Une forme modifiée de l'ecstasy pourrait permettre de lutter contre les cellules cancéreuses. Voilà, en quelques mots, le résultat d'une étude britannique qui fait beaucoup parler d'elle. Ce n'est pas la première fois que des psychotropes ou autres stupéfiants dits « récréatifs » (ingérés pour « planer ») sont appelés à soigner. L'administration de « drogues » dans le cadre clinique est longtemps allé de soi. Considérées comme de véritables médicaments, elles ont gagné leur statut de « substance illicite » quand les « malades » détournant leurs usages ou abusant de leurs effets se sont multipliés. Avant la Convention unique sur les stupéfiants de 1961 rédigée par l'ONU, les substances illicites n'étaient quasiment pas répertoriées, du moins pas au niveau international. Cette convention ne prenait pas en compte les drogues de synthèse, pourtant très en vogue à l'époque. Elle a été révisée en 1971, après la grande vague de LSD aux Etats-Unis, et elle est désormais tenue à jour avec l'aide de presque 200 signataires. Petit tour de ces drogues récréatives utilisées pour leurs bienfaits thérapeuthiques. L'opium : celui par qui tout est arrivé Vieux de plus de 5 000 ans, l'opium a traversé les siècles sans trop inquiéter les médecins. Aux XVIII et XIXe siècles, ce psychotrope bénéficie même d'une excellente image ; des poètes et romanciers se réunissent pour en consommer comme d'autres joueraient au bridge. Dans plusieurs pays, l'opium était utilisé par les médecins pour ses effets analgésiques et légèrement anesthésiques. Mais au XXe siècle, avec la multiplication des cas d'addiction, le produit commence à causer des soucis aux Etats occidentaux (la Chine ayant déjà tenté, en vain, de l'interdire sur son territoire en 1729). La Convention internationale de l'opium, premier traité de l'histoire à réglementer l'usage d'une drogue à l'échelle mondiale, voit le jour en 1912. Il a largement contribué à poser les bases de la future convention de 1961. Paradoxalement, à cette époque, beaucoup de patients ont traité leur addiction à l'opium par l'héroïne. Cette substance, dont les effets ravageurs étaient encore peu connus, était prescrite par les médecins qui y voyaient un « substitut » à la morphine contenue dans l'opium, l'effet d'accoutumance en moins. Vendue librement en pharmacie, n'importe qui pouvait trouver de la poudre d'héroïne entre les bonbons pour la gorge et les pommades plantaires. Elle présente « l'avantage » d'être un anti-douleur, comme l'opium, doublé d'un antidépresseur et d'un anxiolytique, que l'on administrait parfois aux enfants nerveux ou turbulents. De la cocaïne, on retient surtout qu'elle fut longuement et vivement défendue par le psychanalyste Sigmund Freud, qui en fit au XIXe siècle le « remède miracle » à bien des affections avant de prendre conscience de sa dangerosité et de la déconseiller. La légende dit que Freud était lui-même un grand consommateur et qu'il a prescrit ce stupéfiant à nombre de ses patients. Avant que l'on reconnaisse les dégâts de la cocaïne, la corps médical l'utilisait comme un moyen extrêmement efficace de pratiquer des anesthésies locales. La drogue a même fini par dépasser le cadre de la santé pour intégrer les rayons des supermarchés : on en trouvait dans de nombreux produits de la vie courante, tels que les chewing-gums, les cigarettes et les boissons sucrées… dont le Coca-Cola, qui ne présente plus de trace du stupéfiant depuis 1929. Synthétisées pour la première fois entre entre le XIX et le XXe siècle, lesamphétamines et la méthamphétamine sont alors utilisées pour soigner, pêle-mêle, des dérèglements du sommeil, des états dépressifs et des problèmes de surpoids, ces psychotropes agissant comme des coupe-faim très efficaces. Le MDMA, ou ecstasy, récemment étudié dans le cadre de traitements contre le cancer (quoique sous une forme modifiée où il est dépouillé de ses substances neurotoxiques et psychoactives), est une amphétamine. Cette drogue sérotoninergique était à l'époque utilisée pour faciliter le contact avec des victimes de chocs post-traumatiques, car elle stimule la sécrétion de sérotonine, une hormone qui régule certains états émotionnels. La dangerosité des amphétamines est surtout liée à son puissant pouvoir stimulant, qui fatigue l'organisme, et à ses effets anorexigènes (suppresseurs d'appétit). Avant de devenir le symbole de la contre-culture américaine et d'être massivement consommé durant les années 60 par les hippies et la génération du psychédélisme, le LSD a intéressé les milieux médicaux, qui ont procédé à un certain nombre d'expérimentations malgré des résultats thérapeutiques souvent peu concluants.(Voir la vidéo) Quelques médecins, relativement peu nombreux, ont utilisé cette substance pour traiter l'héroïnomanie et la cocaïnomanie. Contrairement aux drogues dures découvertes les siècles précédents, le LSD n'a bénéficié d'une crédibilité thérapeutique que très peu de temps. L'utilisation thérapeutique du cannabis, toujours en débat
Le cannabis est listé dans la Convention internationale des stupéfiants de 1961, mais est aujourd'hui encore au centre des débats. (Voir le reportage de BFM TV) Si sa consommation récréative est illégale dans la plupart des pays, son utilisation à visée thérapeutique est d'ores et déjà dépénalisée dans certains Etats, comme la Belgique, l'Espagne ou encore le Canada. Sous des formes différentes, le cannabis médical permet de lutter contre les états nauséeux sévères (qui surviennent à cause d'une chimiothérapie, par exemple), les pertes d'appétit et certaines douleurs très spécifiques. Dans les pays où il est autorisé, sa vente est strictement réglementée. Source: Rue89L'héroïne, « médicament miracle » pour les opiomanes
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