Alors qu'environ 175 000 étudiants en grève prennent d'assaut les rues du Québec pour défendre le droit à l'éducation – avec l'appui de 1300 professeurs des niveaux collégial et universitaire – il serait bon de mettre certaines choses en perspective.
En haussant les frais de scolarité de 75 % sur cinq ans, le gouvernement de Jean Charest entend aller chercher 332 millions $ dans les poches des étudiants. Il s'agit là d'une hausse draconienne, qui va beaucoup plus loin qu'une simple indexation proportionnelle à l'inflation. Pour les jeunes dont les salaires n'augmentent pas au même rythme, cette mesure fera mal. Très mal.
Or la loi omnibus C-10, adoptée par le gouvernement fédéral le 12 mars, coûtera un bras et une jambe à l'ensemble de la population, et risque d'entraver l'accès à l'éducation des jeunes contrevenants qui souhaitent revenir dans le droit chemin.
Malgré les promesses du ministre de la Justice Jean-Marc Fournier de restreindre la portée des dispositions de C-10 – principalement celles portant sur les jeunes contrevenants – les coûts d'administration de la justice sont voués à augmenter considérablement.
Selon La Presse, « M. Fournier a demandé au gouvernement de Stephen Harper d'assumer le coût de ses initiatives, qu'il évalue entre 40 et 80 millions $ par année pour la simple application de ses dispositions, et à 750 millions $ pour la construction de nouvelles prisons. »
Si l'on fait une moyenne de 60 millions $ et que la construction de nouvelles prisons s'étale sur dix ans, nous arrivons à une somme de 135 millions $ par année pour faire appliquer la Loi C-10 au Québec.
Or selon la CLASSE, la hausse des frais de scolarité servira à financer les universités à hauteur de 216 millions $ sur cinq ans, soit un réinvestissement de 43,2 millions $ par année dans l'éducation.
Autrement dit, les étudiantes et étudiants québécois se mobilisent actuellement pour un enjeu financier trois fois moins important que celui représenté par C-10. Sans nier le bien fondé du mouvement de grève, les association étudiantes témoignent à leur manière de l'« autisme politique » de la société québécoise, qui fait semblant de ne plus faire partie du Canada, et semble incapable de lier ses problèmes à la dynamique en cours à Ottawa.
Les prisons sont l'école du crime
Pierre Cloutier - un avocat et ardent défenseur de la légalisation du cannabis - nous le disait déjà en 1996 : « Les prisons sont l'école du crime ».
Or malheureusement, cet adage est devenu réalité au Canada. En imposant des peines minimales obligatoires et tout un train de mesures destinées à durcir la répression sous prétexte de lutter contre la criminalité, cette loi sert à financer « l'école du crime », au détriment d'un véritable système d'éducation accessible de la garderie à l'université.
La Loi C-10 poursuit également la politique de prohibition des drogues de plus en plus décriée à travers le monde pour son inefficacité. Les peines minimales pour des crimes non violents en matière de drogues vont assurément être la source principale d'incarcérations supplémentaires.
Bref, nous incitons tous les braves grévistes à avoir une petite pensée pour la légalisation des drogues lorsqu'ils reprendront la rue dans les prochains jours. Il n'est pas vrai que nous devrions renoncer, en tant que société, au droit à l'éducation. Et il est inacceptable que les jeunes aient pour seuls choix de finir endettés ou criminalisés.
Source:BlocPot
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