ENCOD :PLATEFORME DES PERSONNES AFFECTEES PAR LA FERMETURE DE PANNAGH

Note de presse
Plateforme des personnes affectées par la fermeture de Pannagh
Hika Ateneo, Bilbao
26 november 2011

Ce matin, quelques 70 membres de la plateforme des personnes affectées par la fermeture de l’Association Pannagh ont donné une conférence de presse, 30 d’entre eux n’ont pas souhaité apparaître sur les images en raison de la stigmatisation relative à la consommation de cannabis. Un groupe composé de nombreux membres a envoyé son adhésion par écrit. Il était prévu que la conférence de presse soit donnée par l’association Pannagh mais la suspension temporaire de ses activités décidée par le Tribunal d’Instruction n°6 de Bilbao ne nous l’a pas permis. De plus, la municipalité de Bilbao nous a refusé au dernier moment le local prévu pour cela, nous obligeant à changer d’endroit.
Martin Barriuso Alonso, membre n°1, président de Pannagh et principal inculpé a commencé par des remerciements aux soutiens envoyés ces deux dernières semaines par des personnes et entités de nombreux pays. Il a aussi informé que Gorripidea Kultur Elkartea a ouvert un compte sous le n° 3035-0104-27-1040051014 pour recevoir des dons et payer la caution de 15 000 euros imposée par le Tribunal et pour financer les frais de justice, compte tenu que l’association s’est retrouvée sans ressources économiques.

Par la suite, Mikel Isasi, membre n°71 de Pannagh, a expliqué que la Convention des Stupéfiants de l’ONU vient de célébrer son 50 ème anniversaire et qu’en temps qu’élément primordial des politiques des drogues actuelles elle a échoué totalement. Ce fait a été reconnu par différentes instances, y compris par l’Union Européenne dans le récent rapport Reuters-Trautman qui affirme que ces politiques causent plus de dégâts qu’elles n’en résolvent.

Pour faire face à ces échecs, notre association essaie de promouvoir le modèle des Clubs Sociaux du Cannabis, proposition de régulation du cannabis que nous présentons avec beaucoup de succès dans toutes sortes de forums. Isasi a expliqué que, lors de sa garde à vue, le président de Pannagh était invité à intervenir dans une conférence mondiale sur les politiques des drogues, au parlement britannique, devant une audience composée de chefs d’état et d’anciens chefs d’état. Preuve de l’intérêt international porté aux activités de notre mouvement social auquel le tribunal ne semble porter aucun intérêt, nous traitant comme des trafiquants.

Pedro Luis Gomez Barrondo, membre n°120, a fait référence au fait que l’intervention policière et par la suite l’action judiciaire nous a laissé sans défense, et que les mesures provisoires ont condamné de fait, Pannagh, à mort, avant même de vérifier s’il existait des preuves de délit. Gomez a parlé ensuite des avantages de notre système de production et de distribution de cannabis en circuit fermé pour adultes ( le membre le plus jeune a 23 ans), a but non lucratif, qui nous permet d’éviter les risques du marché noir et, en même temps de créer des emplois et de générer des impôts et des cotisations sociales. Il a aussi expliqué comment il est venu à Pannagh se fournir en cannabis pour traiter sa fibromyalgie et quelle aide a apporté notre collectif à lui-même et à d’autres membres.

Concernant l’aspect économique, José Antonio Tabernilla, membre n°2 de Pannagh, a expliqué que le fait que nous ayons 108 000 euros sur un compte de l’association,était une preuve que personne n’avait profité de cet argent. Sinon il aurait été caché, il n’aurait pas été visible sur un compte d’épargne. Par ailleurs si on divise ces 100 000 euros par les 300 membres (327 exactement) cela fait 300 euros par personne, somme inférieure à celle réalisée dans de nombreuses associations et entités à but non-lucratif au-dessus de tout soupçon. Tabernilla a expliqué que, lors de la fermeture judiciaire, l’association avait un personnel de cinq personnes et que 50 personnes ont participé à la récolte de cette année, ce qui génère des frais auxquels il faut ajouter le prix des locations, le téléphone,les voyages…Depuis sa création Pannagh a donné des emplois directs à 13 personnes avec leurs contrats de travail et les cotisations sociales correspondantes.

Durant l’année 2011, Pannagh a payé 12 000 euros à la Sécurité Sociale et dans la déclaration de revenus 2010, 10 000 euros d’impôts ont été payés en plus de la TVA. De ce fait Pannagh a eu le Certificat Positif du Trésor Public de Bizkaia, certificat que possède peu d’entreprises ou entité sur notre territoire et qui signifie que, non seulement nous sommes à jour de nos obligations fiscales, mais que nous n’avons jamais cessé de l’être. En d’autres mots, nous avons le label Q de qualité en matière fiscale, ce qui donne une idée de la rigueur de notre travail.

Txelu Manrique, membre n°675, a expliqué que l’arrêt de la distribution de cannabis de Pannagh l’a obligé à aller à l’hôpital 4 jours durant lesquels les médicaments administrés n’ont pas calmé ses douleurs et ses vomissements. Il a manifesté que la marijuana saisie était sa propriété et celle des autres membres de l’association, qu’il en a un besoin urgent pour sa santé et il a demandé à ce qu’elle soit rendue comme c’est arrivé lors de l’intervention policière de 2005, mais sans attendre 2 ans et qu’elle ne soit plus utilisable comme à l’époque. Il a aussi expliqué qu’une bonne partie de la marijuana sert à des préparations thérapeutiques comme des teintures, élaborées par les membres eux-mêmes et qu’elles ne peuvent pas être utilisées en tant que drogues, puisque ces teintures servent à usage externe et que la Police Municipale ne les a pas saisies pour ne pas altérer l’image de trafiquants qu’elle veut nous coller.

Jairo Perez, membre n°612 a exposé qu’il fait un usage récréatif du cannabis et qu’il est entré à Pannagh par l’intermédiaire d’un ami pour éviter les risques du marché noir. Ce qui lui a permis de connaître la qualité de ce qu’il consomme et que l’intervention policière et la fermeture ultérieure l’ont obligé, comme beaucoup d’autres membres, à retourner acheter au marché noir, où l’absence de qualité est le caractère dominant. Qui plus est, l’argent va dans les poches de réseaux mafieux pour lesquels la police et le juge,au lieu d’affaiblir le marché noir, ne font que le renforcer.

Ensuite, Martin Barriuso est intervenu de nouveau pour expliquer la manière dont fonctionne le système de culture de Pannagh, sur de petites parcelles louées à de jeunes agriculteurs et agricultrices qui sont aussi membres de Pannagh. Ses cultures sont signalisées par des pancartes qui stipulent que les plantes appartiennent à l’association. Ces agriculteurs utilisent des techniques écologiques, s’occupent des plantes avec la participation d’autres membres de l’association, ils sont payés sur factures incluant les heures de travail et la location des installations et des équipements. Ces agriculteurs (au nombre de 12) ont ainsi un complément de revenu qui les aide à survivre dans un moment particulièrement difficile pour l’agriculture. Ce n’est pas une vente mais une collaboration dont le travail réalisé est payé, ainsi que les impôts durant tout le processus, sans que personne n’en vive exclusivement.

La plus grande partie de l’argent bloqué sur le compte sert à payer le travail et la location de cette année .Maintenant ces personnes ne pourront pas être payées.

Par la suite, Barriuso a expliqué que l’opération de la Police Municipale était illégale, inutile et disproportionnée. Illégale parce que, parmi d’autres irrégularités, les policiers ont accédé au local par une tromperie et sans commission rogatoire. Inutile parce que ce qui a été découvert lors de cette enquête bâclée du groupe anti-drogue aurait pu être solutionné tout simplement par une déposition et la présentation des documents pertinents, compte tenu que Pannagh paye tout par l’intermédiaire de la banque et possède les factures et les contrats de toutes ses actions. Et enfin disproportionnée par les moyens déployés exagérés. Par exemple, durant un des dix jours de surveillance et de filature il y a eu 9 agents et au moins 4 voitures uniquement pour suivre Barriuso, alors que ce mardi 15 novembre au matin, une seule voiture de patrouille et deux agents étaient disponibles pour couvrir les districts de Zorroza, Rekalde et Indautxu.

Par ailleurs, Barriuso a dénoncé le fait que cette intervention démesurée se produise après plusieurs années de fonctionnement reconnu. Il y a eu une multitude d’occasions d’arrêter notre activité et cela ne s’est pas fait. Tout d’abord, Pannagh est inscrite dans le Registre des Associations du Gouvernement Basque et ses statuts stipulent clairement la création d’une culture de cannabis pour les membres et la création d’un espace privé pour la consommation. Ensuite, nous avons porté plainte pour vol en cinq occasions, en 2009, 2010 et 2011. Des agents sont venus constater sur les cultures et ont pris des échantillons de nos plantes. On a aussi indiqué l’emplacement de plusieurs cultures, par écrit, à la police.

Pannagh a aussi fait connaître sous diverses formes la nature de ses activités. Par exemple, récemment, lors du Forum Monographique sur le cannabis organisé par Arateko, où le président de Pannagh a expliqué de manière détaillée, en présence du Procureur Général du Pays Basque et les procureurs de Gipuzkoa et d’Araba, ce qui prouve l’absence de clandestinité. De fait, nous attendions une visite du Procureur Général au local de l’association, où il allait constater notre fonctionnement de visu.

Barriuso a aussi expliqué que Pannagh a la conviction de rester dans le cadre de la loi et que nous avons toujours été de bonne foi. En plus de divers rapports juridiques (dont un émanant du Département de l’Intérieur du Gouvernement Basque) dans lesquels il est dit que nos activités sont légales, nous avons un antécédent judiciaire favorable. En effet, en 2005 nous avons subi une intervention policière semblable de la Police Locale de Bilbao qui avait affirmé avoir saisi 150 kilos de cannabis (presque le double de cette fois-ci), le dossier fut classé sans suite par le Tribunal Provincial et la marijuana nous a été rendue. De plus, Barriuso a déjà été inculpé en 1997 en tant que président de l’association Kalamudia, pour 200 kilos de marijuana, et le dossier a été également classé sans suite, avec l’autorisation expresse du jugement pour la récolte.

Le président de Pannagh a expliqué qu’il n’est pas le propriétaire de l’association, mais un employé révocable à tout moment qui doit obéir aux décisions de l’assemblée générale. En fermant le local et en interdisant toute activité, le juge établit un préjugé et présume que nous ne sommes pas un collectif à caractère associatif mais un commerce particulier. En fait, ça donne l’impression que l’on nous a fermé pour nous empêcher de nous défendre.

Barriuso a aussi précisé qu’il ne s’enrichit pas avec le travail qu’il fait à Pannagh, comme l’a reconnu le juge qui a ordonné sa mise en liberté sous caution, affirmant dans son ordonnance qu’il n’y a pas de risque de fugue, compte tenu que l’inculpé est fonctionnaire de la Mairie de Bilbao et qu’il n’a pas besoin de travailler dans l’association pour vivre et que le salaire qu’il perçoit et les biens qu’il possède (une voiture de 14 ans saisie lors de l’inculpation, une maison hypothéquée depuis 18 ans et évaluée a 100 000 euros ainsi qu’un compte de 2 000 euros qu’il a du dépenser pour payer la caution) ne lui permettent pas de quitter le pays.

Il a aussi expliqué que la façon de travailler de Pannagh n’a rien à voir avec celle de trafiquants : on informe tout le monde de ce que nous faisons, y compris la police et le procureur. Nous communiquons à la police les endroits où nous cultivons, l’argent est mis en banque, tout est payé avec la carte et nous avons des factures, les travailleurs sont déclarés à la sécurité sociale, nous avons un magasin sécurisé que nous payons avec un compte épargne visible et notre marijuana a un cachet d’identification qui inclut notre numéro de registre. En fait, nous donnons tous les renseignements pour nous localiser et intervenir. C’est pour ça qu’il leur a été facile de paralyser nos activités. ¿Vous imaginez un trafiquant qui mettrait une photocopie de sa carte d’identité dans chaque paquet de drogue ?

Cette inculpation met 5 personnes au chômage et 327 membres, dont 157 usagers thérapeutiques, sans approvisionnement. Barriuso a exposé sa situation personnelle déplorable : on l’a laissé sans travail, sans voiture, sans argent, sans téléphone ni agenda, sans ordinateur ni même les clés de sa maison et sans les papiers de sa mère. Il considère qu’il a été condamné sans jugement.

Le président de Pannagh a dénoncé le fait que la police et les tribunaux ont causé beaucoup de torts et qu’il a été gaspillé beaucoup d’argent de façon absurde dans les poursuites contre Pannagh, une association qui apporte beaucoup à la société puisqu’elle crée des emplois, réduit le marché noir, assiste des patients qui ont droit à une attention particulière et qui paye des cotisations sociales et des impôts , si importants en temps de crise. Et donc Barriuso s’est demandé : à qui a-t-on fait du tort ? Où sont les victimes ? Il a aussi dénoncé la façon dont on les a traité, comme s’il c’était agi d’assassins, pour avoir fournit en privé et sans but lucratif, une plante médicinale.

Finalement Barriuso a manifesté sa fierté du travail réalisé, de l’association qu’il préside et de ce que cela apporte au nécessaire, et pourtant toujours ajourné, débat sur la politique des drogues.

Plateforme des personnes affectées par la fermeture de Pannagh.
Contact :
Presse (34) 676681363
Martín Barriuso (34)670996335
e-mail : eusfac@gmail.com

Source:Encod

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