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Suisse : les marchés du cannabis et de la cocaïne se mélangent de plus en plus.
La contrebande et le trafic de cannabis, d’héroïne et de cocaïne passent de plus en plus par les mêmes canaux. Des groupes criminels agissent d’une part en parallèle sur plusieurs marchés de stupéfiants et, d’autre part, on y observe des activités de troc, c’est-à-dire que des personnes de Suisse se procurent de la cocaïne auprès d’Africains de l’ouest et ne la paient pas avec de l’argent mais avec de la marihuana qu’ils produisent eux-mêmes.
Ces dernières années, des informations de plus en plus fréquentes indiquent qu’en Suisse, des personnes et des groupes criminels étendent le trafic d’héroïne et de cocaïne au trafic de cannabis. Concernant les trafiquants impliqués, les tactiques et l’utilisation de violence, on observe que le trafic de cannabis se rapproche de plus en plus du trafic d’héroïne et de cocaïne.
Des personnes et des groupes d’origine albanaise, qui dominent le trafic de l’héroïne dans notre pays, importent de la marihuana d’Albanie en Suisse et l’écoulent dans la vente de détail. Dans certains cas, des criminels albanais se sont aussi manifestés en participant en Suisse au financement ou à l’exploitation de cultures de cannabis sous toit. Selon des rapports concordants d’organisations internationales, de plus en plus de cocaïne et de marihuana sont transportés sur les routes de contrebande qui passent par les Balkans.
Dans certains cantons de Suisse alémanique, des personnes et des groupes d’Afrique du Nord, qui jouent un rôle important sur le marché du haschisch, sont nouvellement observés depuis 2010 dans le trafic de cocaïne. Selon les éléments dont disposent des organisations internationales, une importante route de contrebande de la cocaïne va de l’Afrique de l’Ouest à l’Espagne en passant par l’Afrique du Nord. La cocaïne est distribuée depuis l’Espagne dans toute l’Europe occidentale. Pour la traversée de la Méditerra- née, les contrebandiers empruntent les mêmes voies que celles utilisées depuis longtemps pour la contrebande du haschisch marocain.
Des personnes et des réseaux d’Afrique de l’Ouest participent très largement au marché de la cocaïne en Suisse. Mais la police constate que ces personnes et ces groupes sont aussi impliqués dans le trafic de marihuana ; ils sont surreprésentés dans les statistiques de dénonciation pour trafic de cannabis. Il est possible que la consommation de cannabis soit répandue auprès des Africains de l’Ouest qui séjournent dans notre pays, mais il n’y a pas de chiffres à disposition à ce sujet.
Enfin, certaines personnes en Suisse financent leur consommation de cocaïne en cultivant du cannabis dans de petites ou moyennes installations de production. Elles vendent le cannabis directement aux consomma- teurs ou à des intermédiaires et utilisent leurs bénéfices pour leur propre consommation de cocaïne. Plusieurs informations indiquent aussi que des producteurs suisses échangent directement de la marihuana pour de la cocaïne. Dans ces cas, ce sont souvent des Africains de l’Ouest qui sont leurs partenaires de troc. Ces derniers consomment eux-mêmes la marihuana ou la vendent à leurs clients.
APPRÉCIATION
En Suisse, la vente simultanée de cannabis et d’autres stupéfiants est connue depuis assez longtemps. Par contre, il est nouveau que ces divers marchés se touchent déjà pendant la contrebande et le trafic intermédiaire. Il est difficile d’estimer si ce mélange des marchés de stupéfiants, encore rudimentaire, aura des répercussions à moyen terme sur les habitudes des consommateurs. En général, les consommateurs de drogues – et ceci est particulièrement vrai pour le cannabis – choisissent consciemment les substances qu’ils consomment et leurs sources d’approvisionnement. Le cannabis, l’héroïne et la cocaïne sont deux substances très différentes, tant du point de vue de la forme dans laquelle elles sont consommées que de leur effet et de leur prix. Le risque que les consommateurs de cannabis se retrouvent plus souvent en contact avec de la cocaïne est donc assez limité.
En Suisse, le marché du cannabis est essentiellement approvisionné par la production locale. Les cultures se font à un niveau industriel dans des locaux commerciaux, des appartements et des étables vides. Le cannabis est cultivé sous toit et dans le secret, les plantations sont en partie surveillées ou protégées des vols. Dans le milieu des producteurs suisses, des actes de violence sont souvent observés. Lors de perquisitions dans des plantations, des armes ont à plusieurs reprises été saisies.
Ces dernières années, la consommation de cannabis a quelque peu diminuée. Simultanément, les prix ont tendanciellement augmenté. Le léger recul de la demande, conjugué avec des prix nettement plus élevés, entraîne un brassage d’argent croissant sur le marché du cannabis. Le marché noir est en plein boom et le chiffre d’affaires de ce marché n’a que très peu été touché par le renforcement des opérations de police contre l’industrie du chanvre. Le marché suisse du cannabis est un exemple classique illustrant comment la lutte contre la consommation et le trafic de cette substance peut entraîner l’effet non souhaité d’un profit criminel accru. Le cannabis reste une affaire très lucrative avec, en comparaison, un risque assez modeste de poursuites pénales – une réalité qui attire les criminels.
Source:ChanvreInfo
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