Les coffee-shops néerlandais comptent fermer leurs portes aux étrangers

Les coffee-shops néerlandais ferment leurs portes aux étrangers

A partir du 1er mai 2012, les étrangers ne pourront plus consommer de cannabis aux Pays-Bas. La réforme néerlandaise aura-t-elle un impact sur les consommateurs de cannabis français? 

Un "permis de consommer " va être instauré aux Pays-Bas. Dès le 1er mai 2012, dans le sud-est du pays, les résidents néerlandais devront présenter leur "carte cannabis" pour entrer dans un coffee-shop. La mesure sera étendue à tous les magasins spécialisés du pays en 2013. Le but est de mettre fin aux nuisances du tourisme du cannabis.  
Les embouteillages, le tapage nocturne et la prolifération des vendeurs clandestins dans les rues ont eu raison de l'indulgence néerlandaise. Les consommateurs français, remarqués parmi ces touristes selon Christian Ben Lakhdar, spécialiste de l'économie des drogues et des addictions à l'Université Catholique de Lille, ne pourront donc plus y acheter de la marijuana. 
Eviter les herbes "coupées"
Près de 1,2 million de Français consommeraient du cannabis, selon l'économiste. Mais contrairement aux idées reçues, le voyage aux Pays-Bas pour la "fumette" n'est pas répandu. "Le coût du transport est un frein et il y a suffisamment de cannabis en France pour ne pas avoir besoin de se déplacer", explique l'enseignant-chercheur. 
Cette pratique attire plutôt les connaisseurs. "Depuis 2006 on a vu apparaître en France des herbes 'coupées', enrichies par des agents chimiques. Cet épisode a marqué la fin du cannabis pur. Ceux qui se rendent aux Pays-Bas sont attirés par la garantie d'obtenir un cannabis de qualité", précise Laurent Plancke, sociologue chargé de recherche auCédre Bleu, un centre de prévention en addictologie à Lille. 
L'entrée en vigueur de cette mesure n'inquiète pas non plus les services de douanes. "Certes, le marché du cannabis est dépénalisé aux Pays-Bas mais le trafic a toujours existé vers les pays limitrophes", sans pour autant être toléré, explique Christian Ben Lakhdar. 
Une interdiction ferme en France
Mais pour Laurent Plancke, cela risque tout même d'accélérer le développement des cultures personnelles en France. "Elles présentent l'avantage de ne pas avoir à faire à un milieu criminogène et minimisent les risques pour la santé. Du coup, elles pourraient prendre un caractère commercial" explique-t-il. Et d'ajouter que "le marché clandestin exclut le contrôle de qualité". Il présente donc un risque sanitaire plus élevé.  
En tout cas, la "carte cannabis" mettra fin à une contradiction européenne. Jusqu'ici, les Français pouvaient partir fumer librement de la marijuana aux Pays-Bas sans être inquiétés à leur retour en France. En revanche, sur le territoire, les peines pour usage ont doublé en nombre et en sévérité entre 2002 et 2008. Et cette fermeté semble persister. Le candidat François Hollande a déclaré ce vendredi sur RTL qu'il ne souhaitait pas que la loi change en France. 

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