DRUG ADMINISTRATIONL'A SURNOMMÉ «NARCO POLO»

Malgré les kilos de hasch qu’il a fumés, Howard a conservé une excellente mémoire et se souvient de sa jeunesse à Kenfig Hill, au pays de Galles, où il grandit dans un milieu modeste, et se révèle brillant élève au point de rejoindre l’élite du royaume à Oxford. Son diplôme de physique nucléaire et de philosophie des sciences en poche, la perspective de devenir prof est vite balayée par la découverte de la fumette, très en vogue dans la vieille cité universitaire. « Dans les années 60, la drogue était privilégiée par l’aristocratie alors que les ouvriers préféraient l’alcool. » Le hippie se lance alors dans les affaires et passe du petit commerce à l’import-export sur une grande échelle. Comme tout contrebandier sérieux, il ne tient pas un carnet de notes mais restitue son parcours à partir des documents constitués par les enquêteurs américains de la DEA (Drug Enforcement Administration), qui l’ont surnommé « Narco Polo » et l’ont poursuivi dix-sept ans. « Le danger m’excitait, mais je n’ai jamais vendu de drogues dures parce que ce business est trop violent. »

Il tombe une première fois en 1973, joue les agents doubles entre un terroriste de l’Ira et un membre des services du

contre-­espionnage britannique (MI6), ouvre une agence à Hongkong, des succursales en Thaïlande et au Pakistan, une antenne à Miami, et même un bordel à Bangkok. Il ne renie rien. En 1988, trahi par ses complices, il est arrêté à ­Majorque où il s’était installé avec sa deuxième femme, Judith, et leurs trois enfants. Extradé aux Etats-Unis et

condamné à vingt-cinq ans de prison, il sera libéré sept ans plus tard. Hier recherché par toutes les polices, Howard Marks est aujourd’hui une vedette multicarte qui joue son propre rôle au cinéma (« Human Traffic »), récite de la poésie en première partie de groupes rock et se produit sur scène, un pétard à la bouche, dans un one-man-show qui fait salle comble. Rangé, mais loin d’être assagi, il se bat pour la légalisation du cannabis et avoue que si c’était à refaire…

Christine Haas - Paris Match

« Mr. Nice. Une autobiographie », de Howard Marks, Mama Editions, 15,50 euros.

« Mr. Nice », de Bernard Rose, avec Rhys Ifans, Chloë Sevigny et David Thewlis. En salles actuellement




[Source:ParisMatch]


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