Documentaire : American Weed , la Ruée verte




Au Colorado, plus de 88 000 personnes ont accès aux dispensaires délivrant du cannabis. © Sipa
A 16 ans, Chaz Moore souffre d’une maladie neuro-musculaire rare : sans signes annonciateurs, son diaphragme, son torse puis son cou sont subitement pris de vagues de spasmes, l’empêchant presque de parler et de respirer. Valium, Xanax, Vicodin… Aucun des traitements prescrits par les médecins n’a eu d’effets positifs sur lui. Au contraire. Presque constamment abruti par les médicaments, Chaz n’a conservé quasiment aucun souvenir de l’année de ses 15 ans. Quand un neurologue lui a recommandé d’essayer la marijuana sous forme de comprimés, l’adolescent, malgré ses a priori et ceux de ses parents, n’avait plus grandchose à perdre. Le remède s’est avéré, selon ses propres termes et à sa grande surprise, “miraculeux”, parvenant à calmer ses attaques sans pour autant l’abrutir.

Chaz fait partie des 45 mineurs autorisés par l’Etat du Colorado à consommer de la marijuana pour raisons médicales. Au total, plus de 88 000 personnes se sont vu accorder une red card, le sésame permettant d’accéder dans cet Etat du centre-ouest américain aux dispensaires délivrant du cannabis sous différentes formes. C’est au début des années 2000 que son usage thérapeutique y a été légalisé, faisant du Colorado l’un des fers de lance de la cause verte… et l’un des territoires-tests pour un green businessen plein développement, représentant une manne potentielle de plusieurs milliards de dollars. National Geographic a choisi d’aborder cette industrie en plein boom sous la forme d’un documentaire en 10 épisodes, filmés dans plusieurs villes du Colorado. Dans l’épisode diff usé ce soir, la caméra suit également les responsables d’un dispensaire, une “cultivatrice”, le déroulement de la Medical Cannabis Cup organisée par le magazine “High Times” et l’opération menée par une équipe de policiers.

Le film met en lumière toute l’ambiguïté de ce nouveau business. Par exemple, si l’Etat autorise l’usage thérapeutique du cannabis et la possession de six plants au domicile des détenteurs de la red card, les autorités fédérales, elles, considèrent toujours la possession de marijuana comme un délit, plaçant les forces policières dans une situation inconfortable. "La marijuana est un produit totalement diff érent des autres produits ayant fait l’objet de réglementations dans ce pays. […] La ligne entre ce qui est légal et ce qui ne l’est pas est très floue. D’un côté, on nous dit ‘Laissez-les tranquilles!’, et de l’autre ‘Mettez un terme à tout ça!’’, résume le sergent Jim Gerhardt, de la North Metro Task Force.

Un grand écart que notent également, à un autre niveau, les responsables de dispensaires lorsqu’ils observent d’un oeil méfiant un événement comme la Medical Cannabis Cup faisant la promotion de la marijuana à grand renfort d’attractions, de concours et de miss quand eux souhaiteraient mettre en avant l’aspect réellement thérapeutique du produit. Le documentaire soulève bien l’hypocrisie sur laquelle se fonde cette nouvelle industrie. Car s’il est prouvé que le cannabis a des effets bénéfiques pour les gens souffrant de pertes d’appétit, de maux de dos, de nausées ou de douleurs liées à un cancer, la marijuana reste pour beaucoup un produit purement récréatif et/ou lucratif. L’argument médical n’ayant alors valeur que de prétexte. Ou d’écran de fumée.

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