Cette fin Août 2012, nombre des médias français – n’ayant pas grand chose à se mettre sous la dent en cette période estivale - se font écho d’un fait divers qui s’est déroulé à La Tronche, au nord de Grenoble dans l’Isère. Un individu s’adonnait à la culture de cannabis au milieu de plants de tomates. Les quantités saisies ne sont pas probantes pour ce qui est de prouver un éventuel trafic : tout laisse à penser que cette affaire reflète un cas d’activisme chanvrier et de consommation personnelle (lire article du DL : http://www.ledauphine.com/isere-sud... ). Mais ce département français fait déjà l’objet d’une attention policière et administrative particulière du fait de certains faits criminels et d’une monté de violence sans précédent (surtout instrumentalisé par les médias et le pouvoir en place). Le parachutage d’un ancien patron de l’antigang en tenue de préfet, laisse comprendre la volonté des autorités à vouloir juguler ce phénomène. Or, cette banale affaire de cannabis tronchois a été montée en boucle par les médias. De nombreux sites d’infos vous prouveront qu’il se produit des centaines de cas similaires chaque années en France (par exemplehttp://www.alvinet.com/actualite/ar... ). Du coup, sous les projecteurs médiatiques, les gendarmes locaux se sont sentir le devoir de « mettre le paquet » pour enquêter au sujet d’une simple affaire de cannabis qui semble témoigner d’un phénomène culturel expansif qui dépasse les autorités. L’enjeu est double : d’une part, montrer au préfet et aux statistiques qui remontent à la direction parisienne, que les membres de l’ordre sont actifs et présent sur le front. D’autre part, il est question aussi d’impressionner les contrevenants et de pouvoir ainsi juguler une pratique culturelle qui se met discrètement en place. C’est avec un hélicoptère spécialisé dans la recherche de stupéfiants (caméra sensible en haute définition), que les gendarmes sont allés visiter après coup, les jardins environnants à celui qui fut débusqués. Loin de découvrir des parcelles entières recouverte de cette plante interdite, les gendarmes ont quand même constaté plusieurs fois la présence de quelques pots sur des balcons ou plantes en terre ferme dans les jardins. Une méga enquête est en cours plus afin d’estimer l’ampleur d’un phénomène qu’ils découvrent culturel que de nuire aux différents planteurs amateurs. Car la Tronche, finalement, est la ville de l’agglomération grenobloise qui pose, et de loin, le moins de problèmes en terme de délinquance et de criminalité. C’est un petit village au bord d’une grande ville, un lieu où il est agréable de vivre et ou tous finissent par se connaitre et se parler. C’est devenu depuis peu, une cité de la classe moyenne qui y investi car le microclimat est excellent (on surnomme ce lieu le « Petit Nice »), le cadre de vie idéal (au pied d’une forêt et avec une vue générale sur la chaîne de Belledonne et le Vercors) le tout sans industries bruyantes et polluantes. Il n’y a aucune cité à problème et la jeunesse y est en principe respectueuse et bien intégrée. L’Etat français, en guerre ouverte contre cette plante, fait tout pour salir l’image du cannabis et l’associer au crime et à l’immoralité. Il fait tout aussi, pour juguler et limiter une pratique qui tend gravement à se généraliser afin de lui garder un aspect marginal. Car si elle finissait par être reconnue culturelle, cela ouvrirait des droits d’exception auprès de la Convention Unique sur les Stupéfiant de la Haye (1961) qui réglemente la culture et la production de trois plantes : pavot, coca et cannabis. Or, les gendarmes ont peur de découvrir que dans les communes limitrophes de la Tronche, comme Corenc, Meylan et St Ismier - qui forment le « Neuilly Grenoblois » et ou résident toute l’élite de la région - le phénomène de culture cannabique s’y développe avec la même intensité. Ironie de l’histoire, c’est en ces lieux qu’en 1789, Claude Périer, marquis de Vizille, fit pousser quelques milliers d’hectares de cannabis afin de le confectionner en cordes et textiles par la ramification d’une véritable industrie (Les Textiles de Voiron). Le textile voironnais était revendu par ce même Claude Périer en Angleterre et dans le Nouveau Monde ou il était réputé et recherché pour sa finesse et sa qualité. Pour plus d’information sur ce personnage et le rôle du chanvre à cette époque dans la région grenobloise, lire « L’Encyclopédie du cannabis » (http://issuu.com/encyclocanna). Quand on connait l’Histoire de la révolution française et du rôle précurseur de la région grenobloise à son sujet, on peut apprécier toute la force de la symbolique exprimée par la situation. La gendarmerie est en première ligne pour prouver aux décideurs parisiens d’une part la naissance et consolidation d’un phénomène culturel, et d’autre part, que la façon actuelle de lutter contre cette plante est stupide et disproportionnée. A moins de monter encore d’un cran dans la répression : à savoir persécution systématique des consommateurs, création de camps de concentrations pour les parquer, abandon du respect de la vie privée, créations de prisons privées, … choses dont certains rêvent mais qui sont impensables encore aujourd’hui, Dieu merci ! Pour finir, c’est le coté réaction des tronchois concernés par cet affaire qui m’a poussé à écrire cet article : de toutes parts, j’y ai entendu : « ils font chier ! », « ils nous cassent les (censurés) ! », ‘Y’en a marre ! ». Comprenez que ce n’est pas d’un soutient au cannabiculteur qui s’est fait attraper en premier lieu dont il est ici question (en fait, ils auraient plutôt des rancunes à son égard), mais d’une révolte, d’un raz-le-bol, face à l’extension des recherches aux autres parcelles. L’ampleur de la répression se dote psychologiquement de moyens militaires – financés avec notre argent (impôts) et se retournant contre nous même - mais loin d’affoler et de démoraliser les petits planteurs en herbe, pousse à la colère. La classe moyenne est déjà la plus mise à contribution, si en plus, on la criminalise … ! Il se pourrait que cette affaire du cannabis tronchois connaisse d’autres répercussions et face encore parler d’elle dans quelques temps. Quand à la gendarmerie française, ses membres sont divisés sur la question du cannabis : une partie joue à fond le jeu de la répression (et de la promotion), une autre pense qu’ils ont d’autres priorités bien plus inquiétantes et ne lutte réellement contre le cannabis que lorsque qu’ils font face à une structure réellement criminelle qui l’exploiterait. Ils peuvent exercer une certaine résistance si on leur demandait de persécuter les clubs de jardiniers amateurs bobo. Chose alors inattendue, l’idée d’une certaine libération du cannabis pourrait être colportée au sein même des forces de police. En fait, cela n’est pas si surprenant que cela : les polices sont au cœur même de l’actualité et grâce à leurs archives, sont à même de comprendre ce qu’il s’y passe réellement. Et ils finissent – sans pour autant cautionner le coté drogue de cette plante – par adopter les mêmes points de vues que les anti-prohibitionnistes. La tendance actuelle d’une idée de libéralisation serait celle de la « légalisation contrôlée » défendu par Mr Caballero … un ancien procureur de la République ! » D’habitude, je signe mes billets, mais dans le cas présent, je préfère rester anonyme ! Il y a encore une enquête en cours et vous serez étonnés d’apprendre toute l’attention particulière que vous adressent les polices françaises qui représentent assurément votre groupe de lecteurs le plus assidu ! Un Tronchoi Source:chanvre-infos
1 commentaires:
Je suis Meylanais et je suis tombé par hasard sur cet article, que j'ai adoré;)
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