Cannabis : Les fumeurs l'ouvrent


Ils ne portent pas de dread locks, ne squattent pas de cages d’escalier et mènent une existence tranquille. Pourtant, ils fument régulièrement du cannabis. Le Blogueur s’est intéressé à eux.
Corentin 27 ans, journaliste : « Fumer me rend plus humain »
« Cela fait plus de dix ans que je fume et j’ai toujours réussi à rester stable dans ma consommation. Je fume généralement une fois pendant la semaine et une autre le week-end. Souvent, il y a deux ou trois joints qui tournent, en général chez moi ou parfois chez des amis. Je préfère l’herbe au shit, à la fois pour le goût et les effets qu’elle procure.
Je fume presque exclusivement le soir, quand je n’ai plus besoin d’être productif. Cela me permet aussi de relativiser les choses. Fumer avec des amis entraîne parfois des fous rires. C’est un remède contre le stress, qui permet de couper avec un certain nombre de préoccupations.
Pour moi, fumer c’est comme faire du sport. Parfois, quand j’ai un souci ou une question qui me taraude, et que je fume (ce qui n’est pas toujours une cause à effet), je prends du recul sur les choses, et cela permet parfois de débloquer une situation, comme lorsque je me suis bien dépensé…
L’avantage est de couper avec la “journée de travail” et de voir les choses différemment. Si je me dis que beaucoup de trips, discussions ou idées que j’ai eu quand j’ai fumé ne me serviront pas, car c’est souvent un peu déconnecté du réel, j’ai aussi l’impression de m’évader, de m’extirper des contraintes et schémas de pensée qui me sont inculqués. A tel point qu’il m’arrive de trouver soit des solutions, soit d’avoir des délires qui égaient ma vie dans les jours qui suivent. En bref, fumer correspond à un bon moment, qui me permet d’aller bien les jours suivants, notamment quand j’y repense. »

Je ne vois pas d’inconvénients, à part les conséquences à long terme sur mon organisme et mes neurones (rires). Et puis on ne sait pas toujours sur quelle came on va tomber. Du coup, les effets, notamment secondaires, sont aléatoires. J’envisage d’arrêter un jour la cigarette, mais je ne pense pas arrêter le joint de si tôt. Le cannabis m’aide à rester serein, calme et me rend peut-être parfois plus humain. »
Thomas 27 ans, infographiste, travaille aussi dans la restauration et l’immobilier : « C’est devenu un geste automatique »
« Je fume environ 8 grammes par semaine depuis 14 ans. Essentiellement du shit car il est super bon en ce moment. Je fume mon premier joint avec le café le matin. Impossible d’avoir faim si je ne fume pas un pilon avant. C’est devenu comme une clope qui me détend un peu plus. C’est une échappatoire qui me permet de me détacher de la réalité qui fout la pression. Je suis moins stressé. À la base, je fume pour ça. Mais maintenant, c’est devenu un geste automatique.
Le problème, c’est que je n’ai plus de “mémoire vive”. Je n’oublie pas les choses importantes comme les rendez-vous, mais plutôt ce que me racontent les gens, les détails des histoires…
Par contre, ça ne m’empêche pas de m’épanouir au niveau professionnel. Je peux très bien travailler fonsdé, même si ça me ralentit un peu le cerveau. Quand t’es dans un studio en train de créer, c’est pas forcément un handicap, bien au contraire. Si j’étais avocat, ça serait plus compliqué. Mais là ça va.
Je n’envisage pas vraiment de fumer toute ma vie. Mais en même temps, c’est possible, je me vois bien fumer un petit pétard en fin de journée à 40 ans. Mais bon, je me laisse un peu porter. Je fume tant que j’en ai envie.
Bédave ne m’a jamais empêché de m’épanouir socialement. Tomber sur une meuf qui ne bédave pas ne me pose aucun problème. Ce qui me pose problème, c’est quand elle veut que j’arrête. Je suis déjà tombé sur ce genre de fille. Mais si ta copine souhaite te modifier, c’est qu’elle devrait changer de mec. Je tiens à dire que je préfère faire l’amour après avoir fumé. En plus, je tiens plus longtemps. »
Alix, 28 ans, maquilleuse : « Je ne considère pas ma consommation comme abusive ou handicapante. »
« Je consomme du hasch régulièrement depuis treize ans : en moyenne deux joints par jour le soir, le week-end, je ne compte pas… Lorsque j’ai commencé à fumer, je le faisais avec amis, pas seule, donc je l’envisageais de manière sociale. En vieillissant, je me suis rendue compte que les gens autour de moi fumaient de moins en moins. Aujourd’hui je fume seule.
Ma consommation a évolué : quand on a quinze ans on pense fumer pour se défoncer, trouver un échappatoire on a une consommation plus intense… Avec l’habitude on fume pour se détendre physiquement et psychiquement. Aujourd’hui, je fume en rentrant du travail et le week-end pour me détendre et me consoler quand je suis stressée. Je fume surtout par habitude mais aussi par plaisir du goût et de la sensation d’évasion…
Il y a de nombreux avantages à fumer quand on n’a pas une consommation malsaine. Mais dans le cas contraire, cela peut aussi engendrer du stress supplémentaire si on est déjà stressé et cela peut rendre parano. Et surtout, quand on fume trop on est fatigué ! Je suis très sportive et il m’arrive de pouvoir gérer une séance en ayant fumé sur joint avant mais ma productivité physique n’est pas la même…
Je ne considère pas ma consommation comme abusive ou handicapante. Elle ne m’empêche pas d’avoir une vie sociale. Autour de moi, peu de gens fument et ceux qui fumaient arrêtent de plus en plus. Mais le fait de fumer des joints n’est pas un obstacle au niveau social car je suis intermittente du spectacle et, on le sait, les intermittents du spectacle sont des gens cool, ouverts d’esprit et qui fument souvent ensemble  à la fin de la journée…. Mon petit ami ne fume plus et cela ne le gène pas non plus car il sait que ça ne m’empêche pas de rester active au quotidien.
En revanche je ne fume jamais quand je travaille ou avant, car cela me ralentit. En vieillissant, j’apprécie de moins en moins le côté fatigant de la fumette, je ne supporte plus l’effet ralentissant. Mais comme toute addiction, je ne pense pas qu’une césure radicale soit bonne pour l’homme. Il vaut mieux diminuer, et avoir une consommation saine. »
Élie, 26 ans, travaille dans la finance : « Je ne conçois pas de mater un film sans un bon gros pilon, qui me fait plonger dans l’œuvre la tête la première. »
« Je fume principalement du shit, faute de pouvoir trouver de la weed de bonne qualité à Paname. Il m’arrive parfois de passer rapidement à Amsterdam pour fumer de la bonne der (deux fois par an). je fume mon shit dans des joints classiques, mais aussi dans des structures et des plateformes (des gros joints avec plusieurs filtres, des collages particuliers…) quand il s’agit de divertir mes potes.
J’ai aussi un pote avocat qui roule des blunts d’herbe de grande qualité mais je ne peux pas dévoiler comment il se fournit. Je bédave chaque jour, un ou deux joints le soir. J’aime principalement l’effet apaisant, relaxant, mais aussi le côté un peu plus mystique et artistique de la chose. Par exemple, je ne conçois pas de mater un film (ciné ou maison) sans un bon gros pilon, qui me fait plonger dans l’œuvre la tête la première.
Je dois tout de même reconnaître que parfois, fumer ne me donne pas spécialement envie de socialiser (uniquement quand je suis fonsdé). D’un point de vue professionnel, je n’ai pas de problème particulier, si ce n’est un léger syndrome “tête dans l’cul” qui me poursuit les lendemains de soirées très enfumées…
Je tiens à souligner que je bédave depuis si longtemps que je n’ai quasiment aucun recul sur les véritables effets de ma consommation sur mon organisme et mon psychisme. Mais je réaffirme ma thèse principale : il y a autant de toxicomanies que de toxicomanes, c’est-à-dire que même si on peut identifier que telle drogue produit principalement tels effets, ces derniers ne s’exprimeront jamais de la même manière et avec la même intensité d’un individu à un autre. C’est pourquoi à l’avenir, je compte continuer à bédave. »
Allemand, Viktor, 23 ans est étudiant en économie : « Je préfère avoir un bon pétard dans la poche qu’une bouteille de bière à la main »
La première fois que j’ai fumé du Haschisch, c’était à l’âge de 15 ans. On campait au bord d’un lac et c’était vraiment le grand cliché : une dizaine de potes, autour d’un feu et un joint qui tourne. Cette expérience était magnifique. L’ambiance était super, on ne faisait que rigoler, je ne sentais pas d’effets secondaires. Si ça avait été le cas, je ne sais pas si j’aurais continué à fumer par la suite. Depuis ce temps, je préfère avoir un bon pétard dans la poche qu’une bouteille de bière à la main. Comme la combinaison avec l’alcool peut être désagréable, je m’abstiens volontiers de boire de d’alcool.
Aujourd’hui je fume régulièrement avec des pauses de temps en temps pour épargner mon cerveau et pour réussir à mes partiels à la fac. Bien que je ne croie pas que l’herbe puisse me nuire à long terme, j’avoue qu’elle me défonce pas mal pendant un moment. Quand je suis stone, je ne suis pas réceptif à 100% et j’ai du mal à apprendre quelque chose par cœur par exemple.
En moyenne, je fume trois fois par semaine, selon mon humeur : quand je veux me la couler douce, une soirée tranquille sur le sofa, je préfère du cannabis fort, par exemple de l’Indica, c’est du lourd. Par contre quand je veux faire la fête, je prend du cannabis plus léger qui te donne la pêche. J’ai aussi essayé du coke et de l’ecstasy mais franchement, ça ne m’a pas convaincu. Je reste avec le cannabis.
Mais honnêtement, je ne sais pas jusqu’à quand je continuerai comme ça. Si le cannabis reste interdit, je peux imaginer qu’un jour, j’en aurais marre d’aller chez mon dealer. Quand j’aurai une famille, je n’aurai probablement pas envie de traiter avec des substances illégales. Mais évidemment que je suis pour la légalisation. Pour beaucoup de gens, le cannabis n’est qu’une étape car les dealeurs vendent souvent d’autres drogues. Alors le risque de prendre des drogues dures est quand même plus élevé chez des gens qui fument du cannabis, c’est sûr. Si on pouvait acheter de la beuh au supermarché comme de la bière, il y aurait moins de problèmes de drogue.
Allemand, Thomas, 22 ans est étudiant en biologie : « Je fume quand il y a de la beuh à la coloc »
J’avais 16 ans quand j’ai fumé mon premier pétard. J’étais à une fête avec des gens un peu moins âgés que moi. L’un d’entre eux avait de la beuh sur lui. On s’est alors caché derrière une haie et un de mes amis nous a fait une véritable introduction à l’art de fumer des joints. Comme à l’époque je fumais déjà des cigarettes, c’était simple pour moi d’avaler la fumée. Pourtant : zéro effet ! Et tous mes potes étaient complètement fonsdés… Je pense que j’ai dû mal faire quelque chose. C’est quand j’ai fumé mon deuxième joint que j’ai vraiment pris du plaisir. L’effet que j’ai ressenti était très différent de celui de l’alcool.
Après, je suis devenu un fumeur occasionnel. Tous les deux, trois mois, je tirais sur un pétard lors d’une fête mais je n’achetais jamais d’herbe. Aujourd’hui, ma consommation est très irrégulière. En fait, ça dépend de si on a de la beuh à la coloc. Quand on vient tout juste d’en acheter, ça peut m’arriver d’en fumer tous les jours – sauf en cas de partiels. Ensuite, il peut y avoir des mois où je ne fume quasiment rien, sauf peut-être le week-end lors d’une partie de frisbee.
D’habitude, je fume du cannabis pour me détendre, par exemple quand je fais des soirées de jeux de société à la maison. Lorsque je vais dans un club pour danser, je préfère l’alcool qui me rend actif quand je n’en bois pas trop. Le cannabis me donne envie de dormir.
Sur le long terme, je ne pense pas que fumer des pétards soit gênant pour ma santé. En tout cas, ça n’a pas de répercussions sur mes performances et ma condition sportives. Même si je fume beaucoup lors d’un tournoi de frisbee le samedi, je n’ai pas de problèmes de respiration le dimanche. En revanche, cette nouvelle étude sur l’impact de la consommation de haschisch sur le QI me trotte dans la tête : quand je fume beaucoup pendant quelques jours, j’ai l’impression de devenir débile ! J’ai alors vraiment du mal à me concentrer mais heureusement, cet effet se perd après quelques jours d’abstention.
J’ai du mal à dire si je continuerai à fumer à l’avenir. Bien sûr que j’aurai envie d’arrêter un jour mais je ne sais pas encore quand. Ça dépend de l’évolution des gens qui m’entourent. Si ma future femme s’y oppose complètement, alors j’arrêterais. Surtout quand j’aurai un enfant. Mais si au moins il me restent quelques potes qui eux fument aussi, je pense que je vais encore continuer pendant bon un moment.
*Pour des raisons évidentes, les prénoms ont été modifiés.
**Les photos ne correspondent pas aux personnes interviewées.
Source:Lebloggeur

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