Moi, Antoine, 19 ans, je fume du cannabis régulièrement

Cannabis, image d'illustration (ALFRED/SIPA)
Cannabis, image d'illustration (ALFRED/SIPA)

Un tiers des 15-16 ans ont déjà fumé du cannabis, et alors ? Ce chiffre ne m’étonne pas du tout. J’ai 19 ans et dans ma tranche d’âge, je pense qu’ils sont nombreux à avoir tenté l’expérience.

Mon premier joint, je l’ai fumé quand j’avais 15 ans. C’était avec des cousins lors d’une soirée. À aucun moment, je n’ai hésité. Tout le monde en parlait, tout le monde le faisait, tout le monde me disait "c’est génial", alors j’ai eu envie de me faire ma propre idée.

Résultat : aucun effet. Alors j’ai continué…  Au bout d’un moment je me suis senti relaxé et euphorique. C’était agréable et je ne regrette pas.
Je ne fume que dans certaines occasions, essentiellement en soirées. Seul, c’est comme l’alcool, je trouve ça glauque et ça perd tout son intérêt.

Quand on en a envie, mes amis et moi, on s’en achète. Au début, quand tu veux t’en procurer, tu flippes forcément, tu te dis que tu vas te faire coincer par les flics. Ça ne m’est encore jamais arrivé. Aujourd’hui, j’essaye d’être plus prudent en passant par des potes.

Essayer ce qui est interdit

Je fais ma scolarité dans un internat et entre camarades de classe, c’est quelque chose qu’on évoque sans problème : "Est-ce que tu en as ?", "Est-ce qu’elle était bonne ?" Je pense qu’aujourd’hui, il est beaucoup plus facile d’en parler sans être gêner. En pension, c’est l’une de nos activités principales. Ça fait passer le temps quand on s’ennuie. L’idée, c’est vraiment de partager et de s’amuser entre potes. Et puis, on aime bien le côté illégal : si on se fait choper, on risque d’être renvoyer de l’établissement.

À l’école, nous avons déjà été alertés sur les effets des drogues, mais ça ne m’a pas stoppé pour autant. C’est un peu comme l’alcool et la cigarette, tu sais que c’est mauvais pour la santé, tu connais les dangers, mais tu le fais quand même.

Tout est une question d’âge. À 15 ans, tu as envie d’expérimenter, d’essayer tout ce qui est interdit. Ce qui est prohibé devient par essence bien plus attractif. Mes parents savent que je fume des joints, mais ils ne me disent rien. On évite juste d’en parler et j’essaye de rester le plus discret possible. De toute façon, si un jour ils décidaient de réagir et de me l’interdire…  je continuerai malgré tout.

Un jour, j’ai testé la coke. Une expérience que je ne réitérerai pas, c’est bien trop dangereux. Je n’ai pas envie que mon comportement change du tout au tout. Avec le cannabis, je prends moins de risque, j'ai l'impression d'être maître de moi et puis j’en préfère aussi les effets.

Dépendant ? Jamais.

Il  m’arrive de ne pas consommer pendant 8 mois, et parfois au contraire je suis capable de fumer 2 ou 3 joints par jour. Ça dépend de mon état, de mon envie et aussi de mon portefeuille, car ça coute cher et parfois vous n’avez pas envie de dépenser tout votre argent de poche pour ça.

Je pense qu’il y a bien plus de préventions sur les risques de la consommation d’alcool, qu’il n’y en a sur le cannabis. Personnellement, j’ai l’impression de prendre moins de risque quand je fume un joint que quand je bois. Je ne risque pas de faire un coma éthylique, et de toute façon j’évite de faire des mélanges. Ce genre de scénario se finit souvent mal.

Est-ce que je suis dépendant ? De la cigarette, oui, sans hésitation. En revanche, parce que je ne suis pas un grand consommateur, je suis persuadé que je pourrais arrêter ma consommation de cannabis du jour au lendemain. Je n’en ai juste pas envie.

Propos recueillis par Louise Auvitu

Source : Le+nouvelOBS

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