Cannabis : Les jeunes Français, rois du pétard

Par MICHEL HENRY
Publiée jeudi, une étude européenne montre une forte hausse de la consommation de cannabis chez les 15-16 ans en France, ce qui sonne comme une Berezina pour la politique ultra-répressive menée sous Sarkozy, et devrait inspirer au nouveau gouvernement un changement de stratégie.
Cette enquête (1) montre que, en 2011, 39% des 15-16 ans déclarent avoir consommé au moins une fois au cours de leur vie du cannabis. Un chiffre en hausse : en 2007, ils n'étaient que 31%. La moyenne européenne est à 17%.
Autre indicateur : l’usage dit récent (dans le dernier mois) est lui passé de 15% à 24%, ce qui fait des Français les premiers usagers récents parmi les jeunes Européens (ils n'étaient que troisièmes en 2007). Leur usage récent est le triple de la moyenne européenne (7%). Sur l’alcool et le tabac, la consommation est également en hausse.
Que faut-il en conclure sur le cannabis ? Ce que l’on savait déjà : que le niveau de consommation ne dépend pas de la sévérité de la répression.
Soit l’inverse de la croyance que la MILDT (Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie) a développée sous la présidence d’Etienne Apaire, et qui a conduit à une politique, depuis 2007, visant à réaffirmer l’interdiction de la consommation, pour la faire baisser. Durant le quinquennat, les interpellations d’usagers ont donc plus que doublé : on en est à environ 130 000 par an. Pour quel effet sur la consommation ? Aucun, donc.
On attend désormais de savoir quelle politique le gouvernement va mener en la matière. Etienne Apaire vient de quitter ses fonctions, et le poste à la tête de la MILDT n’a pas encore été pourvu.
Le candidat Hollande avait redit pendant la campagne son attachement à la notion d'«interdit» - dont on voit pourtant qu’elle est obsolète. Il avait refusé la proposition de son conseiller à la sécurité François Rebsamen, qui suggérait de punir la consommation de cannabis d’une simple contravention, au lieu de la peine maximale d’un an de prison prévue par la loi de 1970.
La gauche est prisonnière d’une approche idéologique de la question : elle a peur d'être taxée de laxisme. Or, en matière de drogues, ce n’est pas l’idéologie qui doit prévaloir, mais le pragmatisme, autour de trois objectifs : la santé publique, l’ordre public, les libertés individuelles. Peut-être la lecture de cette étude lui fera-t-elle changer d’avis ?
Source:Liberation

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