La grève de trop pour Bernard Rappaz ? En annonçant qu’il avait cessé de s’alimenter depuis le 12 août, le plus fameux détenu de Crêtelongue (VS) a provoqué un tollé. C’est le motif invoqué par le chanvrier qui a agacé, surtout : Rappaz, cette fois, se bat pour obtenir un congé de 24 heures, qui aurait dû intervenir le 7 août et qui lui a finalement été refusé. Chantage ridicule, disent certains. Révolte légitime d’un « homme libre », dit Rappaz, qui a accepté de nous recevoir hier dans sa prison sédunoise. Une certitude : le jeûne a fait perdre au chanvrier quelques kilos, mais pas son aplomb. Une grève de la faim pour un simple congé : Monsieur Rappaz, est-ce que vous vous moquez du monde ? Non, parce que je ne fais ça que pour moi. L’an passé, mes grèves avaient pour objectif d’informer le grand public du sort qui m’était réservé. J’ai eu ce que je voulais, on a parlé de mon affaire. Cette fois, c’est différent. Mon combat est d’ordre privé. Mais pourquoi recourir à une méthode aussi radicale pour un motif aussi futile ? Donnez-moi un autre moyen de faire pression sur l’autorité ! Depuis le mois de janvier, je réclame en vain un plan de peine. Les autres détenus en obtiennent un facilement. Mais avec moi, ça traîne. Face à cette injustice, j’utilise le seul moyen qui me reste. Un moyen qui, une fois de plus, va mobiliser une armée de médecins et de fonctionnaires à votre chevet. Ils n’ont pas mieux à faire que de s’occuper de votre personne ? Dans ma situation, n’importe quel prisonnier péterait un câble, refuserait d’aller travailler et agresserait les gardiens. Moi, je garde mon calme et mon sourire, je ne fais de mal à personne. Où est le problème ? Avez-vous conscience du sentiment de ras-le-bol qu’a provoqué l’annonce de cette grève ? Dans ma vie, je n’agis pas en fonction des autres mais en fonction de moi. Je fais selon ma conscience. Ce qui m’intéresse, c’est l’être, pas le paraître. Vous avez pourtant choisi de contacter vous-même les médias pour les informer de votre grève. Pourquoi ? J’avais peur que les gens apprennent que je fais une grève de la faim sans savoir pourquoi je la fais. Je ne voulais pas qu’on en parle mal. Vous vous souciez donc de ce que les gens pensent de vous ! Je suis un homme public, c’est comme ça. Chaque chose que je fais est commentée, et les gens doivent savoir les vraies causes de mes actes. Comment ont réagi vos proches à l’annonce de cette nouvelle grève ? Votre fille, par exemple ? Ma fille, j’ai des contacts réguliers avec elle, elle comprend mon combat. Depuis son enfance, elle me voit faire des grèves de la faim. A chaque fois, on me dit que je ne vais pas tenir le coup, et à chaque fois je m’en sors. Elle ne peut pas être inquiète. Une fille qui voit son père jouer avec sa vie n’est pas inquiète, selon vous ? Ce qui m’agace, c’est qu’on ne posera jamais cette question à un alpiniste ! En jeûnant, je prends moins de risques que pas mal de sportifs. Et je me bats aussi pour ma fille, puisque c’est elle que je devais voir le 7 août, si on m’avait donné mon congé. Source:Cannabis-Sans-Frontière
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