Plus votre taux d’alcool dans le sang est élevé, plus vous avez de chances d’avoir des avis politiquement conservateurs: c’est un des résultats de l’étude de quatre chercheurs de l’université de l’Arkansas parue récemment dans la revue scientifiquePersonality and Social Psychology Bulletin.
Les auteurs ont voulu tester l’hypothèse selon laquelle la «pensée à effort réduit», c'est-à-dire une «pensée qui nécessite peu de temps, d’effort ou de connaissances» promeut le conservatisme politique. En d’autre termes, ils ont voulu savoir si les conservateurs sont plus enclins à penser vite et de manière directe et si les personnes de gauche ont plus tendance à rechercher la nuance et la complexité.
Pour cela, les chercheurs ont effectué quatre expériences pour vérifier si certains facteurs qui réduisent le temps ou la capacité de réflexion influent sur leur tendance à approuver des idées conservatrices, associées selon eux à des idées telles que «l’importance accordée à la responsabilité personnelle, l’acceptation de la hiérarchie et la préférence du statu quo».
Ainsi, lorsqu’ils ont demandé leur avis à des volontaires sur des phrases comme «il ne devrait pas y avoir d’interférence gouvernementale dans la production et le commerce» ou «au bout du compte, la propriété privée devrait être abolie», les réponses ont eu tendance à être plus conservatrices quand elles étaient soumises à une pression de temps.
Autre expérience pour le moins étonnante, les chercheurs ont mesuré l’alcoolémie des clients d’un bar (en pondérant des facteurs tels que le sexe, l’âge, l’éducation et l’identification politique): plus leur taux d’alcool dans le sang augmentait, plus ils étaient politiquement conservateurs.
Conclusion: «Quand on perturbe l'effort de pensée délibéré mis en oeuvre pour répondre, les processus de pensée deviennent rapides et efficaces; ces conditions promeuvent l’idéologie conservatrice.» Le sens de cette phrase peut laisser perplexe, et beaucoup verront dans ces travaux un nouvel exemple d’étude scientifique «à la con» quigaspille l’argent du contribuable.
Mais Chris Mooney, auteur d’un livre intitulé The Republican Brain sur les différences psychologiques entre les personnes de gauche et de droite, affirme que si l’étude peut prêter à sourire, elle soulève une question importante, la possibilité que «l’idéologie politique ne soit pas simplement une question d’idées et de philosophie, mais aussi de caractéristiques psychologiques et de style cognitif». Cette hypothèse est d'ailleurs le sujet d'un corpus de recherches sérieuses de plus en plus important.
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