Cognac : le chanvre prêt à renouer avec un glorieux passé

Antenne nature loisirs patrimoine remet en lumière le potentiel d'une plante oubliée.

Le jardin de Fernande Jolliet, au bord de l'Antenne, était une ancienne chevrière.

Le jardin de Fernande Jolliet, au bord de l'Antenne, était une ancienne chevrière. (Photo Ph. M.)


L'histoire du chanvre est stupéfiante. Compagnon inséparable du quotidien de nos ancêtres, il a été relégué aux oubliettes par le lin et le coton, condamné pour cousinage avec des usages psychotropes. Pour retrouver aujourd'hui la lumière grâce à ses nombreuses et très naturelles qualités.

L'association Antenne nature loisirs patrimoine (ANLP) vient de lui consacrer un petit recueil simple et bien fait, basé sur une exposition présentée à la médiathèque de Cherves en 2008. Cherves, ou Charves-de-Cougnat, dont le nom découle en droit fil du mot chanvre. Tout comme, pour rester dans la région, Font-de-Cherves (Royan), la Chervie (Nieul), les Chéneveaux (Clérac) ou encore Le Roinsour, à Saint-Georges-de-Didonne.

« Tout le monde avait besoin de chanvre. Cela servait pour les vêtements, le linge, les sacs, les cordes », rappelle Fernande Jolliet. L'ancienne directrice des écoles de Javrezac et sa complice Marie-Claire Tournerie ont porté le travail de recherche mené par ANLP.

Parcelles familiales


Les racines démarrent huit millénaires avant notre ère, le chanvre faisant partie des premières plantes cultivées par l'homme. Les Scythes s'en servent pour des vêtements, 450 ans avant notre ère, les Chinois l'utilisent comme papier 350 ans plus tard. Au XVe, c'est sur du papier de chanvre que Gutenberg imprime sa première bible.

Autour de Cognac, la production est restée à usage familial. De vieilles cartes montrent des bandes d'une dizaine de mètres de large, tout en longueur, partant de l'Antenne, où chaque foyer venait cultiver la plante. « On ne produisait même pas assez de chanvre pour les bateaux sur Cognac », note Fernande Jolliet.

À Rochefort, pendant l'âge d'or de la marine à voile, un bateau engloutissait à lui seul 70 tonnes de chanvre en voile, cordage, vêtements, étoupe… La concurrence du chanvre de Manille, au XIXe, et l'éclosion d'autres matériaux plus faciles à produire entraînèrent un inexorable déclin.

Multiples qualités


Le coup de grâce fut donné par la parenté entre le « cannabis sativa L. », inoffensif, et le « cannabis indica L. », chargé de la molécule Tetra-hydro-cannabinol, ou THC, qui a la réputation de faire rire, et qui est surtout illégale. Fernande Jolliet regrette toutefois que les tares de cette dernière nuisent à un usage médical qui a fait ses preuves.

Elle est convaincue de l'avenir de la plante. « Le chanvre est très écologique, non seulement il ne pollue pas, mais en plus il dépollue les sols. Il est biodégradable, très léger. Dans la construction, c'est un matériau extrêmement sain et naturel pour l'isolation », mentionne-t-elle. Bâtiment, textile, papier, plasturgie, médecine, cosmétique, agriculture, les débouchés ne manquent pas. Des techniques ont été développées pour rendre la culture moins coûteuse, notamment du côté de Melle. En Charente, la sauce n'a pas pris, mais ANLP ne désespère pas de voir la tige à sept feuilles reconquérir un jour les rives de l'Antenne.

Source:SudOuest

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