Pour lutter contre l'insécurité, le gouvernement s'apprête non seulement à légaliser la production et la vente de cannabis, mais aussi à en faire un monopole d'Etat. Du jamais vu.
Le projet qui a été présenté le 20 juin par le gouvernement de José Mujica se compose de 15 mesures dont l’objectif est de lutter contre la hausse de l’insécurité. Ces mesures prévoient notamment des peines plus sévères pour les cas de corruption policière ou de trafic de pâte de cocaïne, ainsi que pour les mineurs délinquants. Il est également question de rendre les services de police plus efficaces. “Nous pensons que l’interdiction de certaines drogues pose plus de problèmes au sein de la société que la substance proprement dite”, a déclaré Eleuterio Fernández Huidobro, ministre uruguayen de la Défense, lors d’une conférence de presse.
Le Parlement examine actuellement trois projets de loi présentés par des députés affiliés à différents partis : ils concernent tous la légalisation de la culture individuelle du cannabis. Le gouvernement a néanmoins rejeté cette possibilité “pour ne pas affecter les pays voisins et ne pas être accusé d’être une sorte de centre international de production et de distribution de drogues”, a expliqué le ministre.
Les narcotrafiquants ont gagné la guerre contre les Etats
Selon Eleuterio Fernández Huidobro, le marché interne de marijuana représente aujourd’hui un commerce qui brasse chaque année 75 millions de dollars en toute illégalité. “Pour cette raison, nous prenons le parti de donner à l’Etat plus de moyens pour contrôler la distribution et la production de cette drogue, a-t-il ajouté. Notre idée n’est pas originale ou étonnante, elle est apparue il y a quelque temps au cours des débats [qui ont lieu dans le monde].” Le ministre a annoncé que son pays se ferait l’avocat de la légalisation sur la scène internationale.
“La politique étrangère de l’Uruguay se concentrera sur la lutte pour la légalisation [de la marijuana], afin d’annuler l’interdiction établie en 1971 par le président Richard Nixon. C’est cette mauvaise décision qui est à l’origine du désastre : une guerre a été déclarée et ce sont les narcotrafiquants qui l’ont gagnée”, a-t-il martelé. Ces derniers temps, des voix se sont élevées en Amérique latine pour demander la légalisation de la drogue. L’objectif est de trouver une solution alternative à la bataille frontale menée contre le narcotrafic, qui, ne serait-ce qu’au Mexique, a entraîné la mort de plus de 70 000 personnes depuis décembre 2006.
Trois anciens présidents, le Brésilien Fernando Henrique Cardoso, le Colombien César Gaviria et le Mexicain Ernesto Zedillo, ont proposé à plusieurs occasions que les Etats soient chargés de réguler la consommation. De son côté, l’actuel chef d’Etat du Guatemala, Otto Pérez, a évoqué la dépénalisation. Le principal obstacle à de tels changements sont les Etats-Unis, principal sponsor de la lutte contre la drogue dans la région.
Toutefois, lors du dernier Sommet des Amériques, qui a eu lieu en avril à Carthagène (Colombie), le président Barack Obama s’est montré plus ouvert. Il a estimé qu’il était “parfaitement légitime d’aborder le sujet”. Et d’ajouter : “En ce qui me concerne, je ne suis pas favorable à la légalisation, mais je suis convaincu que nous devons prendre de nouvelles mesures plus créatives.”
Concernant l’Uruguay, Eleuterio Fernández Huidobro a fait référence à la recrudescence des meurtres liés à des règlements de compte entre délinquants, ce qu’il considère être un “symptôme manifeste de l’apparition de phénomènes qui n’existaient pas auparavant en Uruguay”. De janvier à mai 2012, 133 homicides ont été relevés dans tout le pays, soit une augmentation de 70 % par rapport aux 76 cas dénombrés en 2011 pendant la même période.
En Uruguay, qui compte 3,2 millions d’habitants, 8,3 % de la population a consommé de la marijuana au cours de l’année 2011, ce qui représente 128 000 personnes, selon une enquête de la commission nationale des drogues publiée en mai. La consommation de pâte de cocaïne (1,1 % des personnes interrogées) n’a pas augmenté, mais cette substance est liée à la hausse de la violence des infractions.
“Nous souhaitons […] mener une guerre totale contre le trafic et la consommation de pâte de cocaïne, dont l’usage est parmi les plus faibles, mais dont les conséquences sont inadmissibles. Par ailleurs, ce n’est pas une drogue, c’est un véritable poison”, a déclaré le ministre. Le chef de cabinet, Alberto Breccia, a indiqué que le projet, tout comme d’autres propositions qui devront être adoptées par les députés, sera envoyé “très prochainement” au Parlement.
Le Parlement examine actuellement trois projets de loi présentés par des députés affiliés à différents partis : ils concernent tous la légalisation de la culture individuelle du cannabis. Le gouvernement a néanmoins rejeté cette possibilité “pour ne pas affecter les pays voisins et ne pas être accusé d’être une sorte de centre international de production et de distribution de drogues”, a expliqué le ministre.
Les narcotrafiquants ont gagné la guerre contre les Etats
Selon Eleuterio Fernández Huidobro, le marché interne de marijuana représente aujourd’hui un commerce qui brasse chaque année 75 millions de dollars en toute illégalité. “Pour cette raison, nous prenons le parti de donner à l’Etat plus de moyens pour contrôler la distribution et la production de cette drogue, a-t-il ajouté. Notre idée n’est pas originale ou étonnante, elle est apparue il y a quelque temps au cours des débats [qui ont lieu dans le monde].” Le ministre a annoncé que son pays se ferait l’avocat de la légalisation sur la scène internationale.
“La politique étrangère de l’Uruguay se concentrera sur la lutte pour la légalisation [de la marijuana], afin d’annuler l’interdiction établie en 1971 par le président Richard Nixon. C’est cette mauvaise décision qui est à l’origine du désastre : une guerre a été déclarée et ce sont les narcotrafiquants qui l’ont gagnée”, a-t-il martelé. Ces derniers temps, des voix se sont élevées en Amérique latine pour demander la légalisation de la drogue. L’objectif est de trouver une solution alternative à la bataille frontale menée contre le narcotrafic, qui, ne serait-ce qu’au Mexique, a entraîné la mort de plus de 70 000 personnes depuis décembre 2006.
Trois anciens présidents, le Brésilien Fernando Henrique Cardoso, le Colombien César Gaviria et le Mexicain Ernesto Zedillo, ont proposé à plusieurs occasions que les Etats soient chargés de réguler la consommation. De son côté, l’actuel chef d’Etat du Guatemala, Otto Pérez, a évoqué la dépénalisation. Le principal obstacle à de tels changements sont les Etats-Unis, principal sponsor de la lutte contre la drogue dans la région.
Toutefois, lors du dernier Sommet des Amériques, qui a eu lieu en avril à Carthagène (Colombie), le président Barack Obama s’est montré plus ouvert. Il a estimé qu’il était “parfaitement légitime d’aborder le sujet”. Et d’ajouter : “En ce qui me concerne, je ne suis pas favorable à la légalisation, mais je suis convaincu que nous devons prendre de nouvelles mesures plus créatives.”
Concernant l’Uruguay, Eleuterio Fernández Huidobro a fait référence à la recrudescence des meurtres liés à des règlements de compte entre délinquants, ce qu’il considère être un “symptôme manifeste de l’apparition de phénomènes qui n’existaient pas auparavant en Uruguay”. De janvier à mai 2012, 133 homicides ont été relevés dans tout le pays, soit une augmentation de 70 % par rapport aux 76 cas dénombrés en 2011 pendant la même période.
En Uruguay, qui compte 3,2 millions d’habitants, 8,3 % de la population a consommé de la marijuana au cours de l’année 2011, ce qui représente 128 000 personnes, selon une enquête de la commission nationale des drogues publiée en mai. La consommation de pâte de cocaïne (1,1 % des personnes interrogées) n’a pas augmenté, mais cette substance est liée à la hausse de la violence des infractions.
“Nous souhaitons […] mener une guerre totale contre le trafic et la consommation de pâte de cocaïne, dont l’usage est parmi les plus faibles, mais dont les conséquences sont inadmissibles. Par ailleurs, ce n’est pas une drogue, c’est un véritable poison”, a déclaré le ministre. Le chef de cabinet, Alberto Breccia, a indiqué que le projet, tout comme d’autres propositions qui devront être adoptées par les députés, sera envoyé “très prochainement” au Parlement.
Source:CourrierInternational
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