Dépénalisation du cannabis : Qui est pour ? Qui est contre ?

Le rapport de l'ex-ministre Daniel Vaillant qui préconise la « légalisation contrôlée du cannabis » embarrasse nettement la gauche.

Les députés PS préconisent la création d'une filière nationale du cannabis qui organiserait et gèrerait la production et la distribution de cette drogue, à l'image de ce qui est fait pour le tabac et l'alcool. Le groupe de travail, présidé par l'ancien ministre de l'Intérieur Daniel Vaillant explique qu'« il ne s'agit plus de prôner une abstinence illusoire mais de modérer la consommation des Français », peut-on lire dans le rapport publié mercredi après plus d'un an d'auditions. Ce débat sur la dépénalisation du cannabis fait en tout cas délier les langues des dirigeants politiques.

Ceux qui sont pour

Nicolas Hulot, candidat à la primaire écologiste pour 2012 : « Il ne faut pas qu'il y ait de sujet tabou » explique l'animateur de télévision qui souhaite que « l'argent mis dans la répression » aille à « l'éducation, la prévention ».

François de Rugy, élu écologiste de Loire-Atlantique : « Le trafic de drogue, c'est vraiment la plaie des quartiers, avec l'argent sale qui circule. On ne peut pas continuer à être dans l'inaction », estime le député qui se dit « pour la légalisation, à la condition qu'un contrôle des ventes soit fait dans les bureaux de tabac ».

Dominique de Villepin, ancien Premier ministre : L'ex-chef de file du gouvernement Chirac s'est prononcé pour la dépénalisation de l'usage du cannabis qu'il souhaiterait voir sanctionner d'une simple contravention, lors de l'émission Elections 2012, qui doit être diffusée jeudi.

Roland Muzeau, député communiste des Hauts-de-Seine, se dit « favorable à la dépénalisation de l'usage » du cannabis, mais considère que la légalisation « est un autre sujet ».

François Pupponi, député PS du Val-d'Oise, est « convaincu par les arguments de santé publique » développés par l'ex-ministre de l'Intérieur, Daniel Vaillant. « Si on peut limiter les trafics de drogue par l'encadrement, et ainsi éviter leur développement, ce sera un accompagnement d'une politique globale », veut croire le maire de Sarcelles.

Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à l'Assemblée, a estimé que la question d'une légalisation « contrôlée » du cannabis n'était « pas tranchée » et que, si la gauche revenait au pouvoir, elle organiserait une « commission de consensus pour essayer de dégager des solutions ». Le Maire de Nantes ajoute que « Daniel Vaillant a le mérite de poser les bonnes questions, pas de façon simpliste ».

Ceux qui sont contre

Manuel Valls, député maire d'Évry, considère que « l'idée de légaliser le trafic de cannabis n'a pas de sens. Cela va à l'encontre de mes valeurs, car la drogue crée une dépendance », se déclarant « fermement opposé » à cette mesure.

Bruno Le Roux, porte-parole des députés PS et proche de François Hollande, a déclaré qu'il n'était « pas un grand fan » de la dépénalisation du cannabis. « C'est un dossier sur lequel il n'y a pas l'unanimité » au sein des députés PS et il va y avoir « un début de discussion » à partir de la proposition de Daniel Vaillant.

Ségolène Royal, candidate à la primaire socialiste pour 2012 : Celle qu'on décrit comme une mère la pudeur s'est déclarée contre la dépénalisation du cannabis tant qu'on aura pas « prouvé qu'on a mis tous les moyens pour démanteler les réseaux ». « Je crois par ailleurs que si on dépénalise le cannabis, le trafic se fera sur des drogues plus dures », a déclaré la Présidente du conseil régional de Poitou-Charentes qui a ajouté « Nous n'avons aucune garantie, aucun exemple dans d'autres pays » qui démontre qu'en « dépénalisant le cannabis, on diminue la consommation ».

Claude Guéant, ministre de l'Intérieur, est plus radical : « Ce n'est pas parce que la lutte contre les stupéfiants est difficile qu'il faut l'abandonner. Ne nous y trompons pas : si la consommation est dépénalisée, elle augmentera car son accès sera plus facile ».

Christian Jacob, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, a annoncé être « totalement opposé à la dépénalisation des drogues douces »avant d'affirmer que « ce n'est pas parce que vous avez fumé un joint que vous allez obligatoirement passer aux drogues dures. En revanche tous les gens qui sont consommateurs de drogues dures ont toujours commencé par ces drogues dites douces ».

Jean-Pierre Chevènement, président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC) a estimé que la « légalisation contrôlée » du cannabis serait un « signal désastreux ». Pour le Sénateur du Territoire de Belfort : « Il y a des résines de cannabis qui sont aussi dures que les drogues les plus dures, et après le cannabis, nous aurions des trafics de cocaïne, d’héroïne, et vous ne changeriez pas les moeurs des trafiquants, des dealers qui empoisonnent nos cités ».

Aubry ne prend pas position

Martine Aubry, qui n'est pas officiellement candidate à la primaire, a quant à elle préféré rester dans le flou, en se disant favorable à « un grand débat », estimant qu'il s'agit « d'un sujet trop sérieux pour qu'on prenne des positions tranchées ».


[Source:Francesoir]

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire