Daniel Cohn-Bendit a pris mercredi la défense de Cécile Duflot, très critiquée pour avoir prôné mardi la dépénalisation du cannabis, estimant "normal" qu'une ministre "donne son opinion tout en disant que ce n'est pas la position du gouvernement".
"C'est ni un pétard, ni une boulette", a insisté le député écologiste européen sur Europe 1. "Je trouve normal que Cécile Duflot soit une ministre ouverte qui donne son opinion tout en disant que ce n'est pas la position du gouvernement", a-t-il ajouté.
"S'il y a un projet de loi du gouvernement sur les drogues, alors là, après délibérations, il y a la solidarité gouvernementale et (...) si vous n'êtes pas d'accord avec ce projet de loi, vous sortez du gouvernement. Mais là, il n'y a rien", a-t-il argumenté.
"Si on avait demandé à Cécile Duflot: +êtes-vous pour la sortie du nucléaire, à 4 jours des élections?+ Elle aurait dû dire non? Tout le monde aurait dit, +mais elle est fada cette femme!+", a poursuivi le député européen.
"Est-ce qu'on veut des ministres hypocrites?", s'est agacé encore Daniel Cohn-Bendit, en soulignant que la question de la dépénalisation du cannabis constituait un "vrai débat". "Mais qu'on arrête d'en faire un grand problème politique!", s'est-il exclamé.
Daniel Cohn-Bendit a souligné d'autre part que la dépénalisation du cannabis permettrait de "casser les mafias". "Aujourd'hui, comme c'est interdit, vous faites du fric. La qualité de ce que l'on vous vend, vous ne pouvez pas le contrôler. La dépénalisation va de pair avec un contrôle des drogues, avec un contrôle de la distribution et c'est peut-être pour la santé publique un plus", a-t-il déclaré. Il faut voir "comment dans un monde où la drogue existe, il y ait une éducation pour que les drogues ne soient pas quelque chose qui tue ou quelque chose qui devienne incontrôlable", a poursuivi Daniel Cohn-Bendit.
"Le problème, c'est que toutes les politiques de drogues dans tous les pays occidentaux ont échoué", a-t-il souligné. Daniel Cohn-Bendit s'est voulu toutefois très prudent: "Je ne prétends pas avoir la vérité. Je ne suis pas sûr de mon coup et personne là-dessus n'est sûr de son coup".
Claude Bartolone, député et président PS du conseil général de Seine-Saint-Denis, a pour sa part qualifié mercredi d'"erreur de jeunesse gouvernementale" le plaidoyer de la ministre Cécile Duflot en faveur d'une dépénalisation du cannabis.
"C'est une erreur, une erreur de jeunesse gouvernementale", a-t-il dit sur France Info, ajoutant: "il faut que chaque Français ait en tête que la feuille de route du président de la République et du gouvernement, c'est le rassemblement des Français sur les questions économiques et sociales".
M. Bartolone a admis cependant qu'il "y a un sujet, sur cette question du cannabis". "Mais c'est un sujet trop compliqué pour que ce soit abordé au travers d'une déclaration d'un ou une ministre, quelles que soient ses qualités", selon lui.
Quant à François Rebsamen, sénateur-maire PS de Dijon, il a jugé mercredi que ce n'était "pas le moment" d'en parler même si on ne fera pas "l'économie d'un débat" sur ce sujet, selon lui.
Sur i-TELE, le président du groupe PS au Sénat a précisé qu'il n'était "pas sur la même ligne" que Mme Duflot lui, qui, au cours de la campagne présidentielle, avait prôné de transformer en contravention la consommation de cette drogue, aujourd'hui un délit. Le candidat François Hollande avait refusé ce projet au nom d'un "interdit qui ne doit pas être affaibli".
"Disons que ce n'est pas le moment, elle l'a fait à titre de secrétaire nationale" de EELV, a commenté M. Rebsamen, à propos de la réitération, par la ministre du logement, de la position de son parti en faveur de la dépénalisation.
"Cela dit, sur le fond, je considère qu'on ne peut pas faire l'économie d'un débat sur ce sujet", a poursuivi le sénateur, soulignant: "La vérité c'est qu'il y a de plus en plus de jeunes qui consomment de la drogue". "Dans ce pays, on préfère faire semblant, on se voile les yeux et aujourd'hui des jeunes qui fument du cannabis dans la rue sont fichés au fichier des empreintes génétiques comme des grands bandits alors qu'en réalité, c'est de soins thérapeutiques et de prévention qu'on a besoin", a-t-il argumenté.
Il maintient sa proposition d'une contravention: "il y a 150.000 procédures lancées chaque année. Ca aboutit à une trentaine de milliers de condamnations et 120.000 n'ont rien. Donc on peut dans ce pays, en faisant semblant d'être répressif, avoir 12O.000 fumeurs qui ne sont condamnés à rien".
"Il faut être pragmatique sur ce sujet", a ajouté M. Rebsamen.
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