Dans Savages, le cinéaste américain Oliver Stone met en scène le combat implacable mais encore «hypothétique» entre des néo-hippies californiens et un cartel de la drogue mexicain cherchant à s’implanter de l’autre côté de la frontière.
Adapté du livre à succès de l’Américain Don Winslow, Savages sort vendredi sur les écrans nord-américains.
Oliver Stone y retrouve l’énergie qu’il avait un peu perdue dans Wall Street: Money Never Sleeps (2010), et un thème - la drogue - qui revient régulièrement dans sa filmographie depuis Midnight Express (1978) etScarface (1983), dont il avait signé les scénarios.
Il met en scène trois néo-hippies californiens, Ben (Aaron Johnson), Chon (Taylor Kitsch) et Ophelia (Blake Lively), qui partagent leur vie entre le surf, la fumette, le magasinage, les ébats à trois et une entreprise florissante de culture du cannabis.
Une vie des plus agréables, jusqu’au jour où le cartel d’Elena (Salma Hayek), désireux de mettre la main sur leur petit commerce, leur propose une alliance. Ben et Chon refusent et les sbires d’Elena (Benicio Del Toro et Demian Bichir) enlèvent Ophelia pour faire pression. Les deux hippies décident alors de prendre les armes et de livrer un combat sans merci.
«C’est une fiction, une situation hypothétique», expliquait récemment Oliver Stone lors de la présentation du film à Beverly Hills. «Ce n’est pas Traffic (de Steven Soderbergh, sorti en 2000). Traffic était un film formidable, mais beaucoup plus proche du documentaire. (Savages) est une fiction. Ce qu’il raconte n’est pas encore arrivé».
Comme à son habitude, Oliver Stone s’est beaucoup documenté et a rencontré beaucoup de monde pendant la préparation du film, et en est revenu avec un certain nombre de certitudes.
«Il n’y a encore eu aucune violence majeure (liée à la drogue) du côté américain. Rien d’important», dit-il, comparé aux 50 000 morts mexicains de la guerre contre les cartels, lancée par l’ex-président Felipe Calderon - remplacé à l’élection présidentielle de dimanche par Enrique Peña Nieto.
«C’est dans l’intérêt des cartels mexicains de rester de leur côté de la frontière, car s’ils venaient ici (en Californie), cela leur ferait une très mauvaise publicité et ne serait pas sans conséquences», ajoute-t-il.
Il reconnaît cependant que les cartels ne sont pas complètement absents du marché californien. «Ils sont là, ils cultivent du cannabis (en Californie), on le sait, il y a eu des saisies. Et ils ont peut-être des accords, parce que les meilleurs laboratoires du monde sont ici».
Ce partisan résolu de la dépénalisation des drogues ne tarit pas d’éloge sur le cannabis californien, dont la vente est autorisée dans l’État, officiellement à des fins thérapeutiques.
«Nous avons ici des cultivateurs indépendants, pour un marché à taille humaine, et ce sont des gens très bien», dit-il. «Il font pousser une herbe formidable, la meilleure que j’ai jamais fumée en 40 ans».
Si le coeur d’Oliver Stone penche clairement du côté des néo-hippies, son oeil de cinéaste prend un plaisir évident à déstabiliser ce petit monde en laissant exploser une violence crue, sans laquelle «on expurgerait la situation», estime-t-il.
Pour incarner l’impitoyable «marraine» du cartel, il a choisi la Mexicaine Salma Hayek, affublée pour l’occasion d’une perruque brune à la Cléopâtre.
«C’est une dure à cuire», dit Oliver Stone de l’actrice de 45 ans. «La première fois que je l’ai rencontrée, elle m’a dit: «Espèce d’enfoiré, tu ne m’as même pas auditionnée pour U-Turn (1997), tu as donné le rôle à Jennifer Lopez». J’étais abasourdi. Pour Savages, je lui ai envoyé un mot en Europe et j’ai juste dit: «C’est pour toi»».
Date de sortie en France :
Source:Lapresss
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