Policiers et trafic de stupéfiants: trois cas de corruption

Le directeur adjoint de la PJ de Lyon a été interpellé ce matin, dans le cadre d’une enquête pour corruption et trafic de stupéfiants. Ce n’est pas le premier fonctionnaire à être soupçonné d’avoir été mêlé à un trafic de drogue.


Ce matin, le n°2 de la PJ de Lyon, Michel Neyret, a été placé en garde à vue dans le cadre d’une enquête pour corruption et trafic de stupéfiants, a révélé Europe 1. D’autres policiers et même des magistrats pourraient être impliqués dans cette affaire qui aurait des liens "avérés avec le grand banditisme". Les bœuf-carottes de l’IGS (inspection générale des services) auraient interpellé l’homme à son domicile à 6h du matin, ainsi que son épouse. L’adjoint à la Direction interrégionale de la PJ de Lyon aurait été placé sous écoute.

L’enquête portait sur un trafic de stupéfiants, et le policier se serait laissé corrompre. "C’est un coup énorme pour la PJ. Cet homme a un passé exemplaire. C’est quelqu’un d’admirable. Je ne peux pas y croire. Cela ne peut-être qu’une cabale menée contre lui", a déclaré un policier lyonnais à 20 Minutes. "Michel Neyret a toujours été un poulet qui mouillait sa chemise. Il n’hésitait pas à aller au contact avec des voyous pour sortir des affaires. C’est un policier qui connaît le terrain", a ajouté un préfet, ancien commissaire de police, cité par Le Figaro. Pour Le Monde, d’après certaines sources, l’affaire était traitée dans la plus grande discrétion par l’IGS et la JIRS (juridiction interrégionale spécialisée) depuis plusieurs semaines. L’enquête porterait sur un trafic international de stupéfiants.

Cette affaire peut rappeler d’autres faits divers impliquant des fonctionnaires de police, qui, contrairement aux citoyens lambda, cumulent deux avantages : ils sont quasi-insoupçonnables et peuvent avoir accès à la marchandise au bureau. En voici trois récents.

Les policiers des stups qui se servaient dans les scellés

C’est l’histoire d’un garagiste à la retraite qui rencontre un ferrailleur toxicomane, en 2006. Le garagiste connaît un policier des stups d’Orléans, Olivier Nicolle, par ailleurs champion de France de course de côtes. Visiblement intéressé par cet état de fait, le ferrailleur demande étrangement à son nouvel ami si le brigadier peut lui fournir "du shit". Oui, il peut. Il se sert dans l’armoire à scellés, et, avec un collègue, Eric Gil, commence ainsi à vendre diverses saisines destinées à la destruction, notamment dans le milieu des courses automobiles. Pour ne pas que ça se voie trop, ils remplacent discrètement le « matos » par du chocolat ou du plâtre. Un jeu d’enfant. "C'était facile, entre midi et deux on avait la clé", a expliqué Olivier Nicolle par la suite.

Les affaires marchent bien, jusqu’à ce qu’un beau jour, le véhicule d’un de leurs livreurs soit fouillé, ce qui provoque le déclenchement d’une information judiciaire, qui mettra en lumière les agissements des brigadiers et du garagiste à la retraite. Celui-ci estimera avoir écoulé, en l’espace de deux ans, 150 kg de cannabis, 30 d’héroïne et 2 de cocaïne. En janvier 2009, les deux policiers de la brigade des stups d’Orléans sont donc mis en examen pour "détention, cession et offre de stupéfiants, association de malfaiteurs en vue de commettre des délits, vol aggravé et bris de scellés". Les ripoux ont écopé de 7 ans de prison.

L’ex numéro 2 des stups de Strasbourg et ses indics-dealers

François Stuber, un ancien capitaine de la brigade des stupéfiants de Strasbourg, s’est vu infliger 10 ans de prison, en novembre 2008, pour trafic de drogue. Accusé d’avoir détourné des scellés (héroïne, cocaïne, cannabis, Subutex, amphétamines), entre 2003 et 2007, il a été dénoncé par sonpropre indic, qui voulait en finir avec "cette vie de chien", comme le raconte Rue89. En 2002, Stuber s’associe avec le jeune homme et le charge d’écouler la marchandise, c’est-à-dire les saisines. Aucun risque de se faire prendre : c’est François Stuber lui-même qui est censé les détruire. Par acquis de conscience, il remplace quand même la drogue volée par de la paille (pour le cannabis) ou du Doliprane.

Lorsque le jeune dealer a raconté cette histoire aux douaniers dont il était l’indic, en 2007, ceux-ci ont eu du mal à le croire. Car le policier avait la réputation d’être un "bon flic, travailleur, un chasseur". Le capitaine a tout de même été mis sur écoute par l’IGPN, qui découvre qu’il a monté en grade ses indics : ceux-ci sont devenus revendeurs… La maîtresse du policier, Laurence Hamon, greffière, est elle aussi dans le coup. C’est chez elle que la drogue est stockée avant d’être reconditionnée pour être mise sur marché. Elle a écopé de neuf ans de prison. Lors du procès, l’ex n°2 de la brigade des stups a reconnu tous les faits qui lui étaient reprochés, sauf la mise en place d’un trafic depuis les Pays-Bas.

Le policier municipal qui vendait du cannabis et de la cocaïne depuis des années

Jamais pendant le service. Ce devait être la devise de Régis, ce policier municipal de Mantes-la-Jolie, qui a reconnu avoir régulièrement vendu de la drogue pendant cinq ans. Ses clients, eux, ont affirmé qu’il les fournissait en cannabis et cocaïne depuis dix ans. "Il ne mélangeait pas le genre. Il ne négociait ces transactions illégales jamais lorsqu'il était en service. Et c'est sans doute pour cette raison qu'il n'a pas été démasqué avant", a expliqué une source au Parisien. C’est une connaissance de Régis qui a alerté les enquêteurs de la sûreté départementale des Yvelines. C’est aussi son train de vie tapageur qui a mis la puce à l’oreille.

"La ville est en vigilance permanente quant à son personnel. Dès que les soupçons concernant cet agent ont été avérés, elle a d'ailleurs été à l'origine du processus qui a conduit à son interpellation", a indiqué le maire (UMP), Michel Vialay, au Parisien. Les policiers de la brigade des stups découvrent que l’homme, qui prend les commandes au téléphone et achète jusqu’à 1 000 euros de stupéfiants par mois, deale à une dizaine de clients. Le fonctionnaire est pris en flagrant délit en décembre 2010, avec 200 gr de cannabis et 50 de cocaïne. Le tribunal, à qui il avait expliqué vouloir "mettre un peu de beurre dans [ses] épinards", l’a condamné à 18 mois ferme.

Eléonore Quesnel

Source: Les inrocks

1 commentaires:

L'IGS n'est compétente que pour la préfécture de police de Paris. Sur le reste du territoire français, c'est l'IGPN qui se charges des enquêtes internes... Merci de réctifier

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